"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

mercredi 27 janvier 2010

Keep in touch

Chers amis,

Avec le temps il devient difficile de rester en contact avec tous ceux qui comptent pour moi, a fortiori quand la distance ne joue pas en notre faveur.

Aujourd'hui avec les moyens technologiques mis à notre disposition - le téléphone, l'e-mail, le chat internet - on part loin plus facilement, bercé de la douce illusion que l'on ne s'éloigne pas tant que cela puisqu'il y a internet entre nous. Pourtant il me souvient (matez l'expression, lyrique à souhait pour donner le ton) qu'étant plus jeune, les lettres étaient un excellent moyen de communication. On n'écrit pas une lettre de banalités, le timbre coûte bien assez cher pour qu'on se le permette, donc souvent on prend son temps, genre un ou deux mois, pour rassembler toutes les nouveautés à raconter au destinataire, du coup les lettres ressemblent souvent à des romans fleuve en 15 pages, et c'est tout bénéf pour le lecteur de la missive, dont on illumine souvent la journée.

Et puis une lettre c'est matériel, quand on la reçoit on se dit '.. a touché ce papier et a noirci la feuille de sa main', c'est symbolique et précieux. Alors on la conserve, dans son enveloppe, avec la pile d'autres lettres patiemment accumulées comme un trésor et soigneusement rangées à l'abri des regards indiscrets, pour la relire de temps à autre.

Mais un e-mail, ça n'a pas d'odeur, ça n'est pas personnalisé par l'écriture de son auteur, ses ratures. Il ne faut pas acheter de timbre, aller poster la lettre, attendre que le facteur passe et ouvrir précautionneusement l'enveloppe en vue de la garder intacte pour y glisser la lettre une fois goulûment dévorée. On a tellement banalisé le fait de donner des nouvelles que bien souvent, on ne le fait plus.

Savoir qu'à tout moment on pourra cliquer sur "envoyer" engourdit les membres et ramollit la cervelle et l'on demeure dans un état d'hébétude confiante où l'on s'étonne de ne pas recevoir de nouvelle mais où l'on n'en donne soi-même naturellement pas puisqu'on pourra le faire plus tard.

En 5/2, déjà consciente de ce constat, j'avais réinstauré le mode épistolaire avec certains amis restés en Tunisie et d'autres amis intégrés loin de Paris. Il faut dire que je n'allais pas très souvent sur internet cette année-là. J'ai tenu tout le temps de l'année scolaire, mais étrangement pas davantage. Aujourd'hui ce procédé me manque, car j'ai l'impression que les nouvelles échangées numériquement sont souvent plus superficielles et paradoxalement plus rares aussi.

Si j'y repense en ce moment, c'est aussi que je ne suis pas encore tout à fait partie que vous me manquez déjà, amis de France et de Navarre...

Votre K.

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