"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

dimanche 7 octobre 2018

L'arabe du présent

Je suis Arabe.

Aussi loin que je me souvienne, "arabe" a été un terme à connotation négative. Dans les médias, mais pas que. Dans l'inconscient collectif aussi. Et dans le mien en particulier...


Dans l'inconscient collectif, quand on pense au mot "arabe", on pense aussi, dans le désordre, à travail mal fait, à voleur, au bruit et aux odeurs, à tous ces mots (maux ?) en -iste également : extrêmiste, terroriste, islamiste, aux barbus, aux barbares et à la violence.
Si cette image négative s'est installée dès les années 70, à la suite des tragiques événements des Jeux Olympiques de Munich, elle s'est empirée pour atteindre un premier pic après le 11 septembre, puis un deuxième pic avec la création de Daesh et depuis réussit encore à nous étonner en atteignant régulièrement de nouveaux pics déraisonnés, exactement comme la pollution dans les grandes villes. Jusque quand ?

À ce compte, pas étonnant que de nombreux Français "d'origine" (arabe) soient frustrés qu'on la leur demande, leur origine. Personne n'a envie qu'on lui colle une étiquette de terroriste sanguinaire à la peau, encore moins quand on condamne tout autant cette violence.

Fait à méditer : les arabes (et musulmans) sont les premières victimes du terrorisme dans le monde.

Mais je ne suis pas là pour me lamenter sur mon sort. À vrai dire, étant une fille, je m'en sors bien mieux que mes frères arabes, dont le prénom est souvent porté comme une croix - Mohamed, Ali, Abdelkarim et j'en passe. Je n'ai pas jamais eu non plus à souffrir de contrôle de papier "aléatoire" dans la rue ou à l'aéroport.

Bref, là n'est pas l'objet de l'article.

Au contraire, il s'agit plutôt de réagir avec délectation et espoir à un mouvement que je vois se développer dans le monde... arabe !
De plus en plus de jeunes revendiquent désormais leur "arabitude".

Cela passe par l'art (stand Tunisie à la biennale de Venise), par les médias (Mille), par l'art, par la BD (comme par exemple le fantastique Arabe du Futur, dont le 4e volume vient de sortir), par la mode (la marque Lyoum par exemple qui marie artistes et cuisine tunisienne et qui a remis la calligraphie arabe au goût du jour), par des mannequins qui défilent pour les plus grands noms de la mode, par des sportifs de niveau international, par des personalités médiatisées qui renvoient une image différente (certes les soeurs Hadid renvoient une image de bombe, mais pas la même !).

Étant Tunisienne, je suis davantage au courant de ce qui se fait là-bas.
Certes la Tunisie, depuis sa Révolution du Jasmin, est clairement traversée par un renouveau, surtout artistique (je pense à Djerbahood par exemple) et ce petit pays que j'aime tant semble bouillonner et se chercher une nouvelle identité culturelle. Quoi de plus naturel dès lors, que de se tourner, entre autres, vers ses racines arabes ?



Cependant je suis convaincue que ce mouvement ne se limite pas à la Tunisie. Peut-être même que comme la Révolution, la Tunisie est un fer de lance du renouveau arabe.
De plus en plus d'Arabes réussissent à l'étranger, et plutôt que de se "fondre" dans leur culture d'accueil, ils mettent à l'avant leur côté arabe, leur différence culturelle, sereinement, avec amour et fierté. Ils vont plus loin et créent un réseau, et aident la génération future à y arriver également, sans oublier qu'ils contribuent à changer l'image du monde arabe en proposant une alternative bien plus attractive.

Et petit à petit ce que j'observe, de loin, c'est que l'image "tradi" voire violente du monde arabe est bousculée par une image "trendy" et artistique.

Je suis Arabe, et j'en suis fière !

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