"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

mercredi 18 août 2010

quand je serai grande, je serai...

En ce moment je réfléchis pas mal (pas de mauvaise blague, je vous ai à l’œil) à ces petits détails de la vie qui modifient le cours de notre existence.

Bien sûr, on ne s'en rend pas tout de suite compte, mais des années plus tard, on y repense, en essayant d'analyser ce qui fait qu'on est soi-même et pas le voisin, ce qui a engendré nos tics, névroses et autres tocs, ou au contraire a permis de nous les épargner...

Soyons clairs, je ne vais pas commencer à divulguer ces quelques petits défauts, de toute manière trop rares pour faire l'objet d'un post entier bien qu'ils contribuent pour beaucoup à mon charme. Allons à l'essentiel et à ma profession.

Je crois avoir suffisamment mentionné que je travaillais sur des rigs en chaussures de sécurité, casque de chantier et bleu de travail tout sale. La question de départ s'impose d'elle-même : quel peut être ce traumatisme qui a transformé la petite fille que j'étais en camionneuse ?

Récit d'un "destin"
D'aussi loin que je me souvienne, mes parents, par sens pratique, avaient l'habitude de me faire couper les cheveux coupe "garçonne". Le "e" à garçon, c'est ma mère qui l'a ajouté, c'était supposé me convaincre que c'était quand même féminin. Mon père, lui, essaya plutôt de me prendre par les sentiments en me persuadant qu'il trouvait ça très joli, très féminin.

Puis je suis entrée à l'école primaire, les cheveux à peine plus longs, ne dépassant jamais le "carré sauvage", coupe alors au top de sa popularité, qui a aussi eu au passage le mérite de me sauver du "carré Mireille" qui me poursuivait depuis la fin des années 80 (avec preuves à l'appui). Avec l'école primaire, ma mère décida d'introduire les pantalons jean dans ma garde-robe. Croyez-moi j'ai lutté. Quelque chose au fond de moi me faisait détester cette toile de lin bleu ainsi que ce vêtement abominable qu'est le pantalon, que Katharine avait eu le malheur de rendre à la mode cinquante ans plus tôt en osant prétendre qu'il était plus confortable. Mais quand a-t-on vu qu'un pantalon était plus confortable qu'une jupe, voire qu'une ROBE ?! messieurs, essayez, vous adopterez, tout le monde arabe s'y est déjà mis... Tout à l'inverse, après quelques années de combat acharné, je me suis moi-même fait au blue jean qui ne m'a presque plus jamais quittée depuis.

Ces deux épisodes peuvent expliquer un penchant pour les domaines/matières traditionnellement réservés aux garçons, mais ils cachent la partie immergée de l'iceberg.

Cet élément je l'avais oublié, et me le suis rappelé hier, par la force combinée de toute la fratrie (qui va encore m'en vouloir d'avoir tout raconté sur ce blog, en insistant sur cette phrase) qu'il m'est donné de fréquenter pendant mes congés. Dans un exercice conjugué de nos mémoires respectives, nous avons exhumé un souvenir du dédale de notre enfance : ma poupée. Fait surprenant, ce n'était pas une Barbie. On avait le vague souvenir que c'était la sœur de Barbie, mais on en avait oublié le prénom. Spiky ? Skippy ? Non, c'était Skipper.

Ma poupée Skipper, enterrée vivante sous les décombres des jouets de notre enfance quelque part dans le débarras, avait tout compte fait la même place dans ma mémoire, jusque hier soir. Elle était plus petite que Barbie et complètement plus jeune ou bien moins formée en tous cas, elle portait du plat contrairement à sa grande sœur, avait les cheveux moins lisses, la peau moins claire et les traits moins fins. Bref dans mon référentiel de l'époque, c'était "Barbie Pareil mais en Moins Bien", mais je l'adorais malgré tout, car elle était plus faible, moins connue, et moins gâtée par la nature (c'est mon petit côté Mère Teresa), et puis c'était Skipper, la Petite Sœur...

Et ce détail rend le tableau limpide. Que peut-on présager d'une enfant qui à six ans trouve que Barbie se la pète trop et entretient son capital varices à se pavaner comme ça sur la pointe des pieds, qu'elle se maquille à la truelle et ferait mieux de s'occuper de sa sœur au lieu de jouer la majorette ? Non mais je vous le demande... Dès les premières années de ma vie, mon destin était scellé, même si je l'ignorais jusque l'été dernier !

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