"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

samedi 1 septembre 2018

Premières impressions

Pune.
C'est le nom de la ville où je vis désormais.


Pune se situe dans le même état que Mumbai, et se trouve à environs 300km de la plus grande ville. À côté, Pune est une petite bourgade d'à peine trois millions d'habitants... C'est la neuvième ville du pays en terme de population.

Je n'avais jamais mis les pieds en Inde et ne savais donc pas précisément à quoi m'attendre. J'avais une petite idée, influencée par mon expérience du Sri Lanka, où j'avais passé deux semaines l'an dernier pour des vacances inoubliables.

Les commentaires de mes amis qui avaient visité l'Inde m'interpelaient. Il y était question de bruit et d'odeur, d'extrême pauvreté et de maladie.
Avec un peu plus de recul je commence à réaliser à quel point l'Inde est diverse - unity in diversity est son slogan. N'oublions pas qu'il s'agit d'un pays six fois plus grand que la France.

Je réalise aussi que notre vécu et notre expérience façonnent nos jugements. Principalement nos premières expériences.

La première chose que je me souviens avoir pensé après avoir atterri à Pune à 4h du matin, en sortant de l'avion, c'est que je ne sentais pas d'odeur désagréable. Mon Inde ne sentirait pas mauvais.

La deuxième observation, juste après avoir récupéré les nombreux bagages, a été le constat qu'il n'y avait que des Indiens tout autour. C'était inhabituel et à vrai dire plutôt inconfortable les 15 premières minutes, après mon cerveau s'est ajusté au paysage. Mon Inde serait peuplée d'Indiens.

Puis en sortant de l'aéroport (où les locaux accueillaient leurs voyageurs, deuxième vague de nouveux faciès Indiens, deuxième bouffée de panique momentanée), la navette de l'hôtel n'était pas là.
Notre agence de déménagement avait tout réservé : l'hôtel, la navette, et l'emploi du temps des trois jours suivants. Mais la navette n'était pas là. À 4h du matin, après un périple de plus de 12 heures.
Forte de mon vécu en Tunisie, j'ai gardé mon calme mais j'ai pensé que mon Inde ne serait pas fiable. Je me suis ravisée depuis, et pense désormais que mon Inde a une façon différente de gérer la fiabilité, avec ses points forts et ses limites. Mon Inde est fiable autrement.

Après quelques coups de fil anxieux et une dizaine de minutes d'attente, la navette est arrivée. Pendant cette attente, je me suis sentie bien et en sécurité. D'autres personnes étaient là, assises ou debout, à attendre un être cher sans doute. Un restaurant de rue servait des plats typiques juste à la sortie de l'aéroport, et passait de la musique à plein volume, au milieu de la nuit. Mon Inde serait festive.

La voiture de navette n'était pas du tout équipée pour transporter autant de valises. Mais le chauffeur s'est efforcé de tout caler dedans tant bien que mal en refusant la moindre aide. Mon Inde serait très serviable.



Réfléchir à ces premiers instants me permet de réaliser l'influence des biais cognitifs dans la construction de notre pensée et de nos jugements.
L'ancrage mental, c'est-à-dire l'influence de nos premières impressions. Le biais de confirmation, qui signifie privilégier les informations qui confirment nos a prioris. Le biais de représentativité, ou l'on extrapole l'expérience que l'on fait de quelques individus à toute une population.

Comme mes amis, je construis moi aussi mon jugement grâce à ces biais, et j'ai eu la chance de commencer mon expérience Indienne à Pune !

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