"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

mercredi 21 octobre 2009

Une idée en l'air

Avant de commencer cette réflexion que certains trouveront peut-être fausse, voici un des morceaux qui a rythmé mes années prépa et continue de nourrir mes sens aujourd'hui, qu'il convient d'écouter en musique de fond en lisant ce qui suit, pour donner le ton.



Je pensais que ce blog servirait uniquement à faire le récit de certaines de mes péripéties mais je me rends compte peu à peu qu'il n'y a pas plus ennuyeux à lire qu'une suite d'événements linéaires dénués d'impressions, de sentiments, de ressenti.

Je vais donc m'efforcer de franchir le rubicon et de livrer à qui veut le lire un peu de vécu, quelque chose de bien plus authentique qu'un tissu de banalités en définitive bien fade.

Cet après-midi j'étais dans le RER, Radiohead aux oreilles, que dis-je c'était le métro, mais déjà mes réflexes de banlieusarde me rattrapent ! J'étais dans la ligne 1. Temps gris, pluie crachotant, je me rendais à Neuilly. Et assise là, quelque part entre les Champs et la Défense, j'ai cru voir un visage familier de Supélec. L'espace d'un instant j'étais comme suspendue entre deux lieux, deux époques, à me demander s'il était rationnellement possible que je voie cet individu précis à cet endroit-là.
Il faut savoir qu'à mon arrivée en France je croyais voir au moins un visage familier de Tunis par jour, bien que chaque fois en un éclair ma raison avait vite fait de me ramener à la réalité des rues sombres parisiennes. Je pense que je voyais tellement de visages nouveaux que mon esprit essayait de se figurer une silhouette sinon amie dumoins connue en chaque passant, histoire de me sentir un peu chez moi quand même.

Mais que cela se produise alors que je suis encore à Paris, avec des visages de Supélec, ça c'était nouveau. Et c'est étrange car je me suis ainsi rendu compte que je n'avais jamais vu cette personne en dehors de l'enceinte du campus, comme si ce lieu qui n'est finalement qu'à quelques poignées de stations de RER possédait sa propre sphère spatiale et sa propre échelle du temps. Un référentiel à part entière à l'aune duquel chacun prend une valeur singulière et unique, propre à l'ici et au maintenant. Les gens tels qu'on les connaît à Supélec étaient souvent différents avant et ne seront plus jamais les mêmes après.

Cette non-rencontre m'a permis de prendre conscience que l'épisode Supélec est bel et bien fini certes, mais que ce chapitre de ma vie est clos et que dorénavant tout ce qui s'y rattachera sera du l'ordre du souvenir, du passé et non plus du présent. Ça peut paraître trivial ou insignifiant mais ça n'allait pas de soi pour moi jusqu'à présent et ce qui était jusque là une phrase abstraite, "Supélec c'est fini" prend un sens concret s'ancrant dans le réel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire