"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes

dimanche 25 avril 2010

Bogota pour les Nuls, la suite

Ça fait longtemps que je repousse le moment de vous divulguer plus de détails sur la vie courante dans cette ville. Stop à la procrastination, j'ai enfin pris la photo qu'il me manquait pour illustrer mon chapitre 5, alors continuons si vous le voulez bien !

(suite de ce post)
Chapitre 5 - El Punto Rojo
C'est le nom du point vente en face de notre base. Il s'agit d'un étal comme on en voit partout en ville, qui te vend tout ce que tu peux désirer acheter, et davantage encore. La singularité de Punto Rojo réside en le fait que c'est un étal-voiture intégrée. Il y a plusieurs glacières sur les sièges arrières (boissons, yaourts, glaces) et des produits diététiques au possible allant du chewing-gum à l'empanada (sorte de pâté local) présentés dans le coffre, sans oublier les minutos, plus communément connues sous le nom de recharges téléphoniques en France ! La propriétaire des lieux sait allier sens des affaires et communication, elle tient ses comptes, fait crédit consciencieusement et gère ses stocks en vraie Pérette - buisiness woman ! Retenez bien son visage, un jour elle possèdera la moitié de la planète, je vous le garantis !


Chapitre 6 - Le vernis à ongles
Les Colombiennes raffolent de cet accessoire de mode [mode gore : on] qui sert aussi de cache-misère aux demoiselles qui comme moi travaillent quotidiennement au contact de graisse mécanique qui a le don de s'infiltrer partout [mode gore : off], et ont le choix entre un vaste éventail de marques et couleurs. La marque locale par excellence est masglo. Ce produit est une prouesse technologique, solide comme j'ai jamais vu, dans des couleurs vraiment innovantes.
Mais ceci reste anecdotique, et je suis sûre que peu d'entre vous s'intéressent à la qualité des vernis à ongles locaux, alors venons-en au Fait ! Le vrai truc surprenant c'est qu'ici les hommes aussi mettent du vernis. Si si, je ne vous mens pas ! Transparent, ok, mais du vernis quand même ! La première fois que j'ai vu ça, j'ai cru à l'hallucination visuelle. Puis ça s'est reproduit : j'ai pensé que la personne était un original. Mais bon ça a continué de se reproduire jusqu'à ce que je ne puisse plus nier l'évidence. Le constat s'impose : ici le vernis est mixte. Et la prochaine fois qu'on me dira que les Français sont efféminés, et Dieu sait que ça arrive régulièrement, sous prétexte qu'ils sont frêles et portent une frange (mais que rétorquer à ce genre d'observations qui sautent aux yeux de quiconque s'est déjà promené Rue Saint-Jacques à une heure de sortie des cours de lycée ?), je soulèverai la question du vernis à ongle chez les hommes...

Chapitre 7 - le climat
Encore un truc qu'on ignore quand on est pas d'ici. Moi je croyais débarquer dans une ville d'Amérique du Sud, chaude et humide, avec des lianes, des bananiers, des palmiers et pourquoi pas des singes en liberté dans les rues. Au lieu de ça je me retrouve sur un plateau à près de 3 kilomètres au-dessus du niveau de la mer, à me les geler parce que oui, quand on a prévu que des habits d'été, on se les gèle ici. Bon n'exagérons rien le mercure ne descend jamais au-dessous de la dizaine de degrés, mais bon il faut dire que depuis le début du mois, un déluge s'abat quotidiennement sur la ville, et que les soirée sont vraiment fraiches.

Chapitre 8 - les hôtes de boutiques
À cause de ce que je vous expliquais au chapitre 7, après un mois de souffrance (et c'était l'été), j'ai été contrainte de me fournir en vêtements chauds. C'est comme ça que j'ai été livrée en pâture aux hôtes des magasins locaux. D'aucuns les appelleraient plutôt des vendeurs, mais ce n'est pas exactement ce qu'ils sont. Pour une raison que je ne m'explique pas encore, dès que quelqu'un franchit le seuil d'une boutique, il se fait accoster par un gars ou une fille qui se présente et propose de l'aide, ou raconte sa vie, ou un truc du genre que je n'ai pas encore complètement identifié. Dans ma tête voilà ce que ça donne :

Bonjour, bienvenue dans notre boutique. Je m'appelle Carmen et je vais vous accompagner aujourd'hui dans ce magasin. Puis-je vous aider en quelque chose, cherchez-vous quelque chose en particulier ? En tous cas n'hésitez pas je suis là aujourd'hui pour vous servir ici
.

Et systématiquement quand j'écoute ce speech, chaque fois presque pareil mais quand même différent, j'angoisse tout du long pour essayer de savoir si l'intonation générale est celle d'une question, auquel cas je prépare mon "no gracias solo estoy mirando" ou celle d'un discours informatif auquel il suffit de répondre par un sourire poli ponctué d'un gracias. À tous les coups tout de suite après avoir maladroitement répondu, je m'éclipse, toute penaude, de la vue du vendeur, essayant de reprendre plus calmement dans ma tête ce qu'il a dit, me rendant compte chaque fois que j'ai répondu à côté de la plaque, me surprenant à avoir un deuxième coup de chaleur dû à l'embarras de la situation. Et comme je fais mine de m'intéresser aux tringles pour me fondre dans la boutique je me vois assaillie à nouveau par le même ou un autre hôte me proposant au choix des renseignements / un bras pour tenir les vêtements qui me plairaient / de l'aide pour trouver ma taille. MAIS VOUS POUVEZ PAS JUSTE ME LAISSER TRANQUILLE ?! Bref nouveau coup de blush, montée d'adrénaline, balbutiement, sueur froide, je baisse la tête et je trace en repensant à cette veste qui était plutôt pas mal mais qui ne me réchauffera pas cet hiver parce que je ne suis pas encore bogotanaise...

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