"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

vendredi 29 avril 2011

Idée lumineuse du jour

J'ai envie d'un talkie-walkie.

C'est pas une blague en plus.


Attention j'ai pas envie de ces Avantel (c.f. ici) que l'on trouve en Colombie et qui sont chers et trop sophistiqués. Je veux un talkie-walkie pourri ! Enfin quand je dis pourri, je veux dire : je le veux VINTAGE ! Genre bien gros, avec une carcasse lourde en plastique de couleur improbable vouée à s'écailler, et je le veux avec une bouton UNIQUE et surtout, une grande antenne, rétractable cela va sans dire.


Comment est née cette envie inutile ?

Un jour il y a quelques années (pas plus de 7 ans, je ne vous parle pas de préhistoire non plus), alors que j'étais au ciné à Paris, j'ai rencontré une camarade d'enfance, de Tunis, assise juste devant moi. On se claque la bise, prend des nouvelles, quand soudain un petit bruit électronique atypique retentit, le même que dans les taxis que contactait leur centrale, avant l'ère du GPS et autres téléphones portables. "Tuututiit". Et voilà que ma camarade sort un TALKIE de son sac, l'air de rien, et parle à son ami parti chercher du pop-corn, pour lui dire où elle était installée, partageant leur conversation avec tous les gens déjà dans la salle. GÉANT ! Bon bien sûr personne n'a rien pigé, eux y compris, à cause des interférences, mais quand même ! Bon et puis c'est sûr qu'au-delà de 250 mètres un talkie devient totalement obsolète, mais ça reste tellement stylé.....


J'imagine déjà ce que deviendrait ma vie si elle était égayée par un talkie. Je trouverais mille choses inutiles à faire avec, à commencer par essayer de capter la fréquence de la police du coin (légende urbaine quand tu nous tiens), avant de définitivement le reléguer aux oubliettes parce qu'on comprend vraiment rien à cause des grésillements continus en "prshchchkrwaaabrrrfttfrchhh"...

L'autre truc qui me travaille, c'est qu'un talkie tout seul, c'est pas hyper pratique en fait. Si ces gadgets se vendent par paire, c'est pour une bonne raison. Mais du coup il faut savoir à qui donner le walkie, cet alter ego du talkie, son frère ami, son âme soeur, acte qui a ce facheux défaut qu'il scelle le champs des possibles pour ne pas dire qu'il restreint les interlocuteurs potentiels à l'unité. Bref choix compliqué... Et c'est peut-être aussi pour ça que j'ai pas de talkie en fait.

mercredi 27 avril 2011

Flash-back sur les congés soudains

Je n'avais pas été aussi heureuse depuis des mois. Dimanche et lundi derniers, alors que je venais d'acheter mon billet d'avion, j'ai plané. Pouvoir rentrer chez soi, de si loin, à peine le surlendemain, c'est le genre de bonnes nouvelles qui cassent la routine et égayent non pas une journée mais au moins un mois !

J'ai entassé le maximum d'affaires que je pouvais dans mes valises, avec ce pressentiment que la prochaine fois que je partirai, ce sera la bonne, le départ avec un grand D, comme définitif.

Mon envie de changer d'air peut sembler soudaine et injustifiée, je pense qu'elle a germé peu à peu dans mon esprit et que depuis des mois mon moral a été en baisse. Partir au Royaume-Uni visiter mon futur centre, rencontrer ma future équipe et revoir des amis proches m'a rappelée au "monde réel", et m'a fait miroiter un espoir de "vie normale". Quand je me suis lancée dans cette aventure, je formais ce voeu qu'une année et demi passée sur le terrain me donnerait l'envie - qui me manquait cruellement - de travailler dans un bureau avec des horaires qui s'y rattachent. Il faut croire que ça a marché !

Aujourd'hui je ne sais pas encore à quand est fixé mon retour, mais quoi qu'il en soit je sais que cette date se rapproche à grands pas, et que je l'accueillerai à bras ouverts, pour de nouvelles aventures !

lundi 18 avril 2011

Quand y en a marre..

et qu'il y a besoin de se reposer et de se ressourcer, ben on fait trois clics et on se paie un billet pour Paris pour le surlendemain (et Tunis, of course) !!!

À mercredi, et d'ici là pas de bêtise :)

samedi 9 avril 2011

Ma semaine pas mytho

Cette semaine a été plutôt riche en événements du genre "faits divers" et complètement inutiles. C'est une raison plus que suffisante de vous en tenir informés.

Lundi c'était un jour pépère à la base, tranquille sous un soleil de plomb, rien à signaler.

Mardi j'ai cédé à la douleur qui m'attaque au cou depuis déjà plusieurs mois. J'en ai jamais vraiment parlé avant parce que je pensais que c'était juste une douleur due à un rythme de vie un peu trop soutenu, mais en fait vu que depuis une semaine je dors beaucoup, je mange très bien et j'ai encore mal au cou, j'ai pensé que c'était le moment d'agir. Profitant d'une après-midi peu chargée, je suis sortie du taf à 17h30 (youhou!) et ai pris rendez-vous dans un spa pour me faire masser ce maudit cou. Bon en vrai ça devient croustillant au moment où le massage s'achève (une heure de relaxation, un pur bonheur), qu'un orage éclate et que les plombs du quartier sautent. Jusque là, rien d'extraordinaire, on a l'habitude. Le massage terminé, je me rends à l'accueil, éclairée à la lumière de mon téléphone portable, et me retrouve nez à nez avec une amie et collègue qui vient de rentrer de 3 semaines de vacances. Un peu étonnée qu'elle se paie un massage au retour de vacances je lui demande ce qui l'amène ici. "Ah en fait je me suis fait opérer pour m'enlever le gras du ventre, j'étais pas vraiment en vacances, du coup maintenant je suis une cure de massages pour aller mieux". Elle me sort ça de but en blanc et avec une aisance déconcertante, comme si elle me parlait de ses courses au supermarché. Alors j'ai pas tout de suite réalisé, moi, et puis il faisait noir alors je pouvais pas vraiment vérifier sur elle. Du coup je lui demande de quoi elle s'est fait opérer, croyant que peut-être j'avais mal compris. Elle me dit en anglais qu'elle s'est fait une liposuccion et me raconte les détails ragoûtants de ses vacances de remise en forme d'opération, et semble un peu déçue que je lui dise "ah oui tiens ça passe presque naturel", la première phrase qui me vient à l'esprit, complètement maladroite et européenne quand on y réfléchit bien, à mille milliard de lieues de l'esprit local (en même temps si une liposuccion semble naturelle, c'est qu'on n'en a peut-être pas retiré assez..). Quelques minutes plus tard, bim le courant revient et je constate que oui, en effet, elle s'est fait aspirer la taille de manière drastique et à la frontière du réel. On dirait un tronc d'arbre grignoté par un castor, sauf que le tronc est encore debout, défiant les lois de la gravité. Je m'exclame que oui oh oui c'est.. comment dire.. liposuccé. Elle est ravie de voir que les résultats sont visibles, me demande de le garder entre nous (à ce propos, je compte sur votre discrétion) parce qu'elle a raconté à tout le monde qu'elle avait "juste" suivi un régime pendant ses vacances, tiens ça a marché, cool...

Bref mercredi a été le jour tampon pour me permettre d'absorber l'information du mardi soir.

Jeudi la terre a tremblé ! Bon je sais que ça fait super ptit joueur de balancer ça après les événements du Japon, mais on fait avec ce qu'on a et oui, ici aussi on a senti la terre trembler, même si aucun sismographe ne l'a enregistré parce que ça doit se compter en partie décimale sur l'échelle de Richter ! À huit heures du matin, alors que nous étions en réunion du matin, on entend un énorme BONG durant 1/2 secondes et on sent une secousse, comme si un camion était rentré dans le mur de la base. C'est d'ailleurs ce qu'on a cru. On a regardé par la fenêtre, mais y avait rien qui ressemble à un camion encastré dans le mur. On est sorti voir à la terrasse, et tous les gens de la base (tous en réunion à cette heure là) étaient eux aussi perplexes et réunis et se demandant ce qui avait bien pu se passer. Au moins ça nous a rassuré, on avait bien senti quelque chose. Une demi-heure plus tard, le verdict est tombé, la terre avait bien tremblé, au Mexique.
De mon côté j'ai joué la fille blasée. Oui ce n'est pas mon premier tremblement de terre. Jadis du temps du lycée, alors que j'étais en terminale, dans une salle de bio à une paillasse à trois avec mes deux copines de paillasse de SVT (spéciale casse dédi W & A, si vous me lisez !), alors qu'on riait comme des dindes à propos sans doute de quelque chose qui n'avait rien à voir avec le cours - il faut dire pour notre défense que le cours de bio de terminale se résument en une phrase à "la reproduction des mouches drosophiles slash les phénocristaux des roches microlitiques" et qu'à ma connaissance personne de ma classe n'a fini géologue ni biologiste - la terre a tremblé une seconde et demi c'est-à-dire 150% ce que j'ai vécu jeudi matin, les paillasses ont vibré, avec mes deux potes on s'est regardé et on a gloussé de plus belle et le prof qui était sorti pour nous apporter une merveilleuse roche qu'il fallait absolument qu'on voie (je ne suis plus cent pour cent sûre mais cet événement a dû se passer la même année alors je ne prends pas trop de risques à l'évoquer) est revenu et il avait manqué le tremblement de terre, un comble pour un prof de SVT..

Voilà. Vendredi j'ai digéré le tremblement de terre, revu les classiques du genre : que faire en cas de tremblement de terre, d'incendie et puis de fuite nucléaire, sait-on jamais. PS s'imbiber la gorge de sel c'est pipeau je vous promets !

Samedi (aujourd'hui), après ma journée de boulot (on est une dure à cuire ou on ne l'est pas), je me suis fait piquer. Car la douleur à la nuque, les noeuds que j'ai ne sont pas imaginaires, et j'ai d'ailleurs carrément flippé que la kiné de jeudi soir (oui, je suis retournée me faire masser, cette fois-ci chez une kiné, toujours pour mes problèmes de cou) les grille sans que je ne lui donne aucun indice :
" - Ah oui tu as des boules là et là. Et là aussi. C'est marrant je les sens, ça te fait mal si j'appuie ?
- AHHHHHHHH."
Alors j'ai décidé de me résoudre à me faire injecter les produits qu'elle m'a prescrits. Deux piqûres, bien symétriques, pour marcher symétriquement comme un pingouin.


Voilà pour ma semaine. Demain, dimanche, départ par voie fluviale pour un job d'une petite semaine. D'ici mon retour portez-vous mieux que moi, et arrêtez de croire aux régimes ciblés miracles, ils s'appellent aiguille à gras !

dimanche 3 avril 2011

Je sais pas vous mais...

Ça fait un peu plus d'un an que je vis en Colombie, et je me fonds peu à peu dans le décor, je comprends l'humour local, et me surprends même parfois à fredonner des airs de Vallenato "à l'insu de mon plein gré".

Les charmes de la phase de découverte ont cédé leur place à la routine, et à mesure que je m'adapte à l'environnement local, paradoxalement, les petites habitudes de ma vie, mise entre parenthèse depuis mon départ, me manquent de plus en plus : aller voir un vieux film au ciné d'en-bas, manger des sushis au jardin du Luxembourg, passer l'après-midi à lire au soleil de la véranda, à Tunis, et bien sûr les miens, ma famille et mes amis, disséminés un peu partout sur Terre, partout sauf ici...

Je suis comme une bouteille vide que l'on plonge dans l'océan, au bout d'un certain temps elle se remplit d'eau, et tout volume supplémentaire ne s'ajoutera qu'au péril de ce qui est déjà dans la bouteille. Je suis saturée en culture locale, et pour apprendre une nouvelle expression je devrai me défaire d'une autre. Je me surprends à me focaliser sur les différences de mentalité qui me déplaisent et à ne voir plus que ces détails.

En ce moment, j'aspire au départ. Où ? À vrai dire n'importe où, de préférence vers une autre culture, car il y a encore tant à découvrir. Attention soyons clairs, la Colombie est un pays qui me plaît beaucoup, de même que la France me plaisait, et je ne pense pas qu'il y ait de contradiction dans ce que je dis. Je pense juste avoir appris ce que j'avais à apprendre ici, et préfèrerais profiter du temps qu'il me reste sur le terrain pour en profiter et apprendre davantage. La routine me fait toujours autant horreur, et est synonyme de déperdition pour moi. Au travail aussi elle s'installe, je la sens, de par des jobs toujours identiques. Il me faut de l'action et j'entends bien me faire entendre !