"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

mardi 31 août 2010

La reprise

Après des heures à poireauter dans des aéroports, après des heures à essayer de dormir dans des avions, après des heures à traîner des énormes valises, je suis de retour à Barranca.

La ville me paraît moins chaude, j'ai l'impression qu'on est en automne en quelque sorte, les gens ne transpirent plus comme des bêtes tout autour ; je dis les gens car je ne transpire pas moi, jamais, simple fact, j'ai limite envie d'enfiler une petite laine pour sortir et je n'ai plus besoin de choisir entre la chaleur ou le tapage nocturne de la clim' pour dormir puisque j'aurais presque besoin d'une couette. Pour info on est à 30 degC et 75% d'humidité.

Pour ce qui est du retour en Amérique latine, la transition est rude. Google me nargue en étant repassé en espagnol, tandis que j'ai calé quelque part entre le franpagnol et le spanglish. J'ai eu envie de pleurer en entendant les premières notes de vallenato à l'atelier (c'est d'autant plus dur après un weekend de festival de rock), mais heureusement les avocats locaux sont là pour me redonner l'espoir de vivre, enfin quand j'aurai mis la main dessus au supermarché !

L'appart' s'est vidé, nous ne sommes plus que deux à y vivre, j'ai à présent une chambre pour moi toute seule, avec armoire (ce n'étais pas le cas avant). J'ai retrouvé ma douche cold-water-only et compte bientôt exiger l'eau chaude à mes chefs : prendre une douche froide par 30degC c'est un truc à me refiler la crève d'emblée !

Lors de mon absence l'activité s'est densifiée et je pars dès demain pour un puits.

Pour tout de suite, il me reste encore à me ré-acclimater à mon fuseau horaire, alias "no man's land" et à dormir, après une longue journée de reprise passée debout à travailler à l'atelier. Souriez, c'est la rentrée !

lundi 30 août 2010

entre deux vols

Je suis dans ce grand hall d'aéroport, qui a le mérite d'être presque accueillant avec son haut plafond orange et sa vue panoramique sur un beau ciel bleu estival, mais ne dispose toutefois pas du wifi, ou plutôt si, mais à un prix que je ne veux pas payer le jugeant exorbitant.

Alors pour m'occuper, trop fatiguée pour lire et pas assez pour m'assoupir, je regarde les gens autour.

Certaines personnes oublient parfois le sens de l'expression "espace public" et laissent, à mon plus grand amusement, transparaître un pan du "moi secret" coutumièrement dissimulé avec soin par chacun de nous.

Alors que des gens dorment profondément, en position fœtale, sur des sièges mi-nylon mi-métal, d'autres s'affairent à avaler un sandwich jamón-queso, plus comme s'il en relevait d'une question de vie ou de mort que pour savourer un mets des plus communs en terre ibérique.

Ça me fait penser à cet épisode d'hier soir, dans le métro parisien. Autre décor, autre population, même constat.

Ligne 10, plus remplie que d'habitude, du coup moins intimiste à mon goût, mais c'est une autre histoire. Le métro avance, de sa cadence mesurée, au rythme des ouvertures de portes et coups de klaxon de leur fermeture, éclairant les passagers de ses traditionnels néons blancs jaunasses transformant le plus travaillé des bronzages en un vulgaire teint blafard maladif. Les usagers sont là, assis amorphes, repensant à la plage et à l'été qui s'achève, ou préparant dans leur tête la liste des courses du soir, ou juste là physiquement, ayant éteint leurs neurones par économie d'énergie.

On est à Mabillon, et le klaxon retentit, marquant la fermeture imminente des portes. Personne n'y prête aucune attention, c'est à peine s'il nous fait encore mal aux tympans ce bruit pourtant franchement hideux, et dont l'auteur - on m'a raconté qu'il y avait un labo qui inventait tous les sons qu'on entend en train ou en métro - devait être un sadique psychopathe. Et comme l'écho de ce son est sur le point de tomber sous notre seuil auditif, une dame surgit de l'escalier du quai. Elle aussi, pendant qu'elle descendait cet escalier, elle a entendu cette sirène, mais au lieu de céder à l'appel de la prudence et de capituler en se disant qu'elle avait loupé le métro, ses instincts primaires en ont décidé autrement, la poussant dans un sprint guépardien, entre cet escalier pourtant à angle droit avec le passage menant au wagon et la porte, béante, menaçant de se refermer brutalement d'une seconde à l'autre. Je le vois dans la flamme qui a surgi dans ses yeux, cette femme veut à tous prix rentrer dans le métro. Plus rien ne compte tout autour, et sa course se transforme en une lutte épique contre le temps. Elle défie le conducteur du métro, les portes métalliques, et ce sous les (rares) regards des voyageurs de la rame.
Elle bondit dedans, manque de se casser la gueule contre la fenêtre de la porte d'en face, rapport à toute la force cinétique qui l'habite encore et qu'elle n'a pas encore commencé de dissiper sous forme d'effet joule, pour le plaisir olfactif à venir de ses voisins de sièges, mais elle s'en fout, elle est dedans. Elle a réussi son coup, elle y est, grand pied de nez non pas seulement au métro, mais à la vie, à l'humanité tout entière, à l'univers. Elle a réussi et elle l'affiche à travers un énorme sourire, de ceux qu'on ne peut réprimer, comme si elle avait des crampes au niveau des zygomatiques. Bref la gêne de s'être montrée sous un jour peu flatteur, celle liée au fait qu'elle respire à présent comme une machine à vapeur pour retrouver son souffle, celle de s'être vautrée et d'avoir manqué de se retrouver à quatre pattes, et celle de transpirer comme un bœuf après cet effort herculéen, toutes ces gênes cumulées n'y changent rien : elle est dedans et ne reverra plus jamais les gens autour !

dimanche 29 août 2010

Trois petits tours et puis s'en vont

Voilà les vacances s'achèvent et c'est déjà l'heure de la rentrée des classes.

J'étais toujours impatiente de la rentrée des classes, pour découvrir les nouvelles têtes, les nouveaux profs. Là disons que de la nouveauté il ne devrait pas y en avoir beaucoup, même si l'activité semble en plein essor à Barranca.

Ne brûlons pas les étapes et savourons ce dernier jour de congé. D'ailleurs aujourd'hui amis, musique, soleil et bonne humeur étaient de la partie.

Je réalise que beaucoup s'y sont perdus dans les méandres de ma trajectoire estivale.

Bref résumé :
Fin juin, ma formation a débuté à Abu Dhabi, pour s'achever début août.
De là j'ai eu droit à trois semaines de vacances. Après un long week-end passé à Paris je me suis envolée quinze jours pour revoir mes proches à Tunis puis suis revenue à Paris ce jeudi. Et c'est déjà fini...

Alors quitte à me répéter (pour certains), je partage un bout de la chanson qui me trotte en tête depuis que j'ai découvert la musique des Naive New Beaters (pas plus tard que cet après-midi), particulièrement à-propos...

Each town that I go
Go, it's time to go

lundi 23 août 2010

Noces de mi-coton

Ça y est, j'ai passé le cap des six mois en tant que field engineer ! Et pourtant je suis ici à me la couler douce à Tunis, qui l'eût cru...

La semaine prochaine je repars pour le Nouveau Monde commencer l'acte II de cette aventure. Mais avant faisons le bilan de cette première partie.

Je pense pouvoir affirmer que je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer ces six premiers mois. Il m'est arrivé de me sentir seule, davantage du fait d'un décalage horaire vraiment pas pratique que du fait humain puisque je vis en colocation et travaille en équipe. Esseulée serait peut-être le terme qui convient pour décrire cet état que j'ai connu parfois, où l'on sent que personne ne nous donne signe de vie, que l'on vit dans une autre dimension et que l'on n'en sortira peut-être plus jamais, en tous cas on ne sait ni quand ni comment...

Lorsque je suis partie, mon enthousiasme était voilé d'un soupçon d'appréhension. Pas parce que je partais dans un pays où je ne maîtrisais ni la langue ni les us, non, bizarrement ça je ne m'en souciais pas le moins du monde, parce que sinon j'aurais pris la peine de réviser ma conjugaison et mon vocabulaire plutôt que de regarder des films des années 60. Non cette appréhension était plutôt due aux gens que je laissais derrière moi, à tous mes proches et amis qui allaient poursuivre le cours de leurs existences sans plus que je ne fasse partie de leur quotidien. Ils allaient évoluer, passer à autre chose, changer, et moi j'allais être le témoin impuissant de ces métamorphoses, loin de tous, oubliée, croyant que j'allais rester celle que j'étais et que quand je reviendrais, je serais au même point qu'à mon départ et n'aurais plus aucun repère ni balise, ni dans cette future ville anglaise où il me faudra m'installer, ni chez mes proches retrouvés.

Oui je sais, ça tournait au scénario catastrophe dans ma tête et en plus c'était purement égocentrique. Enfin bon je mets au défi quiconque s'apprête à s'en aller vers l'inconnu pour une durée indéterminée et un retour vers un autre inconnu de penser à la beauté du geste et à son prochain.

Et avec ce premier retour six mois après mon départ, un constat s'impose : j'avais tort.

Mes amis n'ont pas profité de mon absence pour déménager, changer de tête et de personnalité. Ils sont restés eux mêmes. Bien sûr ils ont évolué : certains se sont mariés, d'autres ont changé d'emploi ou en ont trouvé un, mais pas de changement drastique, propre à changer nos rapports, qui fasse qu'on ne rie plus des mêmes choses ou que l'on ne trouve plus rien à se dire. Ma famille elle non plus n'a pas attendu mon départ pour vider ma chambre et la transformer en séjour, puisque ça fait un moment qu'ils l'avaient fait.

Et quant à moi, eh bien mine de rien j'ai changé. Plus que je ne l'imaginais, mais plus aussi je pense que ceux que j'ai laissés. Je ne saurais pas expliquer en détail en quoi j'ai changé, mais parfois j'écoute une conversation, souvent sur un voisin, ou une connaissance d'école, et je me dis qu'avant j'y aurais pris part, mais là elle ne m'intéresse pas, elle me semble à des années lumières de moi. Et tandis que les gens autour parlent, je me fais cette réflexion et prends conscience que je m'éloigne, pas à pas, inévitablement. Partir loin m'a fait me focaliser sur mes priorités, me concentrer sur les gens que je veux garder pour toujours dans mon cœur. Les voisins et les connaissances peuvent aller au diable, ils ne m'intéressent plus.

Ou alors, autre situation. Parfois j'aimerais sortir un mot qui ferait rire pile dans ce contexte. Mais il est en espagnol et ferait rire en Colombie, pas ici, ou alors il faudrait expliquer ce mot, qui bien sûr n'a aucun équivalent en français ou en arabe, alors pourquoi parler. Et en me faisant cette réflexion pendant qu'autour les autres continuent la conversation sans se douter de mon monologue intérieur, je me sens soudainement ailleurs, loin des miens.


Voici donc tout le problème de l'Étranger. Réussir à s'adapter à l'environnement local de telle sorte que l'on cesse d'être traité d'étranger, c'est ce que l'on s'échine à faire, par défi, par facilité aussi pour certains. Combien d'étrangers m'ont dit se sentir Colombiens et envisagent d'y faire leur vie ? Tirer un trait sur le passé et tout recommencer, voilà leur mantra.

Moi je ne veux tirer de trait sur aucun passé. Mon passé c'est ma richesse, et je le cultive, sans pour non plus vouloir tirer un trait sur l'avenir, qui sera un jour un autre joyau de mon trésor. Alors il faut s'adapter, sans pour autant perdre sa spécificité...

Mais à mesure que l'on réussit le tour de force, on s'éloigne de ce qu'on était, et de ceux qui étaient ainsi. Inexorablement, se différencier des siens un peu plus chaque jour ; nager vers le grand large sans savoir si une berge nous attend en face ou si l'on pourra revenir au moins vers notre rivage un jour ; courir le risque de ne plus rencontrer personne qui nous comprenne de manière complète, voici les appréhensions qui m'accompagnent alors que je me prépare une fois de plus à fermer une valise que je n'ai pas défaite depuis fin novembre.

L'avenir nous le dira...

samedi 21 août 2010

Les matinales

Y a un truc qui m'agace la nuit (au petit matin serait plus correct, étant restée calée sur GMT -5). Un ptit machin qui fait du bruit.
Petit mais alors tout tout rikiki mais du boucan il en fait comme un géant.
Là-haut dès qu'il se réveille il tape, il cogne, il s'agite pour se sentir exister, pour attirer l'attention, et pour se faire nourrir, impotent qu'il est...

On a essayé de faire comme s'il n'existait pas, de le traiter avec dédain. Dédain, des clous ! Le seul résultat c'est d'horribles cernes et une migraine qui t'empoisonne le reste de la journée, en plus de la faim.

Changement de stratégie, on a tenté de l'épouvanter, et là on y est pas allé de main morte. Si les fantômes existent, leurs manifestations, c'est une panacée à côté des coups de chaise assénés au plafond dans un accès de folie par Hildegarde, cette créature de nature si douce d'ordinaire - sauf quand on l'empêche de dormir, dont j'ai la joie de partager la chambre.
Le bruit cesse. Le sommeil nous gagne. On y croit, Hildegarde semble même s'échauffer la luette. Fausse alerte, le parasite à l'étage reprend de plus belle, accompagnant ses percussions d'un orchestre bucco-nasal... Si au moins c'était un chien, il hurlerait pas à la mort comme ça.

Conclusion, Sartre avait presque raison : l'enfer, c'est les enfants des autres...

mercredi 18 août 2010

quand je serai grande, je serai...

En ce moment je réfléchis pas mal (pas de mauvaise blague, je vous ai à l’œil) à ces petits détails de la vie qui modifient le cours de notre existence.

Bien sûr, on ne s'en rend pas tout de suite compte, mais des années plus tard, on y repense, en essayant d'analyser ce qui fait qu'on est soi-même et pas le voisin, ce qui a engendré nos tics, névroses et autres tocs, ou au contraire a permis de nous les épargner...

Soyons clairs, je ne vais pas commencer à divulguer ces quelques petits défauts, de toute manière trop rares pour faire l'objet d'un post entier bien qu'ils contribuent pour beaucoup à mon charme. Allons à l'essentiel et à ma profession.

Je crois avoir suffisamment mentionné que je travaillais sur des rigs en chaussures de sécurité, casque de chantier et bleu de travail tout sale. La question de départ s'impose d'elle-même : quel peut être ce traumatisme qui a transformé la petite fille que j'étais en camionneuse ?

Récit d'un "destin"
D'aussi loin que je me souvienne, mes parents, par sens pratique, avaient l'habitude de me faire couper les cheveux coupe "garçonne". Le "e" à garçon, c'est ma mère qui l'a ajouté, c'était supposé me convaincre que c'était quand même féminin. Mon père, lui, essaya plutôt de me prendre par les sentiments en me persuadant qu'il trouvait ça très joli, très féminin.

Puis je suis entrée à l'école primaire, les cheveux à peine plus longs, ne dépassant jamais le "carré sauvage", coupe alors au top de sa popularité, qui a aussi eu au passage le mérite de me sauver du "carré Mireille" qui me poursuivait depuis la fin des années 80 (avec preuves à l'appui). Avec l'école primaire, ma mère décida d'introduire les pantalons jean dans ma garde-robe. Croyez-moi j'ai lutté. Quelque chose au fond de moi me faisait détester cette toile de lin bleu ainsi que ce vêtement abominable qu'est le pantalon, que Katharine avait eu le malheur de rendre à la mode cinquante ans plus tôt en osant prétendre qu'il était plus confortable. Mais quand a-t-on vu qu'un pantalon était plus confortable qu'une jupe, voire qu'une ROBE ?! messieurs, essayez, vous adopterez, tout le monde arabe s'y est déjà mis... Tout à l'inverse, après quelques années de combat acharné, je me suis moi-même fait au blue jean qui ne m'a presque plus jamais quittée depuis.

Ces deux épisodes peuvent expliquer un penchant pour les domaines/matières traditionnellement réservés aux garçons, mais ils cachent la partie immergée de l'iceberg.

Cet élément je l'avais oublié, et me le suis rappelé hier, par la force combinée de toute la fratrie (qui va encore m'en vouloir d'avoir tout raconté sur ce blog, en insistant sur cette phrase) qu'il m'est donné de fréquenter pendant mes congés. Dans un exercice conjugué de nos mémoires respectives, nous avons exhumé un souvenir du dédale de notre enfance : ma poupée. Fait surprenant, ce n'était pas une Barbie. On avait le vague souvenir que c'était la sœur de Barbie, mais on en avait oublié le prénom. Spiky ? Skippy ? Non, c'était Skipper.

Ma poupée Skipper, enterrée vivante sous les décombres des jouets de notre enfance quelque part dans le débarras, avait tout compte fait la même place dans ma mémoire, jusque hier soir. Elle était plus petite que Barbie et complètement plus jeune ou bien moins formée en tous cas, elle portait du plat contrairement à sa grande sœur, avait les cheveux moins lisses, la peau moins claire et les traits moins fins. Bref dans mon référentiel de l'époque, c'était "Barbie Pareil mais en Moins Bien", mais je l'adorais malgré tout, car elle était plus faible, moins connue, et moins gâtée par la nature (c'est mon petit côté Mère Teresa), et puis c'était Skipper, la Petite Sœur...

Et ce détail rend le tableau limpide. Que peut-on présager d'une enfant qui à six ans trouve que Barbie se la pète trop et entretient son capital varices à se pavaner comme ça sur la pointe des pieds, qu'elle se maquille à la truelle et ferait mieux de s'occuper de sa sœur au lieu de jouer la majorette ? Non mais je vous le demande... Dès les premières années de ma vie, mon destin était scellé, même si je l'ignorais jusque l'été dernier !

mardi 17 août 2010

L'Arabie - séance de rattrapage (3)

Par la force des choses, chacun a tendance à rester avec les gens qu'il connaît déjà, du coup je me suis retrouvée naturellement avec des gens d'Amérique Latine pendant ma school, et d'être catégorisée chilienne, bien que j'ignore à quoi m'a été due cette étiquette.
Pourtant avec le temps j'ai eu l'occasion de rencontrer des gens du monde arabe aussi, si si !

J'étais d'abord très curieuse de rencontrer des Libyens, sans doute à cause de la réputation qu'ils ont en Tunisie. Car il faut savoir que la Libye est à la Tunisie ce que la Belgique est à la France, je n'en dirai pas plus pour ne pas jouer les arroseurs arrosés, mais vous saisissez l'idée. Il faut savoir aussi que le dirigeant libyen est un personnage récurrent des blagues tunisiennes, et je voulais confronter les mythes à la réalité, dans ma quête perpétuelle de la Vérité.

Eh bien j'en ai eu pour mon argent ! Loin de moi l'idée saugrenue de généraliser, sur un sujet aussi délicat que celui de la réputation du pays du Livre Vert, histoire de ne pas me mettre à dos mes propres concitoyens, mais en tous cas les ressortissants libyens que j'ai rencontrés n'ont rien à envier à leur voisins Tunisiens. Ils ont la même tête, plus ou moins le même accent, une lucidité politique confondante et par-dessus le marché ils rient des mêmes blagues sur leur pays.


Puis j'ai rencontré des Koweïtiens aussi.Il y a une chose à savoir sur eux. Deux en fait : la première est qu'ils adorent leur pays ; la seconde est qu'ils se qualifient de peuple joyeux. Ils adorent témoigner de leur joie, en chantant, où qu'ils soient - dans la rue, à la cantine, en plein dans un taxis où ils adorent taper la discut' au chauffeur et lui demander (de manière insistante si besoin est) de mettre de la musique orientale, quand bien même le chauffeur ne parle pas arabe et préfère la musique style Bollywood - et, fait notable, en applaudissant. Si les applaudissements étaient une épreuve olympique, on tiendrait notre champion : il se dit que les Koweïtiens se rassemblent en groupes de percussions, lors de leurs fêtes ou parfois dans la rue, pour donner lieu à des explosions de liesse applaudissantes. Où est la vérité ? je vous laisse vous faire votre propre opinion !

Et puis les Émiratis...
Combien de légendes urbaines existent à propos des Men in White et leur Women in Black. Il paraît qu'ils sont payés pour vivre. On dit même que les hommes peuvent épouser plusieurs femmes, qu'ils reçoivent une rente dès lors qu'ils épousent une Émirati pour première épouse, et d'autres récompenses pour chaque nouvel enfant. Ou est la vérité ? je ne le saurai peut-être jamais... Tout ce qui est sûr, c'est que nulle part je ne les ai vus travailler, si ce n'est aux contrôles d'immigration de l'aéroport, j'en viens même à me demander s'ils existent pour de vrai, n'en ayant rencontré qu'un seul exemplaire, que je soupçonne même de contre-façon, vu qu'il était habillé en civil.

samedi 14 août 2010

Ça balance !

Aujourd'hui je vais vous parler d'une de mes grandes passions dans la vie, qui permet de marier deux de mes passe-temps favoris : la lecture, et regarder l'écran de mon PC.

Attention mise en abyyyyyyyme !

Lire des blogs.
C'est comme lire le journal, y a des nouvelles tous les jours, sauf que pas toujours. Du coup on essaie de trouver plusieurs blogs et on prie très fort pour que les auteurs se recoupent dans la parution de leur prose, parce que se retrouver avec 15 nouveaux posts un jour et plus rien pour 15 jours, c'est super frustrant.

Comment je suis tombée sur ces blogs ?
Alors d'abord il y a la solution de facilité, c'est quand tes potes [vont à l'étranger et du coup] décident de raconter leurs joies et bobos de la vie quotidienne sur la place du marché public d'Internet. Perso j'ai du mal avec tant d'exhibitionnisme, mais que voulez-vous cette génération Pepsi, elle a plus aucune gêne, ça en devient pathétique, tout fout le camp, c'était mieux avant...
Ahem.
Je disais que c'est la solution de facilité car bien souvent l'adresse est offerte avec l'amitié, comme la surprise au milieu du Kinder. Bon, tout pareil que cette surprise, elle est plus ou moins intéressante, ce sont les aléas du direct. Il faut juste bien choisir ses amis, de préférence des écrivains à succès, et prolixes, c'est toujours plus pratique que les carpes qui refont surface tous les 29 février pour écrire de "plates" excuses sur leur longue absence. Ça balaaaaance. Mais je m'en fous, mise en abyme is the answer!

La solution pas de facilité, c'est quand je vais à la chasse aux blogs, et qu'au bout d'autant de clics de souris aléatoires et fortuits me faisant naviguer d'un blog à l'autre qu'il n'y a de votants pour sauver les ploucos de Secret Story, je tombe sur une perle. Une perle, c'est un blog que j'ai envie de garder précieusement, amoureusement presque, pour me servir tous les jours de l'ambroisie qui en découle et en abreuver ma soif de nouvelles neuves.

Bon en ce moment, je sais pas pourquoi, je fais une fixette sur les Ingénieurs Terrain travaillant dans le pétrole. Peut-être est-ce lié à cette tendance perverse que chacun a, d'aller voir chez le voisin comment ça se passe, et se sentir mieux rien qu'en se gargarisant de ne pas être son prochain : avant je regardais Delarue et me sentais mieux juste comme ça, affalée sur le canap à avaler de la presque-télé-réalité, maintenant je piste les FE qui se lamentent dans leur blog de ne pas avoir mangé de "vrai" fromage américain (tout est dans cet oxymore) depuis leur départ d'Éden, il y a trois semaines, et que c'est vraiment trop dur la life, et je me sens tout de suite mieux. Ça balaaaaance. Mais je m'en fous, mise en abyme is the answer! [tiens j'ai déjà lu ça quelque part]


Mais là tout le monde trépide d'impatience et veut des Noms ! Ou plutôt des adresses, puisque de nos jours les blogueurs semblent tenir quelque peu à leur anonymat, ou à leur dignité peut-être ?


Alors on B.A.L.A.N.C.E.
Déjà je tiens à mentionner que je ne balance aucun blog dont je connaitrais personnellement l'auteur, je ne vous livre ici qu'une infime part du gibier de mes chasses. Soyez prévenus aussi, tous ces blogs sont en anglais, fait déplorable au demeurant, qui prive un pan de mon auditoire de textes parfois particulièrement bons, souvent drôles, rarement rasants et toujours personnels.

Mon chouchou : un américain qui s'est retrouvé par hasard au Texas, et qui en parle. C'est léger, spirituel, malheureusement les posts sont un peu trop rare à mon goût !

Ma nouvelle source d'inspiration : une américaine fraichement débarquée en Malaysie, dont l'estomac a du mal à s'adapter à la nourriture locale et les cheveux, à l'humidité ambiante. Une incursion dans la tête d'une demoiselle dont le prisme est tout à fait inédit pour moi, et dont l'acuité dans la description du monde qui l'entoure contraste parfois avec la teneur de certains de ses propos.

Mon Mickaël Vendetta à moi : une grande gueule américaine qui travaille aux US et raconte à quel point sa vie est géniale...

Mon pêché mignon : ce remarquable blog, unique de la liste non tenu par un FE, écrit en anglais par un Français, décrit avec sarcasme les petites manies des Parisiens. Tout simplement génial !


C'est tout, pour le moment.

vendredi 13 août 2010

Myanmar, à tes souhaits - séance de rattrapage (2)

Il est des pays d'Afrique que Pedro le Vénézuelien - promis c'est la dernière fois que je cite mon compère au nom imaginaire - a connu à Abu Dhabi (Il a découvert le Gabon en 2010 comme Colomb, son pays, en 1492). J'ai eu un soubresaut similaire la première fois que j'ai entendu le mot Myanmar. Replaçons-nous en situation.

Généralement à la cantine, lieu propice aux rencontres des camarades de camarades, par application directe de la transitivité des relations d'ordre, il m'a été donné de discuter avec des voisins de table. Les sujets de conversation, dans le désert, sont, comme l'eau, hautement tarissables. On évite communément le sujet du prénom, parce que d'une, souvent ça fâche de devoir répéter trente-six fois son nom à quelqu'un qui l'écorchera de toutes façons, et de deux ça évite l'hypocrisie de prétendre que l'on se souviendra dudit prénom la prochaine fois que l'on croisera le sus-nommé à la cantine. Le thème de la météo fait long feu, bien qu'il continue de revenir régulièrement, sans doute parce qu'il fait aussi l'unanimité : Ah il fait chaud - Ouais carrément, même qu'il paraît que ça va encore chauffer davantage - Ah ouais ? ahh ok.


Donc voilà venu le moment où tu demandes à la personne d'où elle vient, par politesse, pour broder un peu. MYANMAR. Tu penses très fort répondre bless you, mais tu sens que ça ferait un bide, ils comprennent pas toujours mon humour ici, allez savoir pourquoi. Retour sur ce 7 lettres qui doit faire gagner masse de points au Scrabble (c).

Petit blocage.

En deux-tiers de secondes il y a tout un raisonnement qui défile dans ta tête pour comprendre ce qui se passe.

Première option, Myanmar est un endroit aux US, parce que tu as remarqué que les américains ont systématiquement cette tendance à répondre par le nom de la ville où ils travaillent, comme si le pays allait de soi. "Tyler" qu'ils te répondent la bouche en coeur, avant de préciser "Texas", quand un bon gros "US" t'aurait carrément rassasiée, tu fais dans la politesse, pas un sondage Ifop..

Mais la première option tombe à l'eau, déjà parce que la précision de l'État n'est pas venue, et puis aussi parce que le gars qui vient de dire ça a quand même un accent et une tête pas franchement américains, sans vouloir faire de délit de faciès.

Deuxième option donc, triste et honteuse : je ne connais pas ma géographie et quand on a appris le nom des pays du monde, j'ai dû somnoler à la lettre M.

Je saute alors du coq à l'âne pour sauver la face et parle cantine, rebound topic par excellence quand y a un blanc, qui a l'avantage de mettre tout le monde d'accord "Haaan Myanmar, intéressant.. Sinon aujourd'hui c'était presque bon la nourriture, tu trouves pas ?"

Et de courir dans ma chambre sonder Wikipedia mon ami, qui m'apprend que ma géographie survivra, mais que mon anglais, lui peut aller se coucher : Myanmar, c'est la Birmanie en anglais. Leçon d'humilité.

From Russia With Love - séance de rattrapage (1)

Je vous ai dit que lors de la school, j'avais rencontré des gens de partout dans le monde, mais je ne vous ai parlé que du Vénezuelien et du Chinois de ma classe, ce qui n'est pas rendre justice à la réalité.

Un peu quand même car je me suis principalement liée d'amitié avec des Sud-Américains, que ce soit des Brésiliens (que j'avais pour la plupart rencontré lors de ma formation initiale à Rio), des Vénézueliens - souvent plus tolérants que l'échantillon de ma classe, ou des Colombiens pour faire dans la facilité !

En vrai pour dépeindre grossièrement le tableau, il y avait aussi pas mal de Russes, des Australiens, des Arabes et des Asiatiques.

Nouvelle escale de notre tour du monde de revue des clichés, back to USSR...


Les Russes sont reconnaissables en cela qu'ils se connaissent tous et forment des sortes de gang (je ne tomberai pas dans la facilité du terme mafia) ressemblent tous au méchant dans Rocky 4, avec un regard moins méchant cela dit. Rencontrer tant de Russes permet à loisir de mesurer l'impact du lavage de cerveau orchestré ces cinquante dernières années par le monde occidental, guidé par les les États-Unis, envers la puissance bolchévique.

Dans l'inconscient collectif, la Russie est un bout de banquise à l'abandon, où les gens boivent de la vodka pour oublier leur déchéance, et parlent avec une grosse voix en roulant les r.

Bon, de ce que j'en ai vu, il est vrai qu'ils roulent les r et qu'ils ont une sacrée tendance à avoir la voix grave, mais (faut-il s'en rassurer ?) eux aussi sont un pur produit de la mondialisation, portent du Levi's et des Nike (sauf pour ceux chaussés d'un look casual sandales+chaussettes autant disgracieux que répandu parmi la communauté russe présente à MLC et ce sans distinction de sexe) et regardent des séries américaines.

Selon le colonel d'Egor, notre Sibérien expatrié au Mexique, où colonel se rapporte à son chef à l'époque de son service militaire, la génération Pepsi a ravagé la Russie... Heureusement pour les clichés, hormis Egor, ils sont toujours aussi fans de vodka !

jeudi 12 août 2010

Peau Neuve

À près d'un an de blog, à bientôt six mois de Tech and Field, je profite de mes congés pour faire évoluer un peu la tête de ce blog comme je changerais la disposition des meubles de ma chambre, si j'en avais une, histoire de varier.

C'est frais, neuf, blanc et bleu, j'espère que ça vous plaît.

Bref sur cet intermède inutile, parlons vacances.

Que l'on vive en Europe, en Amérique, en Asie ou ailleurs, tout le monde prend ses vacances en juillet / août. J'ai pu constater ça en apprenant récemment que ma manager en Colombie était en congé, tout pareil que mon instructeur d'Abu Dhabi (vous savez, j'étais à l'école en Asie il y a moins d'une semaine), et que tous les amis que je n'ai pas vus à Paris...
Pour ce qui est des gens vivant en Europe, à la limite, je peux comprendre, ce sont les seuls mois d'été de l'année, encore que personnellement je préfèrerais avoir deux mois d'été en Europe puis des vacances en hiver au soleil plutôt que de griller mes vacances inutilement en été et devoir subir l'hiver, mon boss et le métro le reste de l'année, mais cela n'engage que moi.

En revanche pour les gens chez qui il fait chaud toute l'année, et qui n'ont pas d'enfant (d'ailleurs, scoop : les vacances d'été ne sont pas partout en juillet/août), pourquoi les dates de 5-20 août reviennent-elles dans toutes les bouches ?

Du coup quand on se retrouve comme moi, à avoir des vacances à cette période, sans l'avoir vraiment choisi, eh ben on rate beaucoup de ses amis, partis gambader comme trois quart des travailleurs, partout ailleurs que là où ils devraient être, non mais !

mardi 10 août 2010

Retour aux sources

Salut les champinous !

J'ai quitté ma villégiature émirati pour l'Europe, le temps d'un superbe weekend.

Il est 5h, Paris...
La sonnerie familièrement discordante du RER résonne dans mes oreilles tandis que j'essaie d'organiser mes valises et mes pieds dans le compartiment de ce wagon vide qui m'emporte déjà vers un frais matin parisien.

Je ne veux pas m'en aller, je voudrais pouvoir m'imaginer que je ne suis jamais partie, que j'habite ici, que je passe mes weekends à flâner au luco, mes soirées à hanter les cinémas d'art et d'essai du quartier latin, mes journées à déambuler dans les rues de la capitale. Les nuages maussades, la pluie triste et les riverains bougons ont déserté la ville qui chante leur départ et célèbre leur absence.

Alors j'ai couru et j'ai marché, j'ai profité de la ville, de mon quartier, sans trop m'éloigner. Une terrasse de café, une pièce de théâtre, un ciné. Pas de Paris Plage pour moi, mais j'ai noté que je m'étais tout de même désintoxiquée les neurones. À présent je m'arrête de marcher quand je prends un escalator, je marche lentement et, comble du comble, m'arrête pour contempler les bâtiments, pour prendre une photo, ou juste pour admirer la vue et profiter de l'instant. Je transcende Paris, prends le bon et laisse l'hiver et le métro bondé à ses habitants, maintenant je prends des ticket T, comme Touriste.

Fin du weekend, on boucle la valise, aéroport, avion, retour à mon quotidien, je falsifie ma montre une fois encore pour remonter le temps. Une heure seulement, il y a du progrès.

Et me voilà en Afrique.
C'est fou comme la mémoire humaine peut être malicieuse. Je suis de retour chez mes parents, et voilà que mes neurones me font le coup de l'amnésie partielle. C'est comme ça à tous les coups, dès que j'atterris sur un territoire connu, j'oublie d'où je viens, le passé proche, et tous les souvenirs accumulés depuis la dernière fois où j'y étais et je recommence là où je m'étais arrêtée, comme si de rien n'était.

Je suis partie en hiver, c'est l'été à présent, ellipse climatique bien banale dans un pays où il n'y a que deux saisons effectives.

Je suis de retour et en famille, et prête à savourer mes premiers congés, qui prennent la même saveur que tous mes étés, procurant un fil conducteur dans la discontinuité, très confortable et fort agréable à vrai dire, pour cette première année d'exil.


Mais cessons de rédiger et allons en profiter !

lundi 2 août 2010

Guess Who's Back!

Les boudinous, j'ai décidé de quitter les Émirats. Comme ça. Ça faisait un moment que ça me trottait, le désert c'était pas trop mon truc.

Parce que voilà, moi j'ai tout de suite su que je m'en irais, et dès le début je soupçonnais que ce serait pour bientôt.


Donc jeudi minuit, bye bye l'Asie.

(oui bon je sais en vrai c'est la fin de ma school, mais je me plais à croire que je m'en vais par l'action de ma propre volonté, alors faites juste l'effort de ne pas me contredire.)


Pour des posts plus charnus il faudra attendre que tous les grains de sable logés entre mes deux oreilles daignent se faire reconduire à la frontière, et j'ai bon espoir (et une confiance aveugle en les services d'immigration de Besson).