"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

dimanche 20 février 2011

O.N.E.!

Ça fait pile un an que je suis officiellement membre de la blue team ! Et cela me fait penser qu'il y a plein de petits détails sur ce qu'est réellement le field que je n'ai jamais pris le temps de vous expliquer, des choses qui étaient pour moi abstraites et, avouons-le, dont je me contre-balançais.

Il faut dire que je pars de loin. Je n'ai jamais envisagé de travailler dans l'industrie, et encore moins pétrolière. À l'heure d'accepter ce boulot, des mois avant de le commencer réellement, je pensais que les ingénieurs terrain travaillaient sur le terrain, genre 24/7 sur plateformes, d'un puits à l'autre. Où dormaient-ils, où mangeaient-ils, cela n'était que détail logistique, je ne soupçonnais même pas qu'il faille préparer son équipement et son job, dans une base consacrée. Je n'ai pas honte de le dire, j'étais la plus dummie qui puisse exister en matière de services pétroliers, et complètement ingénue avec ça.

Alors en vrai je vais vous raconter comment ça se passe.

Il y a d'abord la base. C'est là où l'on va travailler "par défaut", i.e. quand on n'est pas sur un job. Dans une base travaillent plusieurs segments d'activités terrain, nous nous côtoyons tout en étant "manageurialement" complètement indépendants. Il y a aussi tout le personnel de soutien, les RH, IT, et autres supply chain qui nous aident à recruter des stagiaires, réparent nos PC et passent nos commandes diverses, autres que celles spécifiquement liées à notre segment, autrement dit papeterie, informatique basique, camionettes, et puis qui s'occupent du logement, des téléphones cellulaires et tout le tintouin.
Quand on travaille à la base, on a des horaires à peu près corrects, si tant est que commencer à 7:30 du matin est correct, ce qui n'a pas encore été démontré. On y va aussi les week-ends, sauf avis contraire des boss.
(photo de l'aire réservée à mon segment à la base)

Le travail à la base consiste à préparer nos jobs. Dans le cas de mon segment, completions, cela consiste à faire des tests de pression de gros tubes customisés. Et on répare aussi certains de nos équipements, on lave, démonte, remonte, à coup de clés qui m'arrivent aux hanches et pèsent une dizaine de kilos !
Quand je ne suis pas à l'atelier, à l'air libre sous le soleil équatorial et les 38 degrés moyens de notre tempérée Barrancabermeja, c'est que je suis dans les bureaux climatisés à 18 degrés qui m'imposent de porter ma petite laine, on ne se refait pas.
Dans le bureau, une sorte d'open space pouvant accueillir six personnes et en accueillant parfois jusque dix, on travaille sur notre ordinateur, à la partie digitale du job. Réaliser le design de ce que l'on va installer (un peu comme un architecte dessinerait le plan de ce qu'il va construire avant de le construire), compiler toutes les données dont on aura besoin sur le job, et remplir tous les documents d'envoi d'équipement, de personnel, bref toute la paperasse logistique.
Il y a aussi toute la partie du boulot qui se passe au téléphone, l'outil s'il en est en Colombie, enfin au téléphone ou à l'avantel, une invention locale (?) qui fonctionne comme un talkie walkie mais avec une portée nationale, à en croire ceux à qui j'ai soumis mon questionnaire (cet engin m'intrigait). Bref la communication par la voix et à distance se fait beaucoup ici, pour contacter le company-man et le harceler toutes les 3 heures pour savoir quand commence le job.

Et puis c'est l'heure. Le matos lourd est envoyé par camion-grue une demi-journée à l'avance quand on peut, on charge le pick-up avec une glacière pleine de boissons fraiches et de sacs de glaçons, on prend une boîte à outils, une imprimante portative, son PC et les documents concernant le job, son casque, et un sac de survie qui inclut une brosse à dents, des lingettes pour bébé, un petit oreiller, son ipod, des chips, puis on part avec ses acolytes sur le job, sur le terrain, en s'étant assuré que l'on savait où il se situait géographiquement dans le labyrinthe des puits du champs pétrolier en question.

Ici les champs pétroliers sont très proches de la ville, et nous n'avons donc pas de container sur place. Il faut survivre dans le pick-up, pour des shifts théoriques de 12 heures. Le shift c'est la durée de travail avant que n'arrive l'équipe de relève. On se relaie ainsi toutes les 12 heures (en théorie) pendant la durée du job, à savoir entre 24 et 72 heures, sachant que pour corser le tout nous avons des restrictions de conduite la nuit : de 18h à 6h du matin on ne peut pas conduire car le risque d'accidents est très élevé.

Bien sûr toute cette organisation est propre à la ville où je suis, c'était différent quand je travaillais à Bogota. En fait toutes les bases ont leur mode de fonctionnement propre, et il faut ajouter que chaque segment a ses codes. Le fait de travailler offshore change également complètement la donne.

Voilà pour la partie générale de la vie quotidienne à la location. À venir, la partie job plus en détail, où l'on apprendra ce qu'est réellement un rig, un company-man, un monkey-man, et bien plus encore !

1 commentaire:

  1. I know exactly what you mean about the theoretical 12 hour shifts. Its interesting to see the differences between the segments.

    RépondreSupprimer