On est toujours privés d'Internet à la colloc, alors quand je rentre tard le soir, l'esprit plein de calculs de pression différentielle, les muscles en purée, les neurones pareils, je n'ai plus qu'une solution : allumer le quart de mur qui me sert de télé.
Je regarde tout ce qui passe. Ça fait double-emploi, c'est ce que je me dis lorsqu'il est 23h et que je ferais mieux de me coucher : d'une part ça me vide l'esprit, et d'autre part ça me fait pratiquer à la fois mon anglais et mon espagnol (je regarde essentiellement des programmes en anglais sous-titrés espagnol).
Bref en m'adonnant à cette nouvelle passion, je suis tombée sur un film qui m'a rappelé des souvenirs d'enfance : le cauchemar des cours de sport ! Suis-je la seule à avoir eu droit à un prof de sport type armée américaine, comprendre par là le stéréotype véhiculé par les séries et films américain du prof bête et méchant ? Le prof qui est persuadé que tomber malade est une preuve de faiblesse, que la meilleure façon de motiver les individus est la compétition et qu'en se moquant du niveau sportif d'adolescents on ne pourra que les aider à s'améliorer...
J'avais une prof comme ça, qui nous faisait courir par orage de mars, dix minutes, histoire de s'échauffer. Elle ne daignait adresser la parole qu'aux trois premiers de la classe. À cet âge l'EPS, comme on disait à l'époque, était encore une matière mixte, alors inutile de préciser que les filles étaient toujours à la traîne, ce qui nous valait de gratifiantes remarques du genre "Rholala les filles vous êtes vraiment nulles, en plus toujours en train de se plaindre ! Prenez plutôt exemple sur Lui" où Lui s'appliquait à l'un des trois premiers de la classe, ce qui était d'autant plus absurde qu'elle était jusqu'à preuve du contraire membre à part entière de la gent féminine.
Bon ce n'était pas que la prof, c'est sûr : moi en sport j'étais nulle (je le suis toujours) alors forcément c'était pas ma matière préférée. Mais c'était pas ma faute. C'était un cercle vicieux : jusqu'il y a 6 semaines, je n'avais pas de muscles. Enfin juste le minimum vital : un cœur, et deux cents grammes de fibres rouges savamment répartis dans le reste du corps. Un jour une prof qui tentait de nous expliquer comment lancer un poids en est même arrivée à me dire, embêtée, que le seul moyen d'améliorer mon pitoyable Pi mètres de performance (Pi comme 3,14) était en augmentant la masse musculaire de mes bras, car ma technique était à présent imperfectible. Note pour plus tard, quand j'aurai à nouveau du temps : me remettre au lancer de poids, et tenter le Pi carré maintenant que j'ai (presque) des épaules !
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