"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

mercredi 23 juin 2010

Colombiana

C'est le nom de cette boisson locale, dite extraite des racines du pays, de ses habitants, unique comme eux. Bon en vrai c'est une boisson saveur pomme, qui a le même goût que la Miranda tunisienne, mais il faut pas trop le dire à voix haute, ça heurte la susceptibilité des plus chauvins d'entre les Colombiens.


C'est aussi le nom, je trouve, de cet idéal de vie à la colombienne, comme les US et l'Americana. Je suis encore loin des canons locaux, mais chaque jour je m'intègre un peu plus.

Déjà la langue.

Il y a plusieurs stades d'intégration linguistique dans un environnement étranger. Le premier stade, c'est quand tu arrives à te nourrir en personne. Autrement dit quand tu peux faire tes courses au supermarché ou commander un plat dans un resto. C'est un petit pas pour le serveur, mais c'est un immense pas pour la survie de ta descendance. Heureusement, en arrivant je me dépatouillais assez pour subvenir à cet instinct primaire.
Le deuxième stade, c'est quand tu arrives à te déplacer seul. Attention ce stade combine à la fois des notions de langue, de géographie locale et un minimum de sens de l'orientation.
Ensuite, vient le stade où tu arrives à te nourrir à distance, par téléphone. Au début les deux parties doivent être patients et tolérants. La personne au bout du fil, clairement, parce qu'elle a vraiment pas eu de chance de t'avoir pour client. Et toi, parce que tu dois prendre ton mal en patience et bouffer des trucs que tu pensais vraiment pas avoir commandés avant de passer maître en l'art de l'achat par téléphone.
Enfin bref, quand tu passes ce stade, tu te sens à l'aise, plus rien ne te fait peur.

Après, un jour, tu te mets à comprendre sans plus y réfléchir les trucs que tu entends, et autour de toi les bruits blancs parasites se muent soudain en CONVERSATIONS.

L'autre jour je me suis surprise à comprendre la conversation d'un collègue, au téléphone. On se rend pas compte de la difficulté que c'est, de comprendre une conversation à sens unique, jusqu'à ce qu'elle ait lieu en langue étrangère... Et là donc ce gars était au téléphone et il cherchait une information, et par réflexe, je la lui donne. Là il me regarde bizarre, et en raccrochant il dit "Ah oui j'avais oublié que maintenant tu comprends l'espagnol !"

Venons-en maintenant au stade ultime. Je vous plante le décor. C'était hier, dix-huit heures trente, j'étais au bureau, en train de finir des paperasses liées à mon départ, quand soudain ma manager, seule autre membre présente dans la pièce, lance un "Viens on va chez le coiffeur et on se fait coiffer et faire les ongles".

Avant toute chose, demoiselles à l'écoute, je vous laisse savourer par procuration le bonheur que c'est d'avoir une manager féminine, presque du même âge.

Ok. Poursuivons maintenant.

Ben moi, j'ai fait "vamos !"
Déjà parce qu'il vaut toujours mieux éviter de dire non à son manager (en fait c'est pas vrai mais ça fait stylé de l'écrire). Puis mes cheveux étaient en sale état, et je réfléchissais depuis longtemps à où et comment mes les faire couper sans me retrouver avec une boule à zéro sur un malentendu. Et enfin parce que je suis vraiment une tête brûlée en matière de cheveux, et que j'adore prendre des risques capillaires - mes photos de classe sont là pour en témoigner. Alors on a pris nos affaires et on est parties dans un salon de coiffure près de l'appart. Ici ce ne sont pas les salons de coiffure qui manquent : il y en a un par pâté de maison, en même temps ils sont tout le temps pleins et ferment tard...

Bref, au bout de deux heures de travail acharné de plusieurs coiffeuses, qui sur nos ongles, qui sur nos tignasses, et je vous épargne les coups de sèche-cheveux dans la nuque, les coups de ciseaux dans les oreilles, super raccord avec les coups de lime dans les cuticules, nous sommes ressorties belles et pimpantes de ce coiffeur-surprise, pour le prix d'un coiffeur pour Homme parisien...

J'ai donc franchi le stade ultime de la Colombian attitude, too bad it's time to leave...

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