Je me sens presque de retour à Bogota, avec pour seule envie, en rentrant le soir, de dormir. J'ai toujours autant de mal à me faire à ce que nous soyons en automne, et les jours passent bien vite.
La base a vu l'arrivée d'un nouveau membre, dans un autre segment, qui nous vient de Chine. Il ne parle pas espagnol et à peine anglais. Je n'ose imaginer ce qu'il doit traverser, le simple fait de communiquer étant pour lui un énorme challenge, et ne peux m'empêcher de repenser à mes premières semaines ici en Colombie. Il fait l'objet de blagues par les opérateurs de son segment, blagues qu'il ne peut même pas comprendre - rien de bien méchant, mais ça en dit long sur la nature humaine.
La barrière de la langue est un gros handicap, et l'on a tendance à juger les capacités de quelqu'un sur la manière dont il les communique. Nous l'avons tous fait au moins une fois : être blasé de devoir expliquer quelque chose à quelqu'un qui ne parle pas notre langue ; éviter de se mettre en binôme avec un étranger pour ne pas avoir à faire tout le boulot (suppose-t-on) et passer des heures à lui expliquer, tout autant de petits détails qui maintenant m'apparaissent bien différemment, à la lumière de ce que j'ai vécu et de ce que je vis encore parfois. Il m'a fallu passer pour une cruche des semaines durant, me sentir dépourvue, frustrée et impuissante de ne pas savoir exprimer ce que je voulais dire, pour me rendre à l'évidence et cesser de juger les gens par leur vocabulaire. L'important c'est que le message passe, non ?
Alors je vous dirai ceci, mes amis : quand un touriste vous demande son chemin, quand quelqu'un vous parle en langue étrangère, ne tournez pas le dos : ça pourrait être vous, ou votre ami, livré à lui-même, seul, en terre lointaine.
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