Je vous refais brièvement mon voyage et mes premiers jours aux Émirats.
Samedi midi, un avion Air France quasiment vide, dont la population varie entre jeunes enfants à papa et papas. On y trouve des Français, des Américains, quelques Sud-Américains, des Canadiens, et d'autres Européens, mais point d'Émiratis. Les hôtesses parlent français, anglais, espagnol, allemand et malgache (ah bon ouf !). Mais point d'arabe.
À l'arrivée à l'aéroport, on doit passer par l'immigration, divisée en deux, comme en Europe. Sauf que là, on est dans la mauvaise file. Un tiers des guichets est réservé aux Émiratis. Sauf que ce tiers est vide.
Après quelques heures à poireauter respectivement à l'immigration, aux bagages, à la file pour les taxis, je peux enfin partir, conduite par un Népalais. Arrivée au Learning Center (MLC pour la suite), accueillie à la réception par un staff indien, et à partir de là, SLB oblige, la diversité culturelle est à son comble. Six continents, pleins pleins de nationalités différentes. Mais toujours pas d'Émirati à l'horizon.
Mais ils sont où ?
Qui suis-je ?
"Me tenant comme je suis, un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse, en ce qu'elle est libre." - R. Descartes
mardi 29 juin 2010
lundi 28 juin 2010
Lost in Translation
Rendons-nous à l'évidence, je suis complètement sous l'effet du décalage horaire.
Au début je ne voulais pas me l'avouer, ça fait réchauffé de dire qu'on subit l'effet du jet-lag, ça fait pas sincère, juste une façon comme une autre de mettre en avant le fait que l'on vient de parcourir une longue distance.
Jusque hier je pensais que ce dont je souffrais c'était juste de la fatigue, facile à croire quand on a dormi moins de huit heures en trois nuits. Mais hier j'ai rattrapé tout cela.
À dix-sept heures, quand notre formateur nous a libéré, chose surprenante pour tous les élèves venus d'Amérique du Sud tout du moins, qui sentaient qu'on en était seulement à la moitié de la journée, je suis allée directement faire une sieste d'une bonne heure. Puis je me suis couchée à 9h, comme assommée.
Sauf qu'au bout de six heures de sommeil j'étais sur pied et en pleine forme. Il n'était pas encore 4h du matin, et je n'avais pas de connexion internet, le vrai cauchemar. Vers cinq heures je décide quand même de m'allonger dans le noir, histoire de reposer mes yeux. Je ne sais pas à quelle heure je me suis rendormie, tout ce que je sais est que j'ai éteint mon réveil quand il a sonné et me suis recouchée, jusque quinze minutes avant le cours....
Et depuis je me sens complètement en marge de la société, comme si j'étais en-dehors de mon corps et que je me voyais évoluer là, sans aucun recours.
Sinon tout va bien, hein ;-)
Au début je ne voulais pas me l'avouer, ça fait réchauffé de dire qu'on subit l'effet du jet-lag, ça fait pas sincère, juste une façon comme une autre de mettre en avant le fait que l'on vient de parcourir une longue distance.
Jusque hier je pensais que ce dont je souffrais c'était juste de la fatigue, facile à croire quand on a dormi moins de huit heures en trois nuits. Mais hier j'ai rattrapé tout cela.
À dix-sept heures, quand notre formateur nous a libéré, chose surprenante pour tous les élèves venus d'Amérique du Sud tout du moins, qui sentaient qu'on en était seulement à la moitié de la journée, je suis allée directement faire une sieste d'une bonne heure. Puis je me suis couchée à 9h, comme assommée.
Sauf qu'au bout de six heures de sommeil j'étais sur pied et en pleine forme. Il n'était pas encore 4h du matin, et je n'avais pas de connexion internet, le vrai cauchemar. Vers cinq heures je décide quand même de m'allonger dans le noir, histoire de reposer mes yeux. Je ne sais pas à quelle heure je me suis rendormie, tout ce que je sais est que j'ai éteint mon réveil quand il a sonné et me suis recouchée, jusque quinze minutes avant le cours....
Et depuis je me sens complètement en marge de la société, comme si j'étais en-dehors de mon corps et que je me voyais évoluer là, sans aucun recours.
Sinon tout va bien, hein ;-)
samedi 26 juin 2010
(Paris)
La sonnerie du RER raisonne dans mes oreille, les portes se ferment, les gens se serrent, dans la chaleur humaine de ce samedi de juin.
Les images se succèdent dans ma tête au même rythme que les paysages défilent par la fenêtre. Les trajets de RER ont cela de mystique qu'ils sont une source intarissable d'inspiration, à moins que l'on veuille bien se mêler à la foule. Là, entouré d'inconnus qui nous inondent par le flot de leurs effluves, conversations et respirations, on fixe la fenêtre, ou la carte du trajet de la ligne, et l'on pense.
Je viens de passer vingt-quatre heures à Paris, le temps de revoir mes amis et de me rendre compte que ce sont eux qui comptent et pas le décor. Alors oui, faire un pique nique au bord de la Seine, ça a certainement plus de gueule que de manger un burger au centre commercial du coin, mais ce décor, c'est la cerise, pas le gâteau.
Je ne sens plus la fatigue du vol, du manque de sommeil, du décalage horaire. Je transcende mon corps et vais par la pensées revivre ces quelques bribes de temps, pas encore élaborées en souvenirs.
Y étais-je vraiment ? Suis-je seulement partie ? D'où vient-il que chaque fois que je reviens dans un endroit familier j'ai cette sensation bizarre de n'en être jamais partie ? Ces questions ont-elles un sens ou sont-elles le fruit d'un esprit embrumé par la fatigue ?
jeudi 24 juin 2010
Bogota - Au revoir !
Retour à la case départ. L'aéroport de Bogota. Tout se finit toujours avec un aéroport, c'est l'histoire de ma vie.
Il me paraît bien plus familier qu'à mon arrivée, il y a quatre mois, chargée de bagages et d'idées reçues. Depuis je suis toujours chargée de bagages, mais j'ai appris à apprécier cette ville, verte, avec ses immeubles, rouges, et son ciel, bleu.
Maintenant la ville m'est presque familière, et l'aéroport aussi. Il faut dire que j'ai eu l'occasion d'y retourner régulièrement, dans cet aéroport, et puis aussi maintenant je comprends quand on me parle !
Mais il est l'heure déjà. L'heure de quitter Bogota, la Colombie, l'Amérique du Sud, pour de nouvelles aventures.
Le rideau tombe, fin du premier acte.
Il me paraît bien plus familier qu'à mon arrivée, il y a quatre mois, chargée de bagages et d'idées reçues. Depuis je suis toujours chargée de bagages, mais j'ai appris à apprécier cette ville, verte, avec ses immeubles, rouges, et son ciel, bleu.
Maintenant la ville m'est presque familière, et l'aéroport aussi. Il faut dire que j'ai eu l'occasion d'y retourner régulièrement, dans cet aéroport, et puis aussi maintenant je comprends quand on me parle !
Mais il est l'heure déjà. L'heure de quitter Bogota, la Colombie, l'Amérique du Sud, pour de nouvelles aventures.
Le rideau tombe, fin du premier acte.
mercredi 23 juin 2010
Colombiana
C'est le nom de cette boisson locale, dite extraite des racines du pays, de ses habitants, unique comme eux. Bon en vrai c'est une boisson saveur pomme, qui a le même goût que la Miranda tunisienne, mais il faut pas trop le dire à voix haute, ça heurte la susceptibilité des plus chauvins d'entre les Colombiens.
C'est aussi le nom, je trouve, de cet idéal de vie à la colombienne, comme les US et l'Americana. Je suis encore loin des canons locaux, mais chaque jour je m'intègre un peu plus.
Déjà la langue.
Il y a plusieurs stades d'intégration linguistique dans un environnement étranger. Le premier stade, c'est quand tu arrives à te nourrir en personne. Autrement dit quand tu peux faire tes courses au supermarché ou commander un plat dans un resto. C'est un petit pas pour le serveur, mais c'est un immense pas pour la survie de ta descendance. Heureusement, en arrivant je me dépatouillais assez pour subvenir à cet instinct primaire.
Le deuxième stade, c'est quand tu arrives à te déplacer seul. Attention ce stade combine à la fois des notions de langue, de géographie locale et un minimum de sens de l'orientation.
Ensuite, vient le stade où tu arrives à te nourrir à distance, par téléphone. Au début les deux parties doivent être patients et tolérants. La personne au bout du fil, clairement, parce qu'elle a vraiment pas eu de chance de t'avoir pour client. Et toi, parce que tu dois prendre ton mal en patience et bouffer des trucs que tu pensais vraiment pas avoir commandés avant de passer maître en l'art de l'achat par téléphone.
Enfin bref, quand tu passes ce stade, tu te sens à l'aise, plus rien ne te fait peur.
Après, un jour, tu te mets à comprendre sans plus y réfléchir les trucs que tu entends, et autour de toi les bruits blancs parasites se muent soudain en CONVERSATIONS.
L'autre jour je me suis surprise à comprendre la conversation d'un collègue, au téléphone. On se rend pas compte de la difficulté que c'est, de comprendre une conversation à sens unique, jusqu'à ce qu'elle ait lieu en langue étrangère... Et là donc ce gars était au téléphone et il cherchait une information, et par réflexe, je la lui donne. Là il me regarde bizarre, et en raccrochant il dit "Ah oui j'avais oublié que maintenant tu comprends l'espagnol !"
Venons-en maintenant au stade ultime. Je vous plante le décor. C'était hier, dix-huit heures trente, j'étais au bureau, en train de finir des paperasses liées à mon départ, quand soudain ma manager, seule autre membre présente dans la pièce, lance un "Viens on va chez le coiffeur et on se fait coiffer et faire les ongles".
Avant toute chose, demoiselles à l'écoute, je vous laisse savourer par procuration le bonheur que c'est d'avoir une manager féminine, presque du même âge.
Ok. Poursuivons maintenant.
Ben moi, j'ai fait "vamos !"
Déjà parce qu'il vaut toujours mieux éviter de dire non à son manager (en fait c'est pas vrai mais ça fait stylé de l'écrire). Puis mes cheveux étaient en sale état, et je réfléchissais depuis longtemps à où et comment mes les faire couper sans me retrouver avec une boule à zéro sur un malentendu. Et enfin parce que je suis vraiment une tête brûlée en matière de cheveux, et que j'adore prendre des risques capillaires - mes photos de classe sont là pour en témoigner. Alors on a pris nos affaires et on est parties dans un salon de coiffure près de l'appart. Ici ce ne sont pas les salons de coiffure qui manquent : il y en a un par pâté de maison, en même temps ils sont tout le temps pleins et ferment tard...
Bref, au bout de deux heures de travail acharné de plusieurs coiffeuses, qui sur nos ongles, qui sur nos tignasses, et je vous épargne les coups de sèche-cheveux dans la nuque, les coups de ciseaux dans les oreilles, super raccord avec les coups de lime dans les cuticules, nous sommes ressorties belles et pimpantes de ce coiffeur-surprise, pour le prix d'un coiffeur pour Homme parisien...
J'ai donc franchi le stade ultime de la Colombian attitude, too bad it's time to leave...
C'est aussi le nom, je trouve, de cet idéal de vie à la colombienne, comme les US et l'Americana. Je suis encore loin des canons locaux, mais chaque jour je m'intègre un peu plus.
Déjà la langue.
Il y a plusieurs stades d'intégration linguistique dans un environnement étranger. Le premier stade, c'est quand tu arrives à te nourrir en personne. Autrement dit quand tu peux faire tes courses au supermarché ou commander un plat dans un resto. C'est un petit pas pour le serveur, mais c'est un immense pas pour la survie de ta descendance. Heureusement, en arrivant je me dépatouillais assez pour subvenir à cet instinct primaire.
Le deuxième stade, c'est quand tu arrives à te déplacer seul. Attention ce stade combine à la fois des notions de langue, de géographie locale et un minimum de sens de l'orientation.
Ensuite, vient le stade où tu arrives à te nourrir à distance, par téléphone. Au début les deux parties doivent être patients et tolérants. La personne au bout du fil, clairement, parce qu'elle a vraiment pas eu de chance de t'avoir pour client. Et toi, parce que tu dois prendre ton mal en patience et bouffer des trucs que tu pensais vraiment pas avoir commandés avant de passer maître en l'art de l'achat par téléphone.
Enfin bref, quand tu passes ce stade, tu te sens à l'aise, plus rien ne te fait peur.
Après, un jour, tu te mets à comprendre sans plus y réfléchir les trucs que tu entends, et autour de toi les bruits blancs parasites se muent soudain en CONVERSATIONS.
L'autre jour je me suis surprise à comprendre la conversation d'un collègue, au téléphone. On se rend pas compte de la difficulté que c'est, de comprendre une conversation à sens unique, jusqu'à ce qu'elle ait lieu en langue étrangère... Et là donc ce gars était au téléphone et il cherchait une information, et par réflexe, je la lui donne. Là il me regarde bizarre, et en raccrochant il dit "Ah oui j'avais oublié que maintenant tu comprends l'espagnol !"
Venons-en maintenant au stade ultime. Je vous plante le décor. C'était hier, dix-huit heures trente, j'étais au bureau, en train de finir des paperasses liées à mon départ, quand soudain ma manager, seule autre membre présente dans la pièce, lance un "Viens on va chez le coiffeur et on se fait coiffer et faire les ongles".
Avant toute chose, demoiselles à l'écoute, je vous laisse savourer par procuration le bonheur que c'est d'avoir une manager féminine, presque du même âge.
Ok. Poursuivons maintenant.
Ben moi, j'ai fait "vamos !"
Déjà parce qu'il vaut toujours mieux éviter de dire non à son manager (en fait c'est pas vrai mais ça fait stylé de l'écrire). Puis mes cheveux étaient en sale état, et je réfléchissais depuis longtemps à où et comment mes les faire couper sans me retrouver avec une boule à zéro sur un malentendu. Et enfin parce que je suis vraiment une tête brûlée en matière de cheveux, et que j'adore prendre des risques capillaires - mes photos de classe sont là pour en témoigner. Alors on a pris nos affaires et on est parties dans un salon de coiffure près de l'appart. Ici ce ne sont pas les salons de coiffure qui manquent : il y en a un par pâté de maison, en même temps ils sont tout le temps pleins et ferment tard...
Bref, au bout de deux heures de travail acharné de plusieurs coiffeuses, qui sur nos ongles, qui sur nos tignasses, et je vous épargne les coups de sèche-cheveux dans la nuque, les coups de ciseaux dans les oreilles, super raccord avec les coups de lime dans les cuticules, nous sommes ressorties belles et pimpantes de ce coiffeur-surprise, pour le prix d'un coiffeur pour Homme parisien...
J'ai donc franchi le stade ultime de la Colombian attitude, too bad it's time to leave...
lundi 21 juin 2010
J-2
Il est l'heure de faire mes bagages.
J'aime pas faire mes valises. Ça prend du temps, de la concentration, on oublie toujours pleins de trucs tandis qu'on remplit la valise de bidules inutiles, juste au cas où... Ah ça me rappelle les vacances scolaires en prépa, combien de fois n'ai-je pas dû recourir au pathos pour pouvoir passer avec mes 35 kilos de livres de prépa (dont 90% n'étaient pas ouverts durant les-dites vacances) en rentrant à la maison...
Et puis c'est pas juste une valise de vacance avec trois t-shirts et des tongs. Je sais pas si vous vous rendez compte de la galère que c'est de devoir emporter les bleus de travail, les chaussures de sécurité, et pire que tout, cet immense CASQUE. Il faudrait une valise entière rien que pour les affaires estampillées slb.
Bref du coup re casse-tête pour mes bagages, puisque la règle voudrait que j'emporte toutes mes affaires, au cas où je ne revienne pas, parce que je vais avoir des examens à la school et c'est plus restrictif que le base ball : two fails you're out...
Bon de toutes façons je commence à avoir l'habitude d'avoir des kilos en trop (je suis obèse de valises, c'est ma vie), et je pense quand même laisser des trucs ici, je prends le pari ! Au pire je me dis que ça fera des chaussettes de rechange aux prochaines recrues !
J'aime pas faire mes valises. Ça prend du temps, de la concentration, on oublie toujours pleins de trucs tandis qu'on remplit la valise de bidules inutiles, juste au cas où... Ah ça me rappelle les vacances scolaires en prépa, combien de fois n'ai-je pas dû recourir au pathos pour pouvoir passer avec mes 35 kilos de livres de prépa (dont 90% n'étaient pas ouverts durant les-dites vacances) en rentrant à la maison...
Et puis c'est pas juste une valise de vacance avec trois t-shirts et des tongs. Je sais pas si vous vous rendez compte de la galère que c'est de devoir emporter les bleus de travail, les chaussures de sécurité, et pire que tout, cet immense CASQUE. Il faudrait une valise entière rien que pour les affaires estampillées slb.
Bref du coup re casse-tête pour mes bagages, puisque la règle voudrait que j'emporte toutes mes affaires, au cas où je ne revienne pas, parce que je vais avoir des examens à la school et c'est plus restrictif que le base ball : two fails you're out...
Bon de toutes façons je commence à avoir l'habitude d'avoir des kilos en trop (je suis obèse de valises, c'est ma vie), et je pense quand même laisser des trucs ici, je prends le pari ! Au pire je me dis que ça fera des chaussettes de rechange aux prochaines recrues !
dimanche 20 juin 2010
Aujourd'hui
Avec tout ça j'en oublierais presque qu'aujourd'hui, dimanche, a lieu le second tour des élections présidentielles.
Je ne vous ai pas parlé des résultats du premier tour, car ils étaient conformes aux pronostics. Le poulain d'Uribe (actuellement ministre de la défense) a récolté plus de 45% des suffrages. L'autre qualifié est le vert Mockus dont je vous avais parlé, avec à peine plus de 20%. Autant dire que le 2nd tour est presque joué d'avance. Et pour ceux qui ne seraient pas convaincus, l'armée a libéré il y a pile une semaine quatre prisonniers des Farcs. Liesse, victoire, etc.
Mais bon tout ça on s'en fout un peu quand même : aujourd'hui c'est surtout la fête des pères alors BONNE FETE PAPA !!!
Je ne vous ai pas parlé des résultats du premier tour, car ils étaient conformes aux pronostics. Le poulain d'Uribe (actuellement ministre de la défense) a récolté plus de 45% des suffrages. L'autre qualifié est le vert Mockus dont je vous avais parlé, avec à peine plus de 20%. Autant dire que le 2nd tour est presque joué d'avance. Et pour ceux qui ne seraient pas convaincus, l'armée a libéré il y a pile une semaine quatre prisonniers des Farcs. Liesse, victoire, etc.
Mais bon tout ça on s'en fout un peu quand même : aujourd'hui c'est surtout la fête des pères alors BONNE FETE PAPA !!!
vendredi 18 juin 2010
School
Le temps passe si vite. Il y a déjà près de quatre mois j'étais à Tunis en train de me demander à quoi ressemblerait l'Amérique du Sud et mon quotidien dans ce nouveau job, cette nouvelle vie.
Et là je sais.
Maintenant je me demande à quoi ressemble l'Asie, l'autre monde arabe, et l'école.
Je pars mercredi, avec une première escale à Bogota le temps d'une soirée. Puis direction Paris, autre soirée, avant de passer du côté oriental du monde.
J'ai hâte de revoir mes amis, hâte de découvrir de nouveaux lieux, et soif d'apprendre en bonne et due forme à réaliser des jobs seule !
Et là je sais.
Maintenant je me demande à quoi ressemble l'Asie, l'autre monde arabe, et l'école.
Je pars mercredi, avec une première escale à Bogota le temps d'une soirée. Puis direction Paris, autre soirée, avant de passer du côté oriental du monde.
J'ai hâte de revoir mes amis, hâte de découvrir de nouveaux lieux, et soif d'apprendre en bonne et due forme à réaliser des jobs seule !
mercredi 16 juin 2010
Pause déjeuner
13h.
Je quitte la base pour aller manger. Taxi direction le Centre Commercial, 13h05, je suis dans l'ascenseur qui me mène au troisième étage. Je commande mon déjeuner. Huit minutes d'attente.
Ascenseur. Carrefour.
Ah oui j'ai dû vous dire qu'il y avait un Carrefour ici. Mais c'est pas la même chose. Déjà le nom, attention attention, surtout pas le prononcer en français : ici on dit Cahrré-four en prenant bien soin de rouler les r.
En trois minutes chrono j'achète les produits de base de mon alimentation, de haut je dois ressembler à pacman poursuivi par des méchantes bêbêtes, tellement je trace en ce sanctuaire de la consommation, haut lieu de vénération et contemplation des autochtones, pas leur faute si le seul musée qu'il y a ici est celui de l'histoire pétrochimique du coin.
13h08 à la caisse. Mon cardiogramme s'affole, mon encéphale quitte son état de végétation profonde, il faut répondre aux questions de la caissière qui ne sait jamais comment ma carte bleue fonctionne, normal quand on sait que j'utilise toujours ma carte française par flemme et par confort.
- Carta Afiliada ? Tarjeta Credito ? Cuantas quotas ?
- C'est bon meuf m'insulte pas, restons courtois..
Pendant que je me retourne les méninges à essayer de comprendre de quoi il s'agit, un autre employé empaquète mes courses. Ici il y a toujours un gars payé pour t'emballer tes paquets. Comme si ça tuerait de les faire soi-même...
Mais attention ce gars-là c'est un champion : il fait ça toute la journée, des sacs. Avec rapidité et dextérité, il regroupe méthodiquement les achats par catégorie, genre jamais il mettra le produit WC avec le pain. Il est presque aussi psycho-rigide que moi, ça fait flipper. Surtout qu'il a un tic ce gars-là, enfin j'utilise un singulier de vérité générale, parce que ce sont tous des clones de l'empaquetage, comme s'il y a avait une école où t'apprends à empaqueter pour les supermarchés colombiens.
Donc le problème, c'est ce tic qu'ils ont de SYSTÉMATIQUEMENT fermer le sac avec un double nœud avant de te le tendre fièrement. Bah bravo mec t'es fier de toi, je fais comment pour le porter moi maintenant ? Et va défaire le nœud de ce sac en plastique pas recyclable, autant t'arracher les phalanges des index à porter tes sacs du bout des doigts, ce sera plus simple.
Oui, bien sûr, j'ai essayé de leur dire que c'était pas la peine qu'il fasse le nœud, mais ces gars sont encore plus lobotomisés que moi faisant mes courses (et ce n'est pas peu dire) et même s'ils font l'effort d'y penser pour le premier sac, leurs réflexes reprennent le dessus dès le suivant.
Bref je repars avec mes 18 sacs qui traînent péniblement au bout de mes index. À la sortie de l'hyper je me fais arrêter par le gars de la sécurité. Oui ici il y a des gars de la sécurité devant chaque magasin, c'est courant. Il veut mon ticket de caisse. Bien sûr j'ai eu le bon goût de le fourrer dans un des sacs. Je les pose par terre. Bon en vrai ils se fracassent au sol, faudra racheter des œufs, je me mets à quatre pattes et fouille frénétiquement chacun de ces sacs soigneusement emballés et hermétiquement fermés. Malgré la clim' à fond il commence à faire super chaud, heureusement que je suis maniaque et que je suis certaine de ne pas l'avoir jeté ce ticket. Loi de Murphy aidant, le ticket est dans le dernier sac au sol, le petit tout léger. Je brandis le bout de papier complètement froissé au vigile, fière comme s'il s'agissait d'un ticket de loto gagnant ; il ronchonne, le regarde à peine et griffonne sa signature dessus, ben voyons.
Ascenseur, troisième étage, pile poil pour récupérer mon déjeuner. Ici dans les CC y a toujours un étage restauration "rapide" : tous pleins de "fast"-foods organisés en carré avec des tables au centre, la solution optimale au problème ancestral de quand tout le monde veut pas manger pareil. Ici chacun peut commander ce qu'il veut (au choix parmi hamburger, burrito, bandeja paisa ou pâtes) et tous peuvent quand même manger ensemble. Ah oui j'oubliais ces guillemets mis pour signifier que le mot rapide est très relatif. Ici il faut attendre 15 à 30 minutes pour avoir son burger. Le temps de faire ses courses et de se faire humilier par un vigile en somme.
13h30. Appart, déjeuner, miam. Dodo. Ça se passe comme ça le midi à Barranca...
Je quitte la base pour aller manger. Taxi direction le Centre Commercial, 13h05, je suis dans l'ascenseur qui me mène au troisième étage. Je commande mon déjeuner. Huit minutes d'attente.
Ascenseur. Carrefour.
Ah oui j'ai dû vous dire qu'il y avait un Carrefour ici. Mais c'est pas la même chose. Déjà le nom, attention attention, surtout pas le prononcer en français : ici on dit Cahrré-four en prenant bien soin de rouler les r.
En trois minutes chrono j'achète les produits de base de mon alimentation, de haut je dois ressembler à pacman poursuivi par des méchantes bêbêtes, tellement je trace en ce sanctuaire de la consommation, haut lieu de vénération et contemplation des autochtones, pas leur faute si le seul musée qu'il y a ici est celui de l'histoire pétrochimique du coin.
13h08 à la caisse. Mon cardiogramme s'affole, mon encéphale quitte son état de végétation profonde, il faut répondre aux questions de la caissière qui ne sait jamais comment ma carte bleue fonctionne, normal quand on sait que j'utilise toujours ma carte française par flemme et par confort.
- Carta Afiliada ? Tarjeta Credito ? Cuantas quotas ?
- C'est bon meuf m'insulte pas, restons courtois..
Pendant que je me retourne les méninges à essayer de comprendre de quoi il s'agit, un autre employé empaquète mes courses. Ici il y a toujours un gars payé pour t'emballer tes paquets. Comme si ça tuerait de les faire soi-même...
Mais attention ce gars-là c'est un champion : il fait ça toute la journée, des sacs. Avec rapidité et dextérité, il regroupe méthodiquement les achats par catégorie, genre jamais il mettra le produit WC avec le pain. Il est presque aussi psycho-rigide que moi, ça fait flipper. Surtout qu'il a un tic ce gars-là, enfin j'utilise un singulier de vérité générale, parce que ce sont tous des clones de l'empaquetage, comme s'il y a avait une école où t'apprends à empaqueter pour les supermarchés colombiens.
Donc le problème, c'est ce tic qu'ils ont de SYSTÉMATIQUEMENT fermer le sac avec un double nœud avant de te le tendre fièrement. Bah bravo mec t'es fier de toi, je fais comment pour le porter moi maintenant ? Et va défaire le nœud de ce sac en plastique pas recyclable, autant t'arracher les phalanges des index à porter tes sacs du bout des doigts, ce sera plus simple.
Oui, bien sûr, j'ai essayé de leur dire que c'était pas la peine qu'il fasse le nœud, mais ces gars sont encore plus lobotomisés que moi faisant mes courses (et ce n'est pas peu dire) et même s'ils font l'effort d'y penser pour le premier sac, leurs réflexes reprennent le dessus dès le suivant.
Bref je repars avec mes 18 sacs qui traînent péniblement au bout de mes index. À la sortie de l'hyper je me fais arrêter par le gars de la sécurité. Oui ici il y a des gars de la sécurité devant chaque magasin, c'est courant. Il veut mon ticket de caisse. Bien sûr j'ai eu le bon goût de le fourrer dans un des sacs. Je les pose par terre. Bon en vrai ils se fracassent au sol, faudra racheter des œufs, je me mets à quatre pattes et fouille frénétiquement chacun de ces sacs soigneusement emballés et hermétiquement fermés. Malgré la clim' à fond il commence à faire super chaud, heureusement que je suis maniaque et que je suis certaine de ne pas l'avoir jeté ce ticket. Loi de Murphy aidant, le ticket est dans le dernier sac au sol, le petit tout léger. Je brandis le bout de papier complètement froissé au vigile, fière comme s'il s'agissait d'un ticket de loto gagnant ; il ronchonne, le regarde à peine et griffonne sa signature dessus, ben voyons.
Ascenseur, troisième étage, pile poil pour récupérer mon déjeuner. Ici dans les CC y a toujours un étage restauration "rapide" : tous pleins de "fast"-foods organisés en carré avec des tables au centre, la solution optimale au problème ancestral de quand tout le monde veut pas manger pareil. Ici chacun peut commander ce qu'il veut (au choix parmi hamburger, burrito, bandeja paisa ou pâtes) et tous peuvent quand même manger ensemble. Ah oui j'oubliais ces guillemets mis pour signifier que le mot rapide est très relatif. Ici il faut attendre 15 à 30 minutes pour avoir son burger. Le temps de faire ses courses et de se faire humilier par un vigile en somme.
13h30. Appart, déjeuner, miam. Dodo. Ça se passe comme ça le midi à Barranca...
lundi 14 juin 2010
Ces prénoms à coucher dehors
On a tous déjà pouffé de rire quand un jour quelqu'un nous a dit son nom, et eu cette irrépressible envie de répondre "non, mais en vrai je veux dire ?"
Mais je vous vois venir là, alors déjà on va fixer un peu les choses, car en écrivant ces lignes je me rends compte que peut-être que vous avez eu cette sensation en entendant MON prénom ! Sachez que de l'autre côté de la Méditerranée, c'est un prénom classique, pas courant mais classique, et qui plus est, il a un SENS, alors j'y peux rien si la langue française manque de lettre pour exprimer tous les sons étrangers, et que mon prénom se mue en un machin un peu long qui rime avec bizarre, mais en vrai, c'est un prénom qui existe !
Bref, revenons aux prénoms insensés, choisis (voire inventés) par des parents insouciants du futur de leur progéniture, et il faut dire qu'en Colombie, des parents comme ça, il y en a un paquet !
La première fois que j'ai entendu parler d'un 'Machin'son, moi je croyais qu'il s'agissait d'un Scandinave, puis ils se sont multipliés, les Edison, EdiNson, Robinson, Hermenson, Anderson, et d'autres bien plus exotiques encore, et j'ai compris qu'il s'agissait d'un phénomène courant en Colombie, d'appeler son fils avec un nom en -on et que les susnommés ne savaient pas toujours que signifiait ce suffixe ni d'où il venait. Pas besoin de préciser qu'en aucun cas le père de Robinson ne s'appelle Robin, idem pour les autres, c'est juste pour le style..
Ici il y a une foultitude de ces prénoms inspirés d'autre culture, que les parents choisissent pour les avoir entendu un jour à la télé, et peut-être pour être original aussi, ou pour faire fashion et jet-set, ou un peu des trois, je ne sais pas très bien, et comme c'est toujours délicat de poser ce genre de question "Mais qu'est-ce qui est passé par la tête de tes parents pour t'appeler comme ça ?!", je crois que je ne serai jamais fixée. Je connais un Yasid qui a été très surpris d'apprendre pour la première fois de sa vie que son prénom était arabe et avait réellement un sens dans cette langue ! Shicell, Shuliet, sont aussi de bons exemples de ces prénoms empruntés à la littérature européenne et certainement perpétrés par tradition orale, sinon je ne m'explique pas cette orthographe complètement fantaisiste mais bien pratique pour ce qui est de retransmettre les sons qui n'existent pas en espagnol.
Et puis il y a ces noms qui ne veulent rien dire, en aucune langue. Parfois combinaison de plusieurs prénoms dont on a l'impression que c'est parce que les parents n'arrivaient pas à trancher, ou parfois simple adjonction aléatoire de lettres, de sons, mis bout à bout, concaténés selon le bon vouloir de ces deux êtres, monarques absolus du prénom de cette pauvre chose. En Tunisie ça donne lieu à des Fet'hiz, en France à des Cendrix, en Colombie à des Jojaiver.
Il paraît qu'au Venezuela, c'est encore pire, qu'il y a des Maolenin, des Yurbiladyberth, des Hitler et bien d'autres encore...
Mais je vous vois venir là, alors déjà on va fixer un peu les choses, car en écrivant ces lignes je me rends compte que peut-être que vous avez eu cette sensation en entendant MON prénom ! Sachez que de l'autre côté de la Méditerranée, c'est un prénom classique, pas courant mais classique, et qui plus est, il a un SENS, alors j'y peux rien si la langue française manque de lettre pour exprimer tous les sons étrangers, et que mon prénom se mue en un machin un peu long qui rime avec bizarre, mais en vrai, c'est un prénom qui existe !
Bref, revenons aux prénoms insensés, choisis (voire inventés) par des parents insouciants du futur de leur progéniture, et il faut dire qu'en Colombie, des parents comme ça, il y en a un paquet !
La première fois que j'ai entendu parler d'un 'Machin'son, moi je croyais qu'il s'agissait d'un Scandinave, puis ils se sont multipliés, les Edison, EdiNson, Robinson, Hermenson, Anderson, et d'autres bien plus exotiques encore, et j'ai compris qu'il s'agissait d'un phénomène courant en Colombie, d'appeler son fils avec un nom en -on et que les susnommés ne savaient pas toujours que signifiait ce suffixe ni d'où il venait. Pas besoin de préciser qu'en aucun cas le père de Robinson ne s'appelle Robin, idem pour les autres, c'est juste pour le style..
Ici il y a une foultitude de ces prénoms inspirés d'autre culture, que les parents choisissent pour les avoir entendu un jour à la télé, et peut-être pour être original aussi, ou pour faire fashion et jet-set, ou un peu des trois, je ne sais pas très bien, et comme c'est toujours délicat de poser ce genre de question "Mais qu'est-ce qui est passé par la tête de tes parents pour t'appeler comme ça ?!", je crois que je ne serai jamais fixée. Je connais un Yasid qui a été très surpris d'apprendre pour la première fois de sa vie que son prénom était arabe et avait réellement un sens dans cette langue ! Shicell, Shuliet, sont aussi de bons exemples de ces prénoms empruntés à la littérature européenne et certainement perpétrés par tradition orale, sinon je ne m'explique pas cette orthographe complètement fantaisiste mais bien pratique pour ce qui est de retransmettre les sons qui n'existent pas en espagnol.
Et puis il y a ces noms qui ne veulent rien dire, en aucune langue. Parfois combinaison de plusieurs prénoms dont on a l'impression que c'est parce que les parents n'arrivaient pas à trancher, ou parfois simple adjonction aléatoire de lettres, de sons, mis bout à bout, concaténés selon le bon vouloir de ces deux êtres, monarques absolus du prénom de cette pauvre chose. En Tunisie ça donne lieu à des Fet'hiz, en France à des Cendrix, en Colombie à des Jojaiver.
Il paraît qu'au Venezuela, c'est encore pire, qu'il y a des Maolenin, des Yurbiladyberth, des Hitler et bien d'autres encore...
vendredi 11 juin 2010
Le mondial vu d'ici
La Colombie a beau ne pas s'être qualifiée pour la coupe du monde, sa population n'en est pas moins friande de cet événement.
Alors bien sûr tout le monde parle de Juanes et Shakira, les deux stars colombiennes qui ont chanté à l’inauguration. J'avoue, je n'ai aucune idée de qui c'est ce Juanes ni pourquoi il s'appelle comme ça mais je crois qu'il est l'idole des jeunes. Quant à She Wolf - ici on aime comparer sa façon de chanter à des hurlements canins - pas de doute elle est unanimement détestée par ses concitoyens, comme ayant vendu son âme au marketing et s'étant mutée en produit de consommation du type des chanteuses des US, ce qui n'empêche pas les radios de la diffuser continuellement, plus souvent que l'hymne national, qui passe, rappelons-le, quatre fois pas jour, et que je suis désormais capable de fredonner !
Les conversations au boulot tournent elles aussi autour du ballon rond. On me demande si je suis pour l'Algérie ou pour l'Afrique du Sud, la première quand ce sont des gens qui ont le sens de l'orientation qui me parlent, la seconde quand ce sont des gens qui ont bonne mémoire, car ils se souviennent que la Tunisie est en Afrique du Nord, et Afrique du Nord ça sonne presque comme Afrique du Sud, donc c'est forcément pas loin, vu que c'est un seul pays.
Et puis bien sûr les collègues masculins ont tous acheté leur album panini, et c'est limite s'ils échangent pas leurs doubles dans la cour de récréation ! La base a même souscrit un abonnement au câble pour pouvoir retransmettre les matchs au boulot. Ils seront donc projetés en direct dans la salle de réunion, dont l'entrée sera payante, au prix fort : un rapport de QHSE pour passer la porte, ce qui veut dire entre autres que si pause pipi il y a, il faudra présenter un nouveau rapport pour rentrer à nouveau...
Sinon ici les supporters sont partagés. Certains font passer la terre avant tout, viva Argentina et/ou Brasil, quand d'autres chérissent davantage leur langue, et font fi du passé colonial sanglant pour soutenir Iker et son pays. Il y a toujours des outsiders pour soutenir les équipes dont personne ne veut, je fais là référence à cette équipe qui s'est fait battre par la Chine il y a peu.
De mon côté, j'avais dit comme une moitié de mes concitoyens, ceux du Sud de la Méditerranée, que je supporterais l'Algérie après la défaite historique des aigles de Carthage face au Mozambique, qui a transformé les volatiles en objet de risée nationale, et c'est suffisamment rare pour être mentionné croyez-moi. Sauf que bon les Algériens, voilà quoi, et quitte à choisir une équipe, autant choisir directement le camp des gagnants. Et puis c'est pas ma faute s'il y a un drapeau brésilien sur mon uniforme...
jeudi 10 juin 2010
Compter en Colombie avec ses mains
Ceux qui ont vu Inglorious Basterds ne seront pas surpris, ici en Amérique, les gens comptent sur leurs doigts différemment. Alors qu'en Europe ça revient informatiquement parlant à une bête boucle où, en commençant par le pouce, on ajoute le doigt consécutif à chaque incrémentation, ici il y a une configuration pour chaque chiffre.
Un se dit en levant l'index, et si vous levez le pouce, les gens comprendront "okay" et jamais le chiffre un.
Deux se dit V, pour victory, soit l'index et le majeur.
Pour trois on ajoute au deux doigts l’annulaire. Moi je trouve que ça fait terriblement mal aux ligaments, mais il paraît que c'est morphlogiquement plus facile à faire que de lever le pouce, l'index et le majeur, du moins c'est ce qui se dit ici...
Sinon il y a aussi une variante plus colombienne, qui consiste à former un cercle avec le pouce et l'index, et lever les trois doigts restant. Moi dans mon pays ça veut dire zéro ça, mais bon j'ai pas voulu le dire pour pas passer pour rabat-joie.
Quatre se dit avec tous les doigts sauf le pouce, et là j'avoue c'est plus facile que la version européenne, de plus en plus désuète d'ailleurs, sauf lorsqu'il s'agit de compter consécutivement de un à cinq. Car oui, même quand ils comptent jusque cinq, les Colombiens changent de doigts chaque fois, ce qui perturbe mon cerveau un peu geek sur les bords...
Bizarrement, il y a un consensus pour dire cinq, en levant tous les doigts.
Un se dit en levant l'index, et si vous levez le pouce, les gens comprendront "okay" et jamais le chiffre un.
Deux se dit V, pour victory, soit l'index et le majeur.
Pour trois on ajoute au deux doigts l’annulaire. Moi je trouve que ça fait terriblement mal aux ligaments, mais il paraît que c'est morphlogiquement plus facile à faire que de lever le pouce, l'index et le majeur, du moins c'est ce qui se dit ici...
Sinon il y a aussi une variante plus colombienne, qui consiste à former un cercle avec le pouce et l'index, et lever les trois doigts restant. Moi dans mon pays ça veut dire zéro ça, mais bon j'ai pas voulu le dire pour pas passer pour rabat-joie.
Quatre se dit avec tous les doigts sauf le pouce, et là j'avoue c'est plus facile que la version européenne, de plus en plus désuète d'ailleurs, sauf lorsqu'il s'agit de compter consécutivement de un à cinq. Car oui, même quand ils comptent jusque cinq, les Colombiens changent de doigts chaque fois, ce qui perturbe mon cerveau un peu geek sur les bords...
Bizarrement, il y a un consensus pour dire cinq, en levant tous les doigts.
mercredi 9 juin 2010
Arrêt sur images
De la lumière. Elle m’entoure, m'enveloppe et se referme sur moi telle un étau, comme un serpent s'empare de sa proie, dans un mouvement lent, régulier et sans appel.
Je sens la sueur perler et couler le long de mon thorax, moi qui ne transpire jamais. Sensation désagréable, les gouttes se forment puis dégoulinent, dans un mouvement lent, régulier et sans appel.
Je marche sous ce soleil, cagnard équatorial, tout de coton vêtue. Ce casque me pèse, mes chaussures sont lourdes, comme mes cinq poches, pleines d'accessoires indispensables, un calepin un stylo des gants un téléphone mes cartes d'identité des boules Quiès mes lunettes ; et ces bottes toujours aussi inconfortables qu'au premier jour. Elles se prennent dans la boue et me font mal. Je marche vers le pick-up, dans un mouvement lent, régulier et sans appel.
J'ai faim. De cette faim résignée, qui reste là en toile de fond, histoire de dire qu'elle ne nous oublie pas mais sans nous harceler, de cette faim quand on a passé l'heure de déjeuner, qu'on a trompé son ventre en dormant et qu'il n'est pas encore tout à fait réveillé. De cette faim qui martèle l'estomac, dans un mouvement lent, régulier et sans appel.
Soleil, chaleur
Vêtements, pesants
Inconfort, douleur
Faim, constante
Ne pas réfléchir, marcher
Un pas après l'autre, continuer
Respirer, marcher, ne plus sentir
Faim, soleil, douleur, sueur, chaleur
pick-up, dernier effort
Choc thermique
Dedans il fait frais. Au diable le réchauffement climatique, l'environnement, l'effet de serre. Dedans il fait frais et je ne me jetterai pas la pierre. L'odeur chaude et réconfortante de la nourriture se fraie un chemin jusque mes narines et de là jusque mes neurones qui analysent cette fragrance et lui associent une température et des souvenirs de bons moments. Quand il fait manger ce sont toujours de bons moments. Manger quand on a faim, quand on a chaud mais qu'il fait froid, qu'on est heureux d'être vêtu de coton mais qu'on aimerait bien retirer ses bottes. On ôte le casque, on vide ses poches, on se sent nu.
J'ouvre ce carton surprise, qui renferme mon repas. Au menu du jour, viande et poisson, riz, haricots blancs. Les saveurs du poisson frit et de la viande cuite dans son jus se mêlent dans un tourbillon gustatif insoupçonné et incommensurable. Une poche en plastique renferme un breuvage frais. Du jus de fraise. De mes incisives j'arrache un bout de plastique pour faire un trou dans le coin du sac et me voilà plongée dans l'antre de mon enfance, ultime réminiscence du sein maternel, sortie des tréfonds de mon inconscient sensoriel. Ou bien est-ce le soleil qui tape encore malgré cet abri de fortune où il fait frais même trop frais et trop bruyant aussi. La radio joue un air de musique, un accordéon résonne, en accord avec la voix nasillarde de ce chanteur qui geint des mots d'amour. Mes paupières se closent alors que mes mains et ma bouche se referment sur cette poche de boisson douce et maternelle.
Tête qui se balance, bruit qui s'éloigne, douleur qui s'efface, sommeil qui s'installe.
Je sens la sueur perler et couler le long de mon thorax, moi qui ne transpire jamais. Sensation désagréable, les gouttes se forment puis dégoulinent, dans un mouvement lent, régulier et sans appel.
Je marche sous ce soleil, cagnard équatorial, tout de coton vêtue. Ce casque me pèse, mes chaussures sont lourdes, comme mes cinq poches, pleines d'accessoires indispensables, un calepin un stylo des gants un téléphone mes cartes d'identité des boules Quiès mes lunettes ; et ces bottes toujours aussi inconfortables qu'au premier jour. Elles se prennent dans la boue et me font mal. Je marche vers le pick-up, dans un mouvement lent, régulier et sans appel.
J'ai faim. De cette faim résignée, qui reste là en toile de fond, histoire de dire qu'elle ne nous oublie pas mais sans nous harceler, de cette faim quand on a passé l'heure de déjeuner, qu'on a trompé son ventre en dormant et qu'il n'est pas encore tout à fait réveillé. De cette faim qui martèle l'estomac, dans un mouvement lent, régulier et sans appel.
Soleil, chaleur
Vêtements, pesants
Inconfort, douleur
Faim, constante
Ne pas réfléchir, marcher
Un pas après l'autre, continuer
Respirer, marcher, ne plus sentir
Faim, soleil, douleur, sueur, chaleur
pick-up, dernier effort
Choc thermique
Dedans il fait frais. Au diable le réchauffement climatique, l'environnement, l'effet de serre. Dedans il fait frais et je ne me jetterai pas la pierre. L'odeur chaude et réconfortante de la nourriture se fraie un chemin jusque mes narines et de là jusque mes neurones qui analysent cette fragrance et lui associent une température et des souvenirs de bons moments. Quand il fait manger ce sont toujours de bons moments. Manger quand on a faim, quand on a chaud mais qu'il fait froid, qu'on est heureux d'être vêtu de coton mais qu'on aimerait bien retirer ses bottes. On ôte le casque, on vide ses poches, on se sent nu.
J'ouvre ce carton surprise, qui renferme mon repas. Au menu du jour, viande et poisson, riz, haricots blancs. Les saveurs du poisson frit et de la viande cuite dans son jus se mêlent dans un tourbillon gustatif insoupçonné et incommensurable. Une poche en plastique renferme un breuvage frais. Du jus de fraise. De mes incisives j'arrache un bout de plastique pour faire un trou dans le coin du sac et me voilà plongée dans l'antre de mon enfance, ultime réminiscence du sein maternel, sortie des tréfonds de mon inconscient sensoriel. Ou bien est-ce le soleil qui tape encore malgré cet abri de fortune où il fait frais même trop frais et trop bruyant aussi. La radio joue un air de musique, un accordéon résonne, en accord avec la voix nasillarde de ce chanteur qui geint des mots d'amour. Mes paupières se closent alors que mes mains et ma bouche se referment sur cette poche de boisson douce et maternelle.
Tête qui se balance, bruit qui s'éloigne, douleur qui s'efface, sommeil qui s'installe.
mardi 8 juin 2010
Prévu et Imprévu
Samedi on a eu une réunion de toute la base, réunion surprise pour nous annoncer que dimanche on n'aurait pas le droit de venir travailler à la base avant 14h du matin pour cause de fumigation.
Ohhhhh
On avait un puits de prévu, pour l'après-midi, ce qui me laissait pile le temps de faire une vraie bonne grasse matinée comme un vrai bon gras dimanche après plus de trente jours de travail d'affilée.
Sauf que non.
Au lieu de ça, on est parti compléter notre puits à 5h, quand Paris s'éveille, avec donc un réveil avant les poules. Job super intéressant, le deuxième de ma vie ! Et comme je vous l'avais déjà dit, ici les puits sont à une petite heure de route, donc j'ai pu me coucher dans mon lit en prime !
Enfin pas exactement mon lit, car ce jour-là arrivait un nouveau dans l'équipe et dans la collocation, qui a donc pris ma chambre et j'ai déménagé pour partager la chambre de la stagiaire.
Aujourd'hui lundi, c'était un jour férié en Colombie. Quant à nous, retour au puits, douze zéro deux de son petit nom (ça rime avec tadbozyeu t'as vu ?), re réveil à l'aube, on a terminé le boulot, bien beau et propre, sans aucun souci, ce qui lève l'ambiguïté qui régnait sur la chance que je portais (ou que je ne portais pas, plutôt) à mes coéquipiers. Car imaginez-vous qu'ils s'étaient figuré depuis mon premier puits que je n'étais pas la personne la plus chanceuse qu'ils connaissaient, je me demande bien pourquoi...
Le seul problème quand tout se passe bien, c'est qu'on n'a rien à raconter après, à part qu'on travaille par tranches de 12 heures, par 45 degrés, des dimanches et des jours fériés ; bref rien que vous ne sachiez déjà !
Ohhhhh
On avait un puits de prévu, pour l'après-midi, ce qui me laissait pile le temps de faire une vraie bonne grasse matinée comme un vrai bon gras dimanche après plus de trente jours de travail d'affilée.
Sauf que non.
Au lieu de ça, on est parti compléter notre puits à 5h, quand Paris s'éveille, avec donc un réveil avant les poules. Job super intéressant, le deuxième de ma vie ! Et comme je vous l'avais déjà dit, ici les puits sont à une petite heure de route, donc j'ai pu me coucher dans mon lit en prime !
Enfin pas exactement mon lit, car ce jour-là arrivait un nouveau dans l'équipe et dans la collocation, qui a donc pris ma chambre et j'ai déménagé pour partager la chambre de la stagiaire.
Aujourd'hui lundi, c'était un jour férié en Colombie. Quant à nous, retour au puits, douze zéro deux de son petit nom (ça rime avec tadbozyeu t'as vu ?), re réveil à l'aube, on a terminé le boulot, bien beau et propre, sans aucun souci, ce qui lève l'ambiguïté qui régnait sur la chance que je portais (ou que je ne portais pas, plutôt) à mes coéquipiers. Car imaginez-vous qu'ils s'étaient figuré depuis mon premier puits que je n'étais pas la personne la plus chanceuse qu'ils connaissaient, je me demande bien pourquoi...
Le seul problème quand tout se passe bien, c'est qu'on n'a rien à raconter après, à part qu'on travaille par tranches de 12 heures, par 45 degrés, des dimanches et des jours fériés ; bref rien que vous ne sachiez déjà !
samedi 5 juin 2010
C'est l'été !
Je ne sais pas pourquoi mais depuis quelques jours j'ai l'impression que c'est l'été.
Je sais, c'est bizarre de dire ça à sept degrés de l'équateur, alors qu'il fait chaud tout le temps. Oui mais j'ai l'impression que la nuit met un peu plus de temps à tomber. C'est juste l'histoire de quelques minutes hein, pas de quoi s'affoler, mais comme depuis trois mois je voyais le soleil se coucher ponctuellement à la même heure, un quart d'heure avant que l'hymne national ne passe pour la troisième fois de la journée à la radio, tout était réglé comme du papier à musique dans ma tête. Et là, le soleil se couche genre trois minutes plus tard, alors voilà c'est l'été, les gens viennent en tongs au boulot, prennent une pause un peu plus longue pour faire la sieste et parlent barbecue. Ou peut-être que c'est mon imagination.
Sinon j'ai réalisé ce matin que depuis plus de six mois, je n'ai jamais passé plus de deux mois dans la même ville. Ça risque de continuer, puisque je m'envole fin juin pour Abu Dhabi, où je resterai le temps de ma school (six semaines) avant des jours de repos bien mérité !
Tout en écrivant je me rends compte que je risque bien de passer le plus long été de mon existence ! Au risque de heurter certaines sensibilités (je ne sais pas vraiment quel temps il fait du côté de la Méditerranée), je suis un peu blasée de tout ce soleil !!
Je sais, c'est bizarre de dire ça à sept degrés de l'équateur, alors qu'il fait chaud tout le temps. Oui mais j'ai l'impression que la nuit met un peu plus de temps à tomber. C'est juste l'histoire de quelques minutes hein, pas de quoi s'affoler, mais comme depuis trois mois je voyais le soleil se coucher ponctuellement à la même heure, un quart d'heure avant que l'hymne national ne passe pour la troisième fois de la journée à la radio, tout était réglé comme du papier à musique dans ma tête. Et là, le soleil se couche genre trois minutes plus tard, alors voilà c'est l'été, les gens viennent en tongs au boulot, prennent une pause un peu plus longue pour faire la sieste et parlent barbecue. Ou peut-être que c'est mon imagination.
Sinon j'ai réalisé ce matin que depuis plus de six mois, je n'ai jamais passé plus de deux mois dans la même ville. Ça risque de continuer, puisque je m'envole fin juin pour Abu Dhabi, où je resterai le temps de ma school (six semaines) avant des jours de repos bien mérité !
Tout en écrivant je me rends compte que je risque bien de passer le plus long été de mon existence ! Au risque de heurter certaines sensibilités (je ne sais pas vraiment quel temps il fait du côté de la Méditerranée), je suis un peu blasée de tout ce soleil !!
mardi 1 juin 2010
Exercice de mémoire
L'être humain a la mémoire courte.
C'est bien parfois, il vaut mieux oublier à quel point ça fait mal de choper une grippe, ou combien c'est horrible quand on a eu la varicelle à quatre ans et pas encore toutes ses dents. Oublier les colles de physique où l'on ne se souvient plus de la formule du moment dynamique appliqué à un solide en mouvement dans un référentiel non galiléen. Oublier les accidents, les contre-temps, les déceptions, les malheurs.
Mais le problème, c'est qu'à trop cultiver cette faculté d'occulter les événements pénibles du passé, on en oublie aussi les autres. On se focalise sur les efforts quotidiens que l'on répète comme une rengaine jusqu'à ce qu'on en oublie le sens, comme quand, enfant, on s'amusait à dire mille fois le même mot BALLON BALLON ... BAH-LON-BA-LONBALONBA... et qu'il ne veuille plus rien dire.
Alors il faut prendre le temps. Fermer les yeux, se concentrer, et se souvenir. Se souvenir de pourquoi on est là.
Je ne voulais pas moisir dans une ville, dans une vie que je n'avais pas choisies. Moisir dans un bureau moisi, assise sept à huit heures par jour sur une chaise moisie à regarder un écran moisi, puis prendre un métro moisi.
Je voulais partir, voir le monde, et pouvoir gambader au boulot, pouvoir rire et pleurer, chanter et écouter la musique à fond en travaillant. Pouvoir mesurer l'impact de mon travail quotidiennement, faire des tâches concrètes à échéance courte.
Je vais au boulot à pieds, je dis bonjour au gars qui a planté un abri au milieu d'un trottoir, et qui passe ses journées à écouter la radio et lire son journal, je traverse une rivière sur un pont artisanal fait de taule, avec une seule rampe, je me change en arrivant au boulot, nous sommes tous frères d'uniforme, les chefs, les ingés les technos les opérateurs, et je travaille avec des jeunes qui dans la vraie vie pourraient être des amis. On rigole on s'engueule on se frappe on se chamaille, on chante en travaillant, parce qu'il faut lâcher la pression, qu'on ne peut pas être sérieux tout le temps. Je travaille debout, mais si je veux je peux m'asseoir, ou marcher, ou courir, me poser par terre, sauter, danser, personne n'en serait étonné. Il n'y a pas de couloir, il n'y a pas de cantine, il n'y a pas de protocole. On est chez nous et entre nous.
Et tout ça, il ne faut pas que je l'oublie.
C'est bien parfois, il vaut mieux oublier à quel point ça fait mal de choper une grippe, ou combien c'est horrible quand on a eu la varicelle à quatre ans et pas encore toutes ses dents. Oublier les colles de physique où l'on ne se souvient plus de la formule du moment dynamique appliqué à un solide en mouvement dans un référentiel non galiléen. Oublier les accidents, les contre-temps, les déceptions, les malheurs.
Mais le problème, c'est qu'à trop cultiver cette faculté d'occulter les événements pénibles du passé, on en oublie aussi les autres. On se focalise sur les efforts quotidiens que l'on répète comme une rengaine jusqu'à ce qu'on en oublie le sens, comme quand, enfant, on s'amusait à dire mille fois le même mot BALLON BALLON ... BAH-LON-BA-LONBALONBA... et qu'il ne veuille plus rien dire.
Alors il faut prendre le temps. Fermer les yeux, se concentrer, et se souvenir. Se souvenir de pourquoi on est là.
Je ne voulais pas moisir dans une ville, dans une vie que je n'avais pas choisies. Moisir dans un bureau moisi, assise sept à huit heures par jour sur une chaise moisie à regarder un écran moisi, puis prendre un métro moisi.
Je voulais partir, voir le monde, et pouvoir gambader au boulot, pouvoir rire et pleurer, chanter et écouter la musique à fond en travaillant. Pouvoir mesurer l'impact de mon travail quotidiennement, faire des tâches concrètes à échéance courte.
Je vais au boulot à pieds, je dis bonjour au gars qui a planté un abri au milieu d'un trottoir, et qui passe ses journées à écouter la radio et lire son journal, je traverse une rivière sur un pont artisanal fait de taule, avec une seule rampe, je me change en arrivant au boulot, nous sommes tous frères d'uniforme, les chefs, les ingés les technos les opérateurs, et je travaille avec des jeunes qui dans la vraie vie pourraient être des amis. On rigole on s'engueule on se frappe on se chamaille, on chante en travaillant, parce qu'il faut lâcher la pression, qu'on ne peut pas être sérieux tout le temps. Je travaille debout, mais si je veux je peux m'asseoir, ou marcher, ou courir, me poser par terre, sauter, danser, personne n'en serait étonné. Il n'y a pas de couloir, il n'y a pas de cantine, il n'y a pas de protocole. On est chez nous et entre nous.
Et tout ça, il ne faut pas que je l'oublie.
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