"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

mardi 5 janvier 2010

Je suis myope mais je me soigne

Ah mais je réalise que je n'ai pas raconté cet événement hautement passionnant de mon existence, mon rendez-vous chez l'ophtalmo pour contrôler ma vue.

Il faut commencer par préciser que je suis myope, mais vraiment myope. Tellement myope qu'une taupe à côté voit quand même vachement plus de choses que moi. Tellement myope qu'il en devient indécent de dire de combien je le suis. C'est pas de naissance, mais c'est tout comme, j'ai porté des lunettes avant même de savoir dire dag meneer, c'est dire. Et là comme je m'apprête à quitter le monde civilisé pour une durée indéterminée, j'aime autant y voir clair.

Ce rendez-vous, il a d'abord fallu le prendre. Je vous la fais rapide et en français.
- Allô bonjour c'est pour prendre rendez-vous
- C'est toi, Haifa, pour un rdv ?
- (EUH qu'est ce qui lui prend celle-là ?!?!) Non.. euh non
- Ahh.........
- Donc, le rdv ?
- Mercredi 16h
- C'est pas possible d'avoir un rdv en matinée plutôt ?
- Non pas de rendez-vous le matin on est complet
- Mercredi je ne peux pas, un autre jour ?
- Jeudi 10h30
- (??!!§% tu pouvais pas le dire plutôt quand je t'ai demandé un rdv le matin de préférence) Ok parfait
- c'est à quel nom ?
- KT

Et là j'aurais dû sentir l'arnaque à plein nez. On me demande toujours de répéter mon nom. Toujours. En Europe c'est le prénom qui cloche. En Tunisie c'est le nom de famille. Quoi qu'il en soit, ça ne rate pas, encore moins auprès des secrétaires, dont je soupçonne qu'elles sont recrutées sur leur faculté à écorcher les noms des clients/patients. Mais là rien, comme si elle avait non seulement compris tout de suite les mots que j'avais prononcés mais qu'en plus elle était en mesure de les retranscrire sans demander d'épeler. Venant d'une personne qui confond ma voix cristalline et pure avec celle d'une vulgaire autre personne. Bullshit.

Le jour du rendez-vous, je vous passe les détails sanglants de mon réveil tôt, enfin à 9h quoi, et saute directement à la salle d'attente, où nous arrivons, mon père et moi à 10h15 histoire de prendre de l'avance car il m'explique qu'ici c'est la jungle et que la règle du Premier Arrivé Premier Servi s'applique dès lors que le médecin arrive, c'est-à-dire au petit bonheur la chance, selon son bon vouloir et la qualité de sa soirée de la veille.

On arrive, la secrétaire me demande mes prénom, nom et date de naissance (des fois sans doute que le même jour à la même heure deux personnes nommées pareil seraient tentées de se présenter au cabinet), qu'elle consigne sur un registre. Elle ne demande pas si on avait rendez-vous et encore moins à quelle heure il est prévu, d'ailleurs rien sur son registre ne ressemble à une liste de rendez-vous. Le traquenard se confirme.

C'est marrant, dans la voiture mon père m'expliquait comment de manière générale aller chez le médecin le 31 décembre était un choix optimal car tout le monde était occupé à préparer le repas du soir. Et j'y ai cru. Jusqu'à ce que les 15 chaises de l'immense salle d'attente que ma manie de l'optimisation avait toujours jugée inutilement sur-dimensionnée soient prises d'assaut, quelques jeunes hommes dotés de sens civique laissant même leur place aux moins jeunes.

En l'espace d'une demi heure une douzaine de patients avaient déboulé dans le cabinet, comme si en ce dernier jour de 2009 soigner sa vue était devenu une question de vie ou de mort. Arriver quinze minutes à l'avance nous avait quand même permis de prendre des places assises et d'être inscrits parmi les premiers de la liste du médecin.

10h45, mon tour arrive. 10h50, je sors, ordonnance en main, délestée de quelques billets, et ayant perdu 0.25 points à l'oeil gauche. Entre les deux, cinq minutes de contre la montre où l'ophtalmo
- m'agresse car ça fait plus de deux ans que je n'ai pas consulté
- regarde la montre
- m'enfonce les lunettes de tests en me demandant de lire les lettres que je tente de déchiffrer aussi vite que possible
- regarde la montre en changeant les verres
- imprime mes ordonnances
- regarde la montre en me disant au revoir

En se rendant au cabinet mon père m'avait rappelé que la dernière fois que j'avais consulté ici j'avais dit que ce serait la dernière, fait que j'avais totalement oublié ou plutôt occulté, et je n'étais même plus en mesure de lui expliquer pourquoi j'avais dit ça - je ne gardais strictement aucun souvenir de ma dernière consultation. Alors aujourd'hui je témoigne pour ne plus jamais me faire avoir à nouveau par l'ophtalmo qui soigne plus vite que son ombre et dont la secrétaire propose 20 rdv à 10h30 un 31 décembre, ne prend même pas la peine de me dire combien je lui dois pour la consultation, n'orthographie pas correctement mon nom et ose s'enquérir de ma date de naissance sans raison notoire. Na !

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