"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

dimanche 7 novembre 2010

moustiques, pétrole et propagande

Je rentre d'un job, fatiguée et transformée en piqûre de moustique ambulante. Rien que sur ma main gauche (juste la main, ni le bras et l'avant-bras) je dénombre pas moins de six bosses disgracieuses, qui chatouillent et qui grattouillent, autant que les 23 autres piqûres disséminées sur le reste de l'épave qui me sert de corps.

J'étais de shift de nuit, et j'accompagnais un coéquipier sur son job de promotion au grade supérieur, un petit avant goût de ce qui m'attend bientôt.

Pour passer le temps pendant les périodes où l'on doit rester en stand-by mais où il vaut mieux éviter de dormir pour ne pas sombrer, l'idée folle m'a prise de regarder un film, et pas n'importe lequel, The Hurt Locker, ce film se déroulant durant la guerre en Irak, qui a gagné l'oscar cette année.

Ce film m'a laissée la même impression que Munich il y a quelques années. Cet aigre-doux [Edit: nauséabond, pour mieux vous donner une idée de mon avis qui n'est vraisemblablement pas bien passé à l'écrit] des films qui plaident une cause et en servent une autre.

Ici l'on parle de guerre, et l'on suit donc des personnages de l'armée américaine postée en Irak. Ce sont des démineurs, dépeints, je vous le donne en mille, en valeureux soldats, un peu foufous mais au fond héroïques. Les Irakiens, eux, n'apparaissent que sous forme de silhouettes dans le désert qui mitraillent les soldats américains ; de badauds silencieux aussi tenaces que les mouches du désert et d'autant plus dangereux qu'ils sont proches d'une mosquée ; ou de méchants garnements qui caillassent les tanks de l'US army. Les (nombreuses) répliques prononcées en arabe ne sont à aucun moment sous-titrées, si bien que si l'on ne comprend pas cette langue, on passe à côté de tout ce qui sera dit par les locaux durant le film, ce que je trouve incroyablement dommage (en particulier la scène où une dame chasse un GI de chez elle en le traitant de criminel, mais qui ressemble davantage à une scène d'hystérie sans les sous-titres).

Le seul Irakien rendu attachant par le scénario est un gamin surnommé Bekham qui parle anglais, joue au foot, vend des DVD en tous genres aux GI et les escroque allègrement, et qui fume à même pas 13 ans. Le doute plane un moment sur son meurtre sanglant par des fabricants de bombes artisanales pour des raisons obscures. Charmant portrait.

Bref je suis curieuse de savoir en quoi ce film est anti-guerre, n'y ayant vu pour ma part qu'un apologue à la bravoure de certains citoyens américains et à l'animosité du peuple irakien, qui rappelons-le, s'est vu envahir par l'armée américaine en 2003, sans motif réel (hum hum) démontré à ce jour.

[pas d'image, car la guerre c'est mal]

2 commentaires:

  1. Munich ne m'a pas laissé une impression d'aigre-doux mais bien une impression de pourri (un peu comme la sauce vidange puisqu'on est dans les métaphores asiatiques) : on ne peut pas justifier par la vengeance une opération de massacre ciblé, a fortiori quand on viole la souveraineté d'un autre État et qu'il n'y a aucun procès à la clé (peu importe, "si ce n'est lui, c'est donc son frère").

    D'autre part, dresser un portrait attachant d'un assassin qui, à la fin, retrouve femme et enfant mais pas le sommeil (oh, snif, snif, il n'aurait pas la conscience tranquille après avoir zigouillé 15 ou 20 bonshommes ?), je trouve ça répugnant.

    C'est un peu comme Valse avec Bachir... Oh, pauvre petit, tu as fait partie d'une armée d'occupation qui ne respecte pas le droit international ni le droit humanitaire, tu as regardé avec tes yeux à peine humides se produire un massacre sans rien dire ni rien faire et maintenant tu fais des cauchemars ?

    Mais je vais pleurer les gars, n'en rajoutez pas plus.

    Dégoûtant.

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  2. oui on est bien d'accord, c'est juste que moi j'appelle ça aigre doux.

    l'assassin qui brave tous les dangers pour aller punir de sa main de justicier autoproclamé le supposé meurtre gratuit et sanguinaire de son "ami" le ptit gamin des dvd (qui réapparaît 2 jours plus tard au marché), ou le fabricant de jouets pour enfants reconverti en fabricant de bombes artisanales pour les meilleurs services secrets du monde, assassin le jour et âme en peine la nuit,

    même combat... et même acclamation béate du public qui croit y voir un film prônant l'anti-violence, ironie ?

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