"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

vendredi 23 octobre 2009

Med-Track

Derrière ce nom aux allures d'épisode de Star Wars se cache le check-up médical complet requis par ma future boite afin de travailler en tant qu'expat'. J'avais rendez-vous ce matin aux aurores pour passer mon examen.
Chapitre 1 : 9h45, l'arrivée
A deux rues de ministère de la Culture et de la rue des Bons Enfants se cache la rue du Colonel Driant, abritant l'organisme agréé pour ce genre d'examens, le CMETE. Une fois au 3e étage, je dois remplir un formulaire puis attendre que l'on m'appelle. Dans la salle d'attente plusieurs personnes sont déjà là, certaines se reconnaissent et discutent qui de son retour du Pakistan, qui de son départ à Riyadh, comme s'il s'agissait de Massy et Saint-Denis... Je suis témoin d'une personne appelée qui quitte la salle avec un praticien en blouse puis revient s'asseoir un instant après comme si de rien n'était. Etrange. Je me saisis d'un Paris Match qui a l'air récent et narre la vie de Depardieu père après la mort de Depardieu fils.

Chapitre 2 : la radiographie
Mon tour arrive au bout de 5 minutes d'attente, je ne connaîtrai pas les dessous de la vie de Depardieu. Une dame vient me chercher et me conduit dans un cagibi digne de ma chambre d'internat en prépa. Elle m'indique un vestiaire et me dit que je pourrai me rhabiller. Mais je suis habillée ? "On va vous faire une radio du thorax après vous pourrez retourner dans la salle d'attente". Cinq minutes plus tard je retrouve ma place, mais pas mon magazine.

Chapitre 3 : le médecin
Un homme vient me chercher, il me serre la main et sourit. Plutôt rassurant. Il me conduit dans un cabinet et me pose à nouveau toutes les questions du formulaire : maladies graves ? opérations ? antécédents familiaux ? Puis me parle de la Colombie tout en examinant mon coeur et en vérifiant mes réflexes : "En Colombie il y a le palu. Et la leishmaniose aussi ! Vous connaissez ? Oui ça se transmet par les insectes ! Mais rassurez-vous en Tunisie aussi, dans le Sud, vers Tataouine". Il aime bien bavarder. Bien sûr il évoque les Farcs, je commence à avoir l'habitude ! Il finit par m'expliquer que l'on va me faire une batterie de vaccins, un électrocardiogramme et des analyses sanguines. Je retourne en salle d'attente. Ma place et mes deux magazines sont occupés : c'est ça aussi de parler d'Ingrid Betancourt et d'accouchement dans la forêt amazonienne.

Chapitre 4 : les vaccins
Place au cocktail explosif. J'en suis quitte pour quatre piqûres : fièvre jaune et hapatites au deltoïde droit et DTC, ROR au gauche.
Mais ne brûlons pas les étapes ! J'ai d'abord droit à l'
examen scrupuleux des deux seuls papiers que je possède attestant des vaccins que j'ai subi au cours de mon existence - les plus récents remontant à 95, avec soupirs et incompréhension de mes interlocutrices en prime. J'ajoute que j'ai été vaccinée en 2003 contre le tétanos et le BCG, enfin je crois. Qui possède encore un carnet de vaccination exhaustif et tenu à jour à notre âge ? Les deux demoiselles face à moi me regardent comme une enfant de six ans, elles s'étonnent que je n'aie pas eu de rappel contre la rougeole/oreillons/rubéole vers 2 ans. Alors elles me demandent si là où j'ai vécu c'était rare d'être vacciné. Uccle, Bruxelles capitale européenne ? Bref, elles m'expliquent ensuite qu'elles vont me fournir un joli carnet de vaccination, que je devrai garder précieusement et fournir lors de mes prochaines vaccinations. Soit. Dernières contre-indications : pas d'aspirine, pas d'alcool pendant 48h. Soit. Et c'est le grand saut : deux injections par épaule, fièvre jaune, diphtérie, tétanos, coqueluche, polio, rougeole, oreillons, rubéole, hépatites A et B. Je demande si la polio ce n'était pas une goutte à avaler à une époque. On m'explique que pas spécialement, que c'est de l'intramusculaire mais que parfois le vaccin DTC (diphtérie tétanos coqueluche) se fait aux fesses pour les enfants mais qu'à mon âge on estime que le deltoïde est bien assez fourni. A-t-elle bien observé le mien ? Quatre sparadraps plus tard, je suis face à Marie France 'spécial rondes'. Tiens le nom du magazine c'était pas Marie-Claire à une époque ?

Chapitre 5 : l'électro
Dernière épreuve au troisième étage de l'immeuble. On me ventouse une demi-douzaine de capteurs partout sur le thorax puis en trente secondes une machine imprime un joli tracé censé représenter mon activité cardiaque. Il paraît qu'il me sera envoyé avec les autres résultats, que j'aurai dans une dizaine de jour ! Je peux descendre au premier, direction le laboratoire d'analyses, où je dois subir un examen de dépistage de drogue et des analyses sanguines.

Chapitre 6 : le labo
J'entre dans un autre cabinet, deux étages plus bas. Dans la salle d'attente un distributeur de boissons me nargue : il m'a été prescrit d'être à jeun pour ce rendez-vous. Comment ça se passe si le rendez-vous est l'après-midi ? Peut-être que le centre n'est ouvert que les matinées ? Et puis quelle idée aussi de mettre un distributeur ici ! Personne dans la salle d'attente. Autres magazines, moins récents.
On vient m'appeler pour l'analyse sanguine. Tout en préparant des flacons, la dame en blouse me débite tel un automate une série de consignes sans même m'adresser un regard : "après avoir déposé votre manteau au porte-manteau vous pourrez prendre place sur le siège et présenter votre bras gauche. Vous serrerez votre poignet." Elle enfonce la piqûre et me dit de desserrer, sans s'adresser à moi en particulier. Elle remplit un flacon, deux, trois, jusqu'au cinquième. "Vous allez exercer une pression sur le coton pendant que je pose les étiquettes puis je mettrai un sparadrap et vous pourrez retourner dans la salle d'attente. A votre droite vous pouvez prendre une madeleine et vous servir une boisson au distributeur dans la grande salle. Je vais vous donner un test à effectuer pour dépister le cancer du colon, vous le ferez chez vous tout est expliqué puis vous renverrez le tout en n'oubliant pas d'affranchir. L'adresse est déjà indiquée sur l'enveloppe." Elle étiquette méthodiquement ses flacons puis me tend une enveloppe. Qui a dit que le travail à la chaîne était aboli ?
Je retourne en salle d'attente, en ayant enfin compris le pourquoi du distributeur. Je mange goulûment ma madeleine avec un chocolat chaud. Il ne reste que les analyses d'urine. Mais n'ayant rien mangé depuis hier soir je commence à m'interroger : suis-je en mesure d'accomplir ce que l'on va me demander de faire ? Une dame arrive, me conduit aux WC aménagés où elle me tend un flacon, et un petit paquet. Elle appuie sur un bouton qui fait défiler un emballage plastique sur l'abattant de la toilette, me pose des questions précises sur mes pronostics quant à cette épreuve et mes conditions mensuelles. Elle m'explique à quoi sert la lingette dans le petit paquet, puis me livre les dernières consignes laconiques en ces termes : "commencez par un premier jet dans la cuvette puis le reste dans le flacon" et s'en va.
Après un long fou rire j'observe cet engin de torture composé d'une toilette classique munie de boutons ici et là et d'un support métallique à l'endroit de la cuvette. Je me questionne sur l'utilité de tous ces gadgets, puis capitule, m'installe et attends, inquiète. Et si je n'y arrivais pas ? Que se passe-t-il si au contraire la personne s'est beaucoup hydratée avant l'analyse ? Ou si un drame se produit ? Il faut dire qu'ils prennent leurs précautions en demandant si l'on pense qu'il y aura une grande commission... Bref j'arrête de stresser, et j'arrive à délivrer sur commande juste assez sans trop en faire non plus. Là c'est le drame : que faire du flacon ? Elle ne m'a rien dit à ce sujet ! Le laisser et déguerpir, sachant que l'étiquette est déjà posée, ou bien l'emporter à la réception d'un air naturel et décomplexé ? Je me décide à y aller pas à pas, en commençant par les fondamentaux. J'ouvre la porte et sors de la pièce exiguë pour aller me rincer les mains, toujours aux WC. A ce moment, la dame revient et fonce droit sur la toilette, retire mon flacon de sa main gantée et l'emporte pudiquement. Ouf, sauvée !
Je peux rentrer chez moi, il est 11h15 !

Chapitre 7 : quand y en a plus y en a encore
Arrivée chez moi je déballe mon sac et examine mes goodies. Le carnet de vaccination est minuscule et je suis sûre qu'il ne fera pas long feu ! Quant à l'enveloppe, elle contient trois petits paquets et une consigne. Par pudeur je tairai en quoi consiste le prélèvement, mais je comprends pourquoi il est à réaliser chez soi !

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