"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

vendredi 23 décembre 2011

Ils sont fous ces British (2)

L'autre jour j'étais dans un resto, aux toilettes.
Il faut savoir que les toilettes dans les lieux publics, au Royaume-Uni, c'est sacré. Je pense pouvoir me risquer à une généralisation encore plus générale en parlant des lieux publics généralement. ! Dans les restos, ici, les toilettes - the loo en VO, prononcer louw - sont propres. Et ça ne s'arrête pas là ! En fait elles sont propres, systématiquement, et on y trouve tout à profusion ; du basique : papier toilette, savon, serviettes en papier, sèche-mains ; ainsi que du moins basique : crème hydratante, parfums, mouchoirs en papier. Et on y trouve surtout cet élément qui revient partout dans les lieux publics tels que le métro ou les trains : un numéro de téléphone sur un petit écriteau indiquant qui contacter en cas de mauvais état des lieux... Parfois, en bonus, il y a un autre numéro, celui à contacter si l'on est témoin de vandalisme dans ce lieu public. Tout de suite les spots "Catch a looter" appelant à dénoncer les vilains délinquants lors des émeutes de Londres cet été prennent tout leur sens...

Dans la quête ultime de respect de l'ordre à tout prix, s'il y a un autre point sensible au Royaume-Uni il s'agit bien des queues.

Premier Tableau :
Cet été, à la gare, à Londres, je désirais prendre un billet de train pour me rendre à l'aéroport.
La première règle de survie à connaître, c'est qu'au Royaume-Uni il vaut toujours mieux éviter d'acheter ses billets (quels qu'ils soient) sur place et toujours privilégier l'achat sur internet, qui sera systématiquement ridiculement moins cher.
La deuxième règle de survie c'est qu'obtenir le bon billet sans aide relève de l'épreuve olympique, car il faut s'y retrouver entre l'heure de pointe, l'heure pas de pointe, les billets très à l'avance, et, comble du comble, même pour des trajets d'une demi-heure, type RER ou train de banlieue, il faut spécifier l'horaire exact du train (voire bus) que l'on va prendre et prendre le train correspondant sous peine de devoir racheter un billet.

Partant de ces deux principes, il en résulte de manière directe et irrévocable que l'usager a toujours tort, et qu'il se fera toujours avoir. S'il est prévoyant et fait ses achats sur Internet à l'avance, il risquera très fortement de ne pas prendre le bon billet, et s'il est à l'arrache, il paiera ses billets plus du double et sera très souvent en retard de toutes façons à cause de l'heure et demi de queue au comptoir qu'il n'avait pas prévue...

Nous en revenons tout naturellement à cette belle journée ensoleillée où je souhaitais me rendre à l'aéroport et m'y étais pris plus de quatre heures à l'avance pour éviter toute mauvaise surprise (j'ai fini par rater mon vol, of course). J'arrive à la gare et mets quinze minutes à trouver le comptoir de vente des billets de train pour Gatwick. Trois vendeurs pour toute la gare, bah voyons... Au moins ici le concept de file unique est à peu près bien assimilé, ce qui optimise le temps d'attente. Pour organiser cette queue, il y a des petites rambardes organisées en escargot, et comme à l'aéroport, on peut en décrocher le ruban pour se glisser à l'intérieur. Bien sûr, quand je trouve enfin le guichet, Loi de Murphy oblige, j'arrive dans le sens opposé à celui de la file d'attente, mais le dernier segment de l'escargot est totalement vide, personne n'y fait encore la queue. Alors dans ma quête perpétuelle de l'optimisation et histoire de m'économiser 23 pas, au lieu de faire le tour, aller jusqu'au bout, entrer dans l'escargot et revenir, je me contente d'arriver du côté opposé, d'ouvrir le ruban détachable et de me glisser dedans ni vue ni connue... Sauf qu'à ce moment précis, au niveau de la *vraie* entrée, une dame d'un certain âge surgit du néant, et me voyant OSER gruger, elle se met à courir pour prendre la place qu'elle estime être sienne, juste devant moi, parce qu'elle, elle est entrée du bon côté... Elle me dévisage du regard tout en me devançant et me lance un implacable "you were cheeting", injure suprême au pays du Name and Shame... Sur le moment, je n'avais pas tout compris, car d'où je viens, on laisse passer les personnes âgées de toutes façons...



Second Tableau :
À l'aéroport (comme souvent), récemment, je souhaitais acheter quelques friandises et à manger dans une boutique. Il y avait la queue à la caisse, alors je l'ai faite car j'ai bien compris qu'on ne rigolait pas avec ça ici. Mon tour arrive, je dépose mon gobelet plein de bonbons et deux sandwiches. "Heyya.. Did you neeeed a baaag?" me demande le vendeur.
Une fois n'est pas coutume, je réponds que oui, parce que mon sac à main croule déjà sous le poids de mon laptop, de son alimentation et des deux adaptateurs dont j'ai besoin pour la brancher au prises anglaises. Il me facture le sac une livre et me le tend avec les 2 sandwiches dedans pendant que je tape mon code de carte bleue, alors que le gobelet reste sur le comptoir. Je lui demande s'il peut également le glisser dans le sac tout en me demandant pourquoi diable il ne l'avait pas fait... Il reste figé, je récupère ma carte bleue, prends mon sac et le gobelet qui était resté sur le comptoir et m'éloigne en cherchant l'arnaque et recomptant mentalement combien j'aurais dû payer car malgré le sac plastique à une livre je trouve m'en être plutôt bien tirée... Le gobelet ! Je vérifie sur le ticket de caisse, et comme je le soupçonnais, les bonbons n'y figurent pas ! Bon sang de bon soir ! Dans l'émotion je retourne sur mes pas et assaillis la vendeuse juste à côté, que je trouve libre, et lui dis en vrac que son collègue vient d'oublier de me facturer un article. Elle me répond sec d'attendre mon tour et m'envoie valser dans la queue... Je m'exécute en contenant ma rage et ravalant mes mauvais sentiments car NON je ne mangerai pas des bonbons volés ! Cinq minutes et deux clients plus tard, c'est enfin mon tour, à nouveau, et je demande à la vendeuse calmement si elle se rend bien compte qu'elle vient de m'ordonner de faire la queue pour que j'offre généreusement de corriger l'oubli de son collègue et payer un article pour lequel j'avais DEJA fait la queue. Elle balbutie et ne semble pas comprendre la partie où je parle de doublon, mais saisit en revanche assez bien le passage où je lui file 3 livres supplémentaires qu'elle encaisse naturellement....

samedi 10 décembre 2011

Ils sont fous ces British (1)

C'est pas du jeu !
Ça fait trois mois que je suis ici et je ne vous ai fait part d'aucune des spécificités locales qui font le charme du Royaume-Uni....

Au bureau.

Au bureau, les Anglais travaillent.
Je ne travaille pas avec suffisamment d'Anglais pour vous raconter la façon dont ils travaillent, mais ce qui est clair, c'est que contrairement à l'autre côté du canal, ici sur l'île il n'y a pas de pauses café conventionnelles, genre celle de 10h ou celle après le déjeuner où tout le monde se retrouve de façon conviviale autour de la machine à café pour raconter son weekend ou polémiquer sur les dernières sorties ciné. Aucun endroit donc pour claquer la bise et taper la discute sur la nouvelle coupe de cheveux d'Untel ou les derniers ragots sur UneAutreTelle. En fait si, mais cet endroit s'appelle le pub, et les gens le fréquentent après le boulot pour y boire des pintes et raconter des blagues dans le flegme et l'ambiance qui s'imposent.

Il reste la pause déjeuner.

En fait beaucoup de mes collègues déjeunent à leur bureau, des tartines ou de la nourriture en tupperware (c). Il faut dire que même s'ils avaient la témérité de déjeuner à la canteen - comme les plus vaillants parmi lesquels je suis fière de compter - ils auraient droit aux tartines chutney/chicken ou cheddar/letuce, ou à des plats plus traditionnels tels que le haggis, ce plat écossais (ci-dessous) mieux connu en France sous le nom de "panse de brebis farcie" pour reprendre Wikipedia, ou le curry indien qu'on ne présente plus (et qui est bien souvent la "valeur sûre" de la cantine).
On n'a peut-être pas droit au stand pizzas des bureaux de Clamart, mais ici, nous avons droit à l'ascenseur du futur - the lift of the future! L'ascenseur du futur c'est quoi d'abord ?

Déjà il faut noter que nos bureaux sont situés dans un parc scientifique au milieu d'un village à vingt minutes d'Oxford en prenant la nationale, et que le bâtiment où nous sommes installés compte un rez-de-chaussée et deux étages... et deux ascenseurs pour rejoindre les étages supérieurs. Vus comme ça, c'est un peu incongru.
Surtout quand on sait que ce sont des ascenseurs qui parlent. Ils, enfin ELLES parlent, d'une voix claire et dans un anglais britannique parfait. Elles disent "Gueuyingue eup. Dôeuz cloeuzine. Ding. Feust flôeu. Dôeuz oeupeuningue. Gueuyine daeun." (si si je vous jure)
Alors je veux bien croire que ces ascenseurs sont là pour les aveugles, mais quand bien même au boulot ils pourraient rejoindre leurs étages j'ai toujours du mal à comprendre comment ils feraient pour rejoindre le boulot... Enfin toujours est-il que du coup on n'a pas d'aveugles au boulot, mais on a deux ascenseurs qui parlent !