2010 est une année d'élections présidentielles en Colombie. C'est aussi une année où l'on sait que le président va changer, car Uribe, le président sortant, ne peut pas se présenter à nouveau car il a déjà fait deux mandats.
Mais qui le remplacera ?
Déjà il faut savoir qu'Uribe, c'est un peu le Messie. Tout le monde l'aime, et beaucoup étaient même favorables à modifier la constitution pour l'autoriser à se présenter à nouveau. Uribe a été élu en 2002 pour la première fois. À l'époque c'était un outsider - apartide si je puis dire, après s'être détaché de son parti d'origine (parti Libéral) - face aux deux gros partis de l'époque, le Parti Conservateur et le Parti Libéral (même schéma qu'au Royaume-Uni), enfin pas vraiment puisque le parti conservateur s'était retiré de la course et l'avait supporté. Il a ensuite créé son propre parti, le Parti de la U, U comme Unité sociale, tout rapprochement avec un personnage existant étant purement fortuite cela va sans dire. Durant ses deux mandats, il a changé la face de la Colombie (dixit les gens avec qui j'en parle), rétablissant la sécurité dans le pays, lâchant l'armée sur les guérilleros et lançant la chasse aux FARCs - la première fois que j'ai vu des avis de recherche à la télé, entre une pub pour du lait et une pour un parc d'attraction, je suis restée bien perplexe d'une part face à ces images et d'autre part face à l'absence de réaction de ma colloc plantée là, à mâchouiller nonchalamment un bout de poulet.
Aujourd'hui c'est son ancien ministre de la défense, Santos, qui se présente pour le parti de la U. C'est un peu la tête pensante d'Uribe, ou plutôt son bras actif, responsable en grande partie du rétablissement de l'ordre ces huit dernières années puisqu'il était alors à la tête de l'armée. Le peuple lui a d'ailleurs déjà montré une preuve de soutien lors des législatives de mars.
Oui mais il y a un mais !
J'ai l'impression que les Colombiens, quand il s'agit de choisir leur souverain, font passer la personnalité politique avant le parti, comme ils l'ont déjà montré aux deux précédentes présidentielles. Et un autre personnage politique a clairement le vent en poupe depuis quelques semaines, il s'agit de l'écologiste Mockus.
Il a tout de l'outsider : coupe des Beatles et lunettes à la Paul Mc Cartney, pas soixante-huitard mais presque puisqu'après avoir passé son bac au lycée français de Bogota en 69, il a poursuivi ses études (maths et philo) en France au début des années 70 et of course il est écolo par-dessus le marché !
Il a quand même un minimum de crédibilité politique, ayant été maire de Bogota un temps. Mais outre ça moi je pensais que c'était juste un vert comme partout dans le monde, un moins de 5% quoi.
Sauf que...
En ce moment ce gars c'est un peu le phénomène de mode local. Je croyais que c'était juste une tendance au sein de la boîte, parce que mes collègues locaux sont des jeunes issus de milieux favorisés, genre bobo qui travaillent dans le pétrole mais votent vert (c'est super cynique ce que je dis là, note pour plus tard : regarder ma conscience dans le blanc des yeux et faire le point). Mais là je commence à voir des affiches de gens qui le supportent un peu partout, et même ici à Barrancabermeja, la capitale du pétrole, la seule ville au monde où y a plus de motos que de piétons.
Il faut dire que l'affiche en question est vraiment réussie et qu'elle ferait un malheur dans les milieux branchés parisiens. Ici les commerçants la placardent sur leur porte, pour afficher leurs idées, propager la mode ou décorer leur devanture, je ne sais pas trop.
Et je me dis aussi qu'Ingrid doit sérieusement se bouffer les doigts. À huit ans près elle aurait fait campagne dans un pays prêt à passer au vert. À huit ans près elle aurait fait campagne dans un pays où l'on ne kidnappe plus aussi facilement les étrangers. À huit ans près elle n'aurait pas moisi six ans dans la jungle...Tiens je me demande aussi : pour qui va-t-elle bien pouvoir voter ? hehe !
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