"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

dimanche 28 mars 2010

Identité (Inter)nationale ?

J'ai dormi tôt cet après-midi (pour une fois je suis rentrée chez moi avant le coucher du soleil, enfin juste avant hein, faut pas rêver !) ce qui fait qu'après six heures de sommeil, plus moyen de fermer l'oeil - est-il besoin de mentionner que c'est précisément ma quantité de sommeil journalière en ce moment ?

Alors je réfléchis. C'est rare d'avoir du temps, alors que dire du temps de penser ! Ça fait bizarre après cinq mois durant lesquels j'avais du temps à revendre.

Je pense à toutes ces questions d'identité. J'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs étrangers ici, même si l'on n'est pas nombreux. Il y a ceux que l'on repère de suite, à leur teint, au fait qu'ils s'expriment en anglais. C'est toujours marrant d'essayer de deviner d'où vient quelqu'un, surtout après parfois plusieurs mois voire plusieurs années de vie ici. Il y a ceux qui se fondent dans la population, mais qui ne s'en rendent pas encore compte. J'ai rencontré un Français vivant en Amérique du Sud et marié à une Équatorienne qui s'est vexé comme un pou quand j'ai noté qu'il avait un accent local quand il parlait la langue de Molière (je ne savais pas encore que Français il était). Il y a ceux qui considèrent qu'ils vivent encore là-bas chez eux et ne sont ici que de passage, quand bien même ils sont ici depuis plus d'un an et sont partis pour rester encore un moment. Défense inconsciente de leur identité ou simple absence de réflexion à ce sujet ? Il y a ceux qui s'adaptent, comme cet Anglais croisé ici qui avait vraiment un visage caractéristique, et qui au bout d'un an de vie ici, arbore casquette, barbe et accent américain...

Ici pour simplifier les choses je dis que je viens de Tunisie, rapport à ma couleur de peau et à mon prénom. Si je ne revois pas la personne, ça passe. Mais si c'est quelqu'un avec qui je suis amenée à discuter un peu plus longtemps, ou à qui je dois donner mon nom, les questions sous-jacentes ne tardent jamais. C'est fatigant, mais c'est comme ça. A chaque nouveau départ, ça ne manque jamais. J'ai un prénom compliqué, un nom qui prête à confusion, une histoire mouvementée. C'est moche à dire mais depuis toute jeune parfois je me sens déracinée. Pas intrinsèquement, loin de là, je sais très bien qui je suis et ce que je suis, mais plutôt à cause des autres, de cette norme, de ce que la plupart des gens expérimentent et s'attendent à entendre du fait que bien souvent ils aient du mal à assimiler que l'on puisse avoir une, deux, ou plusieurs cultures différentes, aussi simplement que l'on ait plusieurs frères et soeurs et que l'on se sente autant parent de l'un que de l'autre. Oui d'accord mais toi, d'où tu viens ? Euh...........

Je réalise aussi peu à peu que tout ce que je vois ici, tout ce que je vis, je ne peux pas vraiment le partager, à part au travers de ce blog ou de mails. Que je le veuille ou non je change en cela qu'il m'est donné de connaître une autre culture, que les miens ignorent. Je me différencie au sens cellulaire du terme, et m'éloigne ainsi un peu plus chaque jour de ce que j'étais. D'où vient-il que les voyageurs des temps passés étaient si solitaires et finissaient en nomades du monde ? Je commence à avoir ma petite idée... Aujourd'hui mon bon vieux rock indé me manque, mais gageons qu'une fois loin d'ici j'écouterai avec autant de nostalgie salsa, raggaeton et autre rumba.

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