La Tunisie, c'est pas la France, on est d'accord. Vous savez certainement qu'on ne va pas au lycée à dos de chameau, qu'on a l'électricité, l'eau courante (même le gaz de ville en ville, qui l'eût cru !) et Internet.
Oui mais la Tunisie, c'est quand même pas la France, et j'en sais quelque chose, j'habite en Tunisie, et à la campagne. Quand je suis arrivée, à 9 ans, je quittais Bxl et le monde magique des Frosties, nutella et petits pois congelés pour atterrir dans un petit patelin où les bergers font paître leur bétail en face de chez nous, où le pain s'achète parfois au bord de la route et certaines denrées telles que l'huile ou les céréales se vendent au kilo. Un gouffre intersidéral à franchir, vous l'aurez compris, pour une gamine qui ne savait même pas que les petits pois poussaient dans des cosses !!!
Depuis ben j'ai vécu à Tunis, et comme on dit, à Tunis fais comme les Tunisiens. Puis je suis repartie vivre en Europe à l'ère de la cuisine adsl et de la nourriture 2.0. J'ai appris à boire du jus d'orange en brique, à faire des tartes aux pommes à base de pâte feuilletée du rayon frais et de compote en pots ou des briks à la purée en poudre et persil Fleurette. Et depuis décembre, retour à Tunis où il faut réadapter son mode de vie au rythme local. Il y a le bon : les œufs fermiers ; les bonnes oranges du terroir - dites Thomson, allez comprendre pourquoi ; le thon qui est un pur régal. Et il y a le moins bon, qui touche souvent le domaine de la pâtisserie. Ici la farine manque de gluten, le beurre quand on le mélange à d'autres aliments , décante (sans rigoler), le sucre en poudre est trop épais et le sucre impalpable granuleux.
Toute cette introduction pour vous raconter comment hier j'ai essayé de faire des macarons ! J'ai cherché du colorant alimentaire partout, mais ai capitulé et me suis résignée à les faire 'couleur nature' quand on m'a appris qu'il se vendait uniquement sous forme de poudre dans une boutique en centre-ville. Je me suis approvisionnée en papier cuisson - il a quand même fallu faire 30 bornes pour en trouver, en sucre impalpable et poudre d'amande qu'il a fallu moudre à nouveau au pilon pour en faire une vraie belle poudre - un vrai beau mortier-pilon en cuivre. Tous ces efforts, et je vous épargne les heures passées en cuisine et l'état de mes vêtements au bout du compte, pour me retrouver avec des coques qui s'étaient littéralement aplaties en cours de cuisson et avaient même eu le culot de bronzer côté pile. Non mais franchement, j'avais même prévu de la confiture Bonne Maman pour les fourrer, mais bon ça a donné des espèces de macarons surprise : pâlichons sur le dessus et à cœur carbone pour les premiers. J'ai bien essayé de faire croire à mon panel de dégustateurs que c'était pour leur donner du caractère, ils ne m'ont pas crue. Alors pour les fournées suivantes, j'ai fait en sorte qu'ils ne brûlent pas mais j'ai été moins regardante sur leur forme, du coup je me retrouve avec des macarons transgéniques où aucune coque n'a trouvé d'âme-sœur. Bref vous savez quoi ? je m'en fous : ce qui compte c'est la beauté intérieure d'abord !
PS : je ne vous ferai pas l'affront d'illustrer mes propos par une photo-trophée, je suis bien trop humble pour cela !
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