"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

samedi 31 juillet 2010

Mademoiselle a fait S

Alors voilà, j'ai rebondi plusieurs fois récemment sur un bijou du web, dont je ne divulguerai pas le lien parce que je suis convaincue que leurs auteurs se gonflent l'ego en en comptant l'audimat.

Ce site est un pseudo blog genre ultra travaillé, un truc où tu dois payer un CDI juste pour le design et les petits croquis de filles super trop stylées disséminées ici et là sur le site. En revanche il semble que tout le budget soit passé sur la forme, parce que pour ce qui est du fond, je ne sais pas d'où sort la cruche qui a écrit tout ça, mais si elle a vraiment fait Centrale comme elle le répète, ben c'est pas super flatteur pour l'école. Ou peut-être suis-je jalouse, comme son frère à elle ?

Non sérieusement, j'en ai appris des choses moi, sur ce blog vantant les mérites de Centrale. La première raison pour laquelle j'aurais dû y aller plutôt qu'à sa voisine de concours, c'est parce que par la suite j'aurais juste eu "trop la classe" en le disant, et aussi parce qu'il y a plus de quatre fois plus de garçons que de filles. Ça c'est de la motivation, là du coup je sens que j'ai raté ma vocation...
Je me demande si c'est une vraie élève qui écrit ces articles, parce que moi, si une fille de mon école écrit ça, je la lynche sévère. Je ne peux me résoudre à le croire en fait. Ça ressemble plus à une équipe d'agence de com' du genre de celles qui font ces brochures publicitaires où les photos témoignent systématiquement de la parité et de la diversité ethnique, et où seuls des gens physiquement intelligents et sans bouton ni dent de travers sont représentés... Le genre de jeune cadre dynamique (là je reviens à l'agence de com') qui parle en franglais avec plein d'acronymes, roule en vespa, en scout' ou en mini, et fonde toute sa crédibilité pro sur les apparences, allant de la coiffure au style vestimentaire.
Ou alors c'est juste une centralienne, vraiment très cruche, et dans ce cas moi je VEUX la rencontrer !

[mode encore plus gros préjugés enclenché]
parce que déjà dans ma tête quand on écrit tant d'inepties à la phrase, on est forcé de faire des grosses fautes d'orthographe, et puis aussi on peut pas être complètement superficiel comme elle l'est et savoir créer un site web, c'est complètement incompatible ! Alors de là à intégrer centrale !
[fin des préjugés]

Alors voilà de mon côté, j'ai fait une autre école, et si vous voulez tout savoir les "futées", chez nous y a pleins de geek à boutons ! Et puis y a des filles moches, à moustache, et aux cheveux gras aussi. Dire que t'es superélectricienne, ça te garantit, au mieux, d'être de corvée de changer les ampoules de tous les gens qui te connaissent, et au pire, ... vous préférez pas savoir. Après trois ans de formation, je travaille en bleu de travail, j'ai de la graisse noire sous les ongles en fin de journée, et bien sûr je porte un casque de chantier et des chaussures de sécurité. (but deep inside I am still a girl <3 lol kiss kiss) Une chose est sûre, chez nous tous ont choisi leur école pour sa formation, ou son classement, ou ses débouchés, ou sa situation géographique, ou sa vie associative, bref des raisons concrètes et tangibles...

mardi 27 juillet 2010

Pause

Le tour du monde attendra, je fais une pause.
Les soirs ici il n'y a pas grand chose à faire : je n'ai pas apporté de bouquins et la connexion internet est trop lente pour mater des séries . Du coup je dois me rabattre sur la panoplie de films que j'ai à ma disposition.

Dans mon répertoire, il y a un choix fou : film en noir et blanc des années 50 ou film en noir et blanc des années 60...
Ça c'est parce que, quand j'ai créé ce répertoire, j'étais au chômage et qu'il fallait remplir mes longues journées mornes par des passe-temps qui activeraient mes neurones. C'était avant quoi.

Alors maintenant, déjà j'ai systématiquement besoin des sous-titres, quand bien même je passe les journées à parler anglais - je soupçonne mon cerveau de s'éteindre à heure fixe, quoique je n'aie pas encore déterminé cette heure.

La galère des sous-titres...

Le problème c'est quand on s'est habitué à regarder des films en VO : après on ne peut plus jamais les regarder en VF, ou alors c'est pas crédible. Surtout les films "un peu" limite sur le plan vraisemblance, genre Star Wars en français, pour moi ce ne serait plus de la science fiction mais un sketch... Or donc alors, une fois qu'on s'y est fait, eh ben quand on devient paresseux des yeux et du cerveau, lire des sous-titres devient soporifique au possible.

Et la galère des sous-titres décalés.........

Vous connaissez ? C'est quand tu regardes un film, en langue que tu ne connais vraiment pas, genre allemand ou turkmène. Et là il se passe un truc, tu sens que c'est le point clé du scénario, le gentil regarde le méchant et dit une phrase super profonde. Tu as les yeux rivés sur la bande noire du bas d'écran, tu trépides d'impatience à l'idée de comprendre le pourquoi du comment de tout le film. MAIS BON SANG TU TRADUIS ?!!!!!!! mais non, rien, ah si, mais la réplique de 5 minutes plus tôt, genre le truc banal et universel - "ok" - que tu avais compris sans besoin du texte. Fondu noir, nouvelle scène, pas de son, genre description des paysages, pendant 5 autres minutes, tu as complètement oublié la scène en question, et c'est là que le traducteur te met la phrase... Tu ne sais même plus qui l'avait dite, ben voyons, merci !

Voilà alors je ne cherche plus, maintenant je me sers de cette collection de films d'anthologie pour m'aider à mieux dormir. Je me cale bien confortablement au lit, lance le film en vérifiant bien que le sous-titre est décalé, ou alors je ne mets pas de sous-titre et m'assure que le film est en langue étrangère (genre néo-orléanais, égyptien ou péruvien) et j'attends que le sommeil me rattrape. Croyez-moi, il me bat à tous les coups !

mardi 20 juillet 2010

Suite du tour du monde culturel, la Chine...

Squeezons je vous prie les introductions aussi maladroites qu'inutiles, nous savons pourquoi nous sommes là aujourd'hui, procédons.

Chine
Il faudrait côtoyer bien des Chinois, et de préférence vivre en Chine pour assimiler cette culture millénaire tellement différente de la nôtre. Or je suis à Abu Dhabi, et je n'ai à ma disposition qu'un élément de la communauté chinoise de Chine. Échantillon peu représentatif ? Je ne sais guère, ayons confiance en la loi des tous petits nombres : 1 sur 1 milliard, c'est pas du Planck mais on devra s'en contenter.

Bon, pour personnaliser ce récit encore tout rigide, on va tout de suite trouver un petit nom sympa à notre échantillon, qui nous garantira anonymat pour lui et authenticité pour moi. J'ai choisi, ce sera Nem.
Nem est fils unique, ça vous épate je suis sûre !

Arrêtons de faire dans les banalités et passons à présent au vif du sujet avec la première anecdote qui m'a rappelé que la Chine a son propre code gestuel, excellente introduction à la suite du récit.
Nous étions sur le rig, 50 degC, soleil, tout ça, et un de nos équipements se faisait prier pour sortir du trou. Bon du coup on a prié, et en particulier, on a croisé les doigts, au propre comme au figuré. Tous sauf Nem, qui ne savait pas ce que ça voulait dire. On va passer rapide sur l'épisode où Pedro (le nom de code du Vénézuelien du post d'avant) a insisté 314 fois en lui disant "mais si voyons c'est obligé tu peux pas ne pas connaître ce geste" et aller directement au fait que les Chinois ne croisent pas les doigts. C'est à peine s'ils joignent les mains pour prier - Nem dit que ce sont seulement les moines qui font ça - mais jamais ils ne les croisent, en tous cas pas dans ce contexte. Remarquez, ça pourrait être pire : ce geste anodin pourrait avoir un sens déplacé, comme ce mouvement de la main vers le nez en Europe pour indiquer l'état d'ébriété de quelqu'un, que je ne vous invite pas à reproduire en Colombie, où il pourrait être mal interprété par la personne que vous décririez.

Fin de l'anecdote.
Le langage des mains donc.

Vous vous souvenez quand je vous parlais de la façon de compter sur ses doigts en Colombie ? Alors là accrochez-vous, car les Chinois font mieux que nous tous, ils comptent jusque 10 sur une seule main. Oui je sais c'est dur à avaler.
Comment ?
Alors bon jusque cinq c'est easy, ils comptent comme en Amérique, en commençant par l'index, jusque cinq, normal. Puis commencent les acrobaties.
Pour six, seuls le pouce et l'auriculaire sont levés, les autres restent pliés.

Pour sept il faut joindre tous les doigts, comme quand les Italiens t'expliquent un truc en parlant, ou que les Tunisiens te disent d'attendre un moment. Là on commence à carrément jongler entre les civilisations.. Note pour plus tard : se mettre au langage des signes, juste pour trouver des sources d'alimentation à ce blog.

Huit c'est cocasse : c'est un signe de pistolet, et en BO ça donne "pah", perso je trouve ça vraiment stylé...

Neuf, il faut fermer le poing et juste suspendre son index en crochet pointant vers les autres doigts.

Enfin pour dix, selon la région il y a des variantes. Pour certains c'est le poing fermé (que d'autres interprètent comme zéro, on est pas mal barrés...), pour d'autres c'est notre fameux fingers crossed, qui peut aussi être réalisé avec deux index croisés, mais là il faut deux mains, alors c'est un peu tricher...

lundi 19 juillet 2010

Histoire de relativité

On est isolé, c'est un fait, mais on est ensemble. Une communauté de collègues venus des quatre coins de la planète, avec autant d'anecdotes et de richesse culturelle à partager. Petit tour du monde culturel...

Amérique du Sud
Première escale de notre périple, même si maintenant vous devez commencer à bien connaître les us et coutumes locaux !
Je n'en reviens pas d'avoir attendu d'être en Asie, à mille miles des frontières Sud-Américaines pour vous faire part de cet horrible tic que nos compères latinos ont. Ça concerne les bonnes manières, et la façon de montrer du doigt, mais ça peut vite tourner au quiproquo culturel. Pour cela, mettons-nous en situation.

Imaginez une salle de classe, avec une prof, que nous appellerons Prof, indonésienne de son état, assise à son bureau, avec la manette de contrôle de l'air conditionné juste à son dos. Pause déjeuner. Lumière baissée. Trois élèves dans la salle, un Vénézuelien que par commodité nous appellerons Pedro, un Chinois et une Belgo-Tunisienne. Chacun est obnubilé par l'écran de son PC, jusqu'au moment où le latino rompt le calme ambiant par un léger "pssssst" lancé en direction de Prof. Aucune réaction, deuxième essai, plus insistant : "pss-psssssssssst". Toujours rien. Il réitère, en chuchotant indistinctement "heeeey Prooof". Prof réagit en levant les yeux de son écran, tout comme les deux autres étrangers de la salle (je suis cachée parmi eux, saurez-vous me retrouver ?), pour se retrouver face au spectacle consternant d'un Vénézuelien faisant une moue indescriptible à mi-chemin entre un primate mastiquant une banane et un bébé essayant d'envoyer un bisou à distance. Vous visualisez ? - je me rappelle maintenant pourquoi je n'ai pas parlé de cela avant : parce que le langage français n'a pas encore trouvé d'expression idoine pour retranscrire cette grimace...
Élaborons une description succincte quoique fidèle de la Moue. Placez-vous devant un miroir ; avancez votre mâchoire inférieure tout en maintenant la bouche fermée ; tout en gardant les deux lèvres scellées, rétrécissez la largeur de votre bouche, comme pour former le son O, en prenant soin de diriger légèrement les lèvres vers le haut (ça devient sportif là) ; enfin accompagnez ce geste d'un mouvement général de la tête vers l'avant et le haut, un peu comme quand vous nagez et qu'une vague survient, vous obligeant à relever la tête pour la garder hors de l'eau. Voilà la base de la Moue. Il suffit alors de réitérer ce manège trois ou quatre fois vers un objet au loin pour réaliser en toute harmonie ce geste de la vie courante en Amérique du Sud.

Mais pour comprendre le sens de la Moue, revenons-en à la salle de classe, où nous avons laissé Prof assise face à Pedro dont elle pense maintenant qu'il exécute une sorte de danse prénuptiale ; tout porte à le croire étant donné le contexte de la salle à ambiance tamisée, des psst psst introductifs et de la relative vacuité de la pièce. Nous pensons tous être les témoins accidentels d'un rite aphrodisiaque, Prof s'enquiert du pourquoi, Pedro répond "Come on" et s'entête avec sa moue. Nous ne savons plus où nous mettre. Il daigne ajouter "AC".

Ouvrons la parenthèse.
J'ai mis trois semaines à comprendre ce que ce "éyci" voulait dire, trois semaines à m'arracher les cheveux de la tête chaque fois que quelqu'un parlait de ce éyci toujours au centre des conversations mais bizarrement jamais là physiquement. Bref en fait c'est le petit nom qu'on donne à la clim en anglais, AC comme air conditionné, car il faut toujours tout contracter quand on parle anglais, pour être direct, centré, pragmatique et proactif, jusqu'aux moindres mots que l'on prononce.
Fermons la parenthèse.

Et là, comme ce terme faisait référence à un objet concret du monde réel dans mon cerveau, bim bam boum en deux éclairs j'ai compris. En fait il fallait juste se placer dans un référentiel Sud-Américain pour comprendre les propos et la moue de Pedro, il venait juste d'exécuter une Moue, pas de quoi en faire tout un fromage. La Moue en Amérique du Sud est ce mouvement décrit plus haut, équivalent de l'index pointé vers quelque chose en Europe (et partout ailleurs qu'en Amérique du Sud, aurais-je tendance à déclarer sans trop de risques de me tromper).

Et croyez-moi là-bas, ils font la Moue tout le temps. Cette grimace est aussi disgracieuse que peu précise quant à l'objet montré des lèvres, mais allez leur dire ça... J'ai bien essayé, avec diplomatie, de pointer du doigt l'esthétique toute particulière propre à cette position labio-mandibulaire, de proposer l'autre pan de l'alternative, alias l'index, tout aussi peu précis mais ô combien moins laid, mais personne ne m'écoute...

[à venir : la Chine...]

samedi 17 juillet 2010

I(n)solation

Je ne communique pas beaucoup ces derniers temps.

Il faut dire qu'il n'y aurait pas grand chose à communiquer.
MLC est situé en-dehors de la ville, loin de tout. On y est logé, nourri, blanchi, et on y étudie. Les rigs sont sur place aussi.

Les journées sont très monotones, et différentes de la vie à la "location". Après avoir travaillé plusieurs mois dans un atelier, il est très difficile de rester assis sur une chaise à regarder des slides défiler toute la journée, sans pouvoir vraiment parler avec les gens autour. Difficile de se remettre à parler anglais quand maintenant toutes les petites expressions courantes de la vie quotidienne veulent sortir en espagnol. Difficile de se faire de nouveaux amis quand on sait que l'on est là seulement pour un mois et que nos amis nous attendent partout ailleurs.

Et puis il y a le rig. Je croyais avoir connu le pire, avec les rigs en plein soleil équatorial et l'humidité qui va avec. Il faut croire que le soleil tropical est bien plus incisif (il l'est d'ailleurs, à cette période de l'année), et que l'aridité est bien plus pernicieuse puisqu'elle nous assèche de l'intérieur sans que ça se voie de l'extérieur. Passer une journée sur un rig à 55oC, même en s'hydratant très régulièrement, ça file une insolation des plus mémorables.

Bon ce n'est pas si horrible. On a quand même l'occasion de rencontrer des gens de partout dans le monde, discuter de la vie dans les autres bases de la planète, s'enrichir culturellement. Malheureusement toutes les schools sont organisées différemment, avec plus ou moins de temps libre, rarement au même moment, ce qui nous cloisonne en quelque sorte par segment, et dans ma classe nous ne sommes que neuf...

dimanche 11 juillet 2010

C'est ça la vie !

Que pensez-vous des possibilités de ce monde ? Je veux dire par là la probabilité que des événements on ne peut moins probables se réalisent, sans même que l'on s'y attende.

J'ai quitté un pays et une vie très jeune, et à cet âge-là, jamais je n'aurais cru revoir plus de la moitié de ma classe de primaire que j'abandonnais. Et pourtant... (mais ceci est une autre histoire)

Tout ça pour dire qu'au fur et à mesure que j'ai grandi, j'ai vu des choses se produire. De ces choses qui sont si peu probables qu'elles dépassent notre imagination ou notre entendement. Ce genre d'événements dont on dit typiquement "Ça arrive que dans les films". Quand on dit adieu à quelqu'un qui quitte le lycée pour un pays lointain, et qu'on a fait la même chose il n'y a pas si longtemps, on pense ne jamais le revoir. Puis le temps passe et cette personne revient, comme ça tout simplement ! Il y a aussi ces parfaits inconnus dont on croise le chemin, dont on n'imagine pas qu'ils deviendront nos meilleurs amis, on ne l'envisage même pas. Et pourtant, les circonstances, certains détails à un moment parfois crucial de notre existence, mêlent nos destins (j'aime à croire) à jamais.

C'est ça la vie. Une série d'événements plus ou moins probables, qui s'enchaînent dans un ordre aléatoire mais toutefois conditionné par les événements passés.

Et pas plus loin que ce weekend, j'ai reçu ce cadeau de revoir deux amies de longue date, ensemble, ici à Abu Dhabi ! Quelle était la probabilité que moi, travaillant en Colombie (alors là aussi, quelle en était la probabilité) me retrouve à Abu Dhabi le weekend même où une amie de prépa qui travaillait ici faisait sa fête de départ (car elle décolle dans moins d'une semaine pour aller vivre au Royaume-Uni), et qu'une amie d'enfance (mais vraiment d'enfance) se retrouve elle aussi dans cette ville, où elle est arrivée il y a une semaine à peine pour un stage (dans la même boîte que moi).........

Enfin bref, s'il vous prend de l'oublier à cause d'un mauvais moment ou de tracas, je vous répète que la vie est un cadeau, et qu'elle nous le rappelle régulièrement. Méditez à présent !

jeudi 8 juillet 2010

The Mall version orientale

Les malls ici, c'est la folie.

Premier constat, tout comme en Colombie, à part aller dans un mall ou dans un hôtel, pour s'occuper, il n'y a pas grand chose à faire ici. Il fait trop chaud pour se balader ou se poser dans la nature, d'ailleurs il n'y a pas vraiment d'espace vert ; pas trop d'espaces culturels, ni vraiment de lieux de rassemblement dédié (je vous ai parlé de la pénurie de restos/cafés ?).

Alors tout le monde se rabat sur le mall, espèce d'appendice de ciment, sanctuaire de la consommation. Ici les gens puent l'argent et ils le claquent, entre bijouteries, haute-couture, grosses voitures, montres de luxe. Ils ont beau tous porter des robes, blanches pour les messieurs, noires pour les dames, vus leurs cabas ils doivent tous être comme Superman et dissimuler un caleçon brodé de rubis et une cape en diamant sous leurs vêtements civils, sinon je ne comprends pas...

Mais la consommation ce n'est pas que mettre la main à son portefeuille, demander combien et payer. Ici la consommation c'est aussi la consommation des yeux, et c'est très étrange à dire.

En France tout le monde se plaint de sentir ne pas exister, d'être une miette dans le référentiel du métro maussade qui rend les gens gris (ça marche aussi dans l'autre sens).
Ici, les gens contemplent. Ils contemplent les boutiques, les jolies robes de créateurs, les voitures brillantes, les montres incrustées de diamants, les sacs haute-couture, les écrans plats design. Et puis ils contemplent les autres, les dames en noir, parfois maquillées comme des camions volés, reluquent d'autres dames en noir, tandis que les dames pas en noir les regardent aussi ; et puis les gars en blanc, eux, ils regardent tout ce qui passe. Il marchent en bande, entre mecs. Ils évoluent en ligne, comme les gangs, histoire d'être en confiance peut-être, ils parlent peu, et ils regardent. Rien ne leur échappe. C'est un peu comme aller au musée vous me direz, personnellement je ne sais pas, une chose est sûre, moi aussi je contemple !

Bon après c'est vrai qu'au mall, y a toujours des attractions qu'on verrait nulle part ailleurs (ni en ville, ni dans aucun autre mall ailleurs qu'aux Émirats). L'autre jour c'était un orchestre. Mais attention, les gars ils rigolaient pas, ils étaient en uniforme rouge, et ils étaient genre 418, posés là, à l'intersection de deux couloirs, pas loin d'une fontaine, d'une voiture à vendre, du café de la Paix et du Colombus Café, coincés entre une boutique de Rolex et un vendeur de parfums concentrés. Ah les parfums concentrés : ce sont ces huiles de parfums encore plus de luxe que les versions de luxe européennes, qui coûtent cinq paupières les 3 millilitres, qui sont un mix de Poison, Shalimar et Chanel numéro cinq, et qui te collent à la peau 78 shampoings.

Aujourd'hui, même lieu, différents protagonistes, les hommes en rouge laissaient place à des femmes en satin, des Indiennes en Sari aux couleurs de l'arc-en-ciel, qui dansaient au gré de notes orientales avec le bruit, l'odeur et l'image de la fontaine en arrière plan. Tu m'étonnes que les gars passent leur vie à déambuler dans les couloirs du mall, ou même parfois restent assis là à attendre on ne sait trop quoi (enfin si maintenant).

Mais je caricature, il n'y a pas que des femmes en noir et des hommes en blanc, c'est vilain ce que je fais là. Dépeignons avec plus de nuances le spectacle des badauds du Marina Mall. D'abord il y a des étrangers : genre des blancs, et puis des asiatiques aussi (les gens qui travaillent sur place, et particulièrement les dames, viennent principalement d'Asie orientale). Puis il y a les têtes d'arabes, vêtus à l'occidentale ou à l'orientale, genre à la libanaise ou à la tunisienne : demoiselles maquillées à la truelle et au plâtre, juchées à quinze centimètres du sol et évoluant maladroitement dans cet environnement visiblement hostile, au plancher de marbre bien trop lisse, et gloussant chaque fois qu'elles manquent de se manger par terre; y a les arabes émo, ça fait un choc la première fois, avec les cheveux en mode Mac Guyver qui aurait bouffé Olive et Tom, et qui te mettent mal à l'aise parce que tu as beau chercher, t'arrives vraiment pas à déterminer avec certitude leur sexe tellement dans un cas comme dans l'autre tu sens qu'ils ont manqué une étape de l'évolution naturelle d'un organisme différencié.

Et puis évoquons tout de même cette gothique bien planquée, qui passait carrément inaperçue ici malgré ses yeux façon the Crow, et une choucroute de cheveux (vue sur Amy Winehouse), à peine planquée sous un voile noir assorti à la robe, raccord avec les shoes le tout agrémenté d'un diamant au nez qui était résolument le détail qui tue.

mardi 6 juillet 2010

Une fenêtre sur ma vie

J'ai fait le choix de laisser ce blog en accès libre, parce que je sais à quel point moi-même j'étais curieuse il y a quelques mois de découvrir à quoi ressemblait la vie d'un field engineer, même si aujourd'hui je pense que ce blog dépasse la simple dimension boulot.

J'ai eu la surprise d'apprendre que des inconnus me lisaient (j'ai même eu des commentaires), ce qui fait bizarre. Internet rapproche les gens, du moins ceux qui prennent la peine de venir plus près.

Dans mon cas ce rapprochement est à sens unique, j'ouvre cette petite fenêtre sur un pan de ma vie quotidienne, sur mes états d'âme et mes opinions. En retour que reçois-je ? Est-ce une illusion que de croire qu'un blog permet de maintenir un dialogue, un équilibre entre ce que l'on donne et ce que l'on reçoit ? Je n'étais pas si dupe et j'avoue avoir moi-même suivi bien des blogs (et continuer de le faire) sans jamais laisser de commentaire, pour dire quoi d'ailleurs ?

Ce n'est donc pas pour les autres que l'on écrit. C'est un des exercices les plus égoïstes qui soit. Écrire c'est personnel, on le fait pour soi, pour tout de suite, et pour plus tard. Figer des pensées, immortaliser des instants, pour survivre d'abord, parce que l'on est ailleurs, au propre ou au figuré (ou les deux), que l'on ne trouve personne à qui parler, sauf soi-même. Puis pour revivre, bien après les faits, et goûter au plaisir de se remémorer des détails qui peuvent sonner bancals, car on n'avait pas pris la peine de se relire, mais qui font malgré tout sourire. Un conte de fée écrit à neuf ans ou un poème griffonné à vingt-quatre ans, l'essentiel c'est le témoignage.

Prendre le temps d'écrire c'est prendre le temps de réfléchir à ce que l'on vit, c'est s'arrêter, souffler, reculer, et jeter un regard différent sur un quotidien qui sinon a vite fait de nous engloutir, écrire c'est sortir la tête de l'eau, c'est sentir, c'est vivre.

lundi 5 juillet 2010

La vie rêvée des hôtesses de l'air

Pour la suite du périple à Dubaï, je n'ai pas super envie de vous raconter des banalités du genre : wow c'était super haut, ou wow c'était super grand, je crois que le simple fait de vous dire que c'était Dubaï devrait vous donner un ordre de grandeur de la taille des bâtiments, des superficies, et de la folie ambiante.

Je précise quand même que le Dubaï Mall (le centre commercial le plus grand du monde, est-il réellement besoin de le préciser ?) est une espèce de ville climatisée où l'on trouve tout ce que l'on peut chercher, du luxe au high-tech en passant par une patinoire, un aquarium géant, des super marchés, une galerie Lafayette et je ne cite là que ce que j'ai vu en ne faisant qu'une allée, en moins de trois heures.

Sinon dans les rues de la ville, il n'y a pas de piéton. En fait ce sont partout des axes de la taille d'autoroutes et rien n'est fait pour les Pakis (et les quelques touristes non prévenus, comme mous), qui sont à pieds. Je dis Pakis parce que dans la rue, c'est tout ce que l'on voit. Dans les magasins, on voit aussi des Indiens, des Népalais, des Indonésiens, quelques Éthiopiens et d'autres minorités également. C'est là la population active du pays (Dubaï, AD, même combat).

Pour ce qui est des bâtiments, on voit des banques, des buildings et quelques boutiques, des grues de construction (partout) et des stations service. Mais pas de café en vue. Je ne crois pas non plus avoir vu de restaurant en fait, et j'ai uniquement mangé dans des restos à l'intérieur de CC. Ah ça des CC, il y en a ; au moins ça fait un point commun avec la Colombie. Donc le seul moyen pour rencontrer des amis, hormis l'option d'aller directement chez eux et celle de cramer par 45o à l'ombre, c'est d'aller dans un hôtel. C'est le choix de tous les expats, en particulier ceux qui consomment de l'alcool, que l'on ne peut pas trouver dans les commerces ni dans les restos/bars de la ville puisqu'il n'y en a pas. Pour aller voir un match de foot, c'est pareil, il faut aller à l'hôtel.

C'est peut-être ce fait culturel qui laisse penser que la vie ici est très Jet-Set. La population des hôtels est très cosmopolite, entre les Asiatiques derrière les plateaux et les Européens qui se font servir. Mais quand on parle un peu aux gens, on se rend compte que ce sont bien souvent des hôtesses de l'air qui ont choisi de mener la grande vie tant qu'elles sont jeunes, paumées et pas encore ridées. La vie ici est plutôt bon marché, même dans les hôtels où un plat revient moins cher que dans un resto parisien. Hôtesses de l'air, hôtesses d'accueil, vendeuses dans des boutiques étrangères, tout autant de professions qui les nourriraient à peine en Europe, les transforment ici en princesses du désert.

Voilà donc le secret de la Jet-Set des pays du Golfe. Bien sûr je ne parle pas des gens qui habitent certains de ces hôtels, des plus luxueux du monde. Ceux-là, les Émiratis, ont des rentes de l'État, et des primes diverses à chaque étape de leur vie. Je ne développe pas encore car je n'en ai toujours pas rencontré de vrai, et ai encore du mal à faire la part des choses quant à toutes les histoires que j'entends à leur sujet. C'est un peu le mythe, chacun y ajoute un peu alors on ne sait pas trop si c'est du téléphone arabe ou la pure vérité.

samedi 3 juillet 2010

Dubaï

Après avoir passé deux mois à croire que j'avais rencontré en Barrancabermeja la ville de tous les superlatifs, je suis contrainte de revoir mon opinion à la baisse après cette journée passée à Dubaï.

Journée mémorable passée dans une ville mémorable.
Pour établir les bases de la conversation, je dois commencer par vous expliquer que chaque chose dont on pense pouvoir créer un record ahurissant, Dubaï s'est fixé pour objectif de la posséder. La tour la plus haute du monde, le centre commercial le plus grand du monde, le hall le plus large du monde, l'aéroport le plus grand du monde, l'île artificielle la plus folle du monde, et la liste continue comme ça.

Le pire c'est que personne ne comprend le but ou l'objet de toutes ces bizarreries.
Je veux dire par là que Dubaï, c'est pas le genre de villes qui souffre de surpopulation ou d'avoir des gens plus grands de taille que la moyenne. C'est juste comme ça, pour le bling bling en quelque sorte, comme d'autres portent des talonnettes ou des montres qui brillent. Chacun bling bling à la hauteur de son porte monnaie (ou de ses crédits, il faut croire).

Le problème avec tous ces superlatifs, c'est qu'ils ne se racontent pas, ils se vivent la plupart du temps. C'est donc contrainte et forcée que je m'efforce d'extraire la substantifique moëlle de ce voyage. Mééé non c'est avec un plaisir non dissimulé que je vous ai concocté ce petit résumé de ce que l'on voit et ressent dans cette aberration de la nature...

L'arrivée à Dubaï :
Rien à faire, arriver par la route, après deux heures de désert, et voir surgir au milieu de nulle part, encore floutée par un nuage de sable, une ligne d'horizon pleine de gratte-ciel, c'est super flippant. On a beau savoir à quoi s'attendre, on ne s'imagine jamais au choc de voir des espèces de parallélépipèdes de métal tout droit sortis du monopoly dans ce décor digne des mille et une nuits, ça fait désordre, et l'on ne s'y fait jamais vraiment.
Puis on arrive dans l'enceinte de la ville, sur l'autoroute, bordée par des affiches de bonshommes en robe blanche et cheich, surmontées par cette sorte de tunnel surélevé, qui n'est en fait rien d'autre que la ligne de métro, construite en un temps record et reliant les principaux points de la ville. Au loin, un palais digne des Mille et Une Nuits, avec une grande porte. Sont-ce les portes de la ville ? Nous apprendrons plus tard dans des circonstances des plus inattendues qu'il s'agissait d'un hôtel de luxe situé sur Palm Islands, les îles artificielles de la ville.

Retour en arrière, le programme :
Le programme de cette journée était d'aller visiter Dubaï, située à trois heures de route de MLC (à vitesse slb), profitant des navettes mises à notre disposition par la boîte le weekend. Lever aux aurores, comme toujours, pour réserver une des vingt-huit places qui valent de l'or, car il n'y a qu'une seule navette qui part avant midi, sinon il faut attendre 5h de l'après-midi.
Nous étions une petite dizaine, du cours de cette semaine, à avoir le même projet : visiter les incontournables de cette ville, regarder Le match et rentrer en bus.

Je sais que nous ne sommes qu'aux portes de la villes, mais c'est déjà la fin de cet épisode, parce que j'ai sommeil et parce que c'est comme ça.
Mais venez retrouver bientôt la suite sur cette ville, ses secrets, et of course ce qui est devenu maintenant mon objectif personnel : lever le doute sur l'existence des Émiratis. Légende urbaine ou vérité vraie, parviendrai-je à en recontrer un specimen de cette espèce qui semble se fondre dans le paysage urbaniste comme les iguanes dans la végétation barrancabermejoise ? Existent-ils vraiment ? Pour le savoir, rendez-vous au prochain épisode !

jeudi 1 juillet 2010

Soleil, désert et plantes vertes

Ça fait déjà près d'une semaine que je suis ici, et je commence à me faire au jet-lag et à la nourriture de la cantine.

Cette semaine les cours étaient très généraux, nous étions avec des gens d'un autre segment, c'est comme ça que je me suis retrouvée assise à côté d'Egor (vous vous souvenez d'Egor ?) en classe pendant une semaine !

Ça fait bizarre de parler anglais après tous ces mois d'espagnol. Ça fait bizarre d'entendre parler arabe autour, ou français parfois.


Ici c'est comme un campus, avec la dimension internationale en plus. On découvre de nouvelles cultures, et aussi comment se passent les choses dans d'autres endroits du monde.
Ici il fait chaud, plutôt sec, mais bizarrement il y a de la végétation un peu partout. Il y a aussi plein de fontaines, le luxe absolu au milieu de ce désert où le sable se fraie un chemin jusque sur les autoroutes.

Quant à notre fil rouge, toujours pas d'Émirati, mais je mène l'enquête !