"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

jeudi 6 mai 2010

On nous écrit de Barranca

Je suis toujours vivante, gracias a Dios comme on dit par ici, et même que vous savez quoi ? je dois être maso parce que je commence à bien me plaire ici. Une fois qu'on s'acclimate aux moustiques, à la chaleur, aux iguanes, à l'humidité, ben c'est tout de suite plus facile !


Une mise à jour s'impose.

Ici je dois repartir de zéro question tâches ingrates, ce qui veut dire retour aux séances de lavage intensif d'outils ! Quand j'ai vu la taille des outils, des valves d'injection d'eau de 60 cm de long et 6 cm de diamètre, j'ai souri. On les lave dans un produit tout blanc qui sent fort comme la lessive, avec un nom bizarre en -ol, et dont on m'a dit, quand j'ai demandé aux stagiaires s'il était safe niveau santé, qu'il l'était jusque preuve du contraire et qu'en plus il faisait super bien dormir la nuit... Puis j'ai commencé ma besogne, gantée de latex et vêtue de mon PPE (protection personal equipment, comprendre par là coverall, bottes de sécurité, casque et tout le tintouin), au milieu de l'atelier situé en plein air, dans la ville la plus chaude de tout le pays, rappelons-le.
Au bout de 3 valves, j'ai commencé à avoir des fourmis dans les pieds, à avoir les mains qui étouffaient de l'intérieur et la tête qui bouillait. Puis suivirent 38 autres valves, quarante-six insolations, treize brûlures sévères et quatre évanouissements causés par autant de violentes intoxications au lessivol. Jusque là ça allait.
Mais voici quand le supplice a commencé : quand j'ai dû remplir cette tâche en voyant imposer à mes précieuses oreilles habituées à de doux sons folk et mielleux, du vallenato (et honnêtement celle-ci c'est loin d'être la pire), style musical gros gras et moche, comparable à Félicien du Loft Feat. Les Musclés, qui pousseraient la chansonette sur un mix de Big Bisou et du Petit Bonhomme, avec MarcEL* Azolla jouant des accords du haut de ses 107 ans.

Mais j'ai survécu, et mes oreilles aussi, tant bien que mal.

Ah et sinon je m'interroge en ce moment sur la probabilité de rencontrer des gens qu'on connaît ici, dans la seule ville du monde où y a de la buée quand on prend sa douche bien qu'il n'y ait qu'un bouton d'eau froide.
Parce que prenons aujourd'hui par exemple. Je lavais ma 6e valve de la journée quand je vois s'approcher un ami qui de Bogota, qui bosse aux ressources humaines et que j'avais rencontré à Rio. Facile vous pensez. Ok. Moins d'une heure plus tard je suis tombée sur une autre personne que je connaissais de Bogota, ici quant à lui pour quelques semaines...

Ah et puis aussi y a "l'autre" Frenchy de la base : un vrai Français (lui), qui est aussi tech& field et qui a mon âge et a fait prépa et tout ! Bon j'avoue, lui, je ne le connaissais pas avant, mais on a quand même passé 2 ans sur le même plateau, et de savoir qu'ici, dans la seule ville du monde où y a autant de parcs d'attractions que d'hypermarchés, vit quelqu'un qui partage les mêmes souvenirs brumeux du Moulon pluvieux et du Big Tasty intemporel du Mc Do gris de Gif, ça m'émeut !
On n'a pas encore eu le temps de papotailler parce qu'on a pas mal d'autres choses à faire, mais c'est sur ma To-Do List, tout comme laver 56 autres valves prochainement et envoyer près de 114 mails.

Sur ce pioupiou les pilous, pleins de poutous
(je passe par une zone de pipapopou là tout de suite, veuillez attacher vos ceintures et rester à vos places).

2 commentaires:

  1. azolla c plutôt marcel et il n'a que 83 ans mais bon c la chaleur et le reste

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  2. Haha je vois que j'ai affaire à un connaisseur !
    Au temps pour moi, mon clavier a avalé des lettres, oubliant le ô combien classique "Chauffe Marcel" ;-)

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